Teotihuacan : "La cité des Dieux"

Publié le 13 mars 2010 par Myriam

Mieux vaut tard que jamais ! Voici un compte-rendu d'exposition qui s'est fait attendre et que je devrais peut être faire le 21 décembre 2012 !! Allez, je ne vais quand même pas vous faire attendre jusque là et je vais sacrifier au rituel ... En attendant, c'est peut être ce qui explique l'affluence de visiteurs lors des derniers jours de l'exposition "Teotihuacan, la Cité des Dieux", au Musée du Quai Branly, à tel point que l'on avait du mal à se frayer un chemin !

Teotihuacan ... je dois vous avouer que j'ignorais jusqu'au nom de cette cité de Mésoamérique qui s'étendait sur 22 kilomètres carrés et qui a connu à son apogée (vers 150-200 ans après J.-C.) quelques 100 000 habitants (seul Rome dans l'Antiquité pouvait rivaliser avec cette taille). Située au nord de la vallée de Mexico à 2 275 mètres d'altitude cette cité connaît un développement considérable entre 100 avant J.-C. et les années 550-650 de notre ère. Pauvre en ressources agricoles, la principale source de richesse provenait de l'obsidienne (une pierre très dure) qui permettait le troc (contre du coton, des plumes, des céramiques ...) et certainement la découpe des pierres pour une civilisation qui ne connaissait ni la roue, ni les animaux de trait et qui en était, de ce point de vue, à l'âge néolithique.

En revanche, d'un point de vue culturel et artistique, cette civilisation connait une incomparable vitalité. L'exposition s'ouvre sur quelques œuvres imposantes qui faisaient partie d'œuvres monumentales (temples, palais, ...) avec cette "Tête de serpent" (ci-dessus, 150-200 ans ap J.-C.) qui était insérée sur tout le tour du temple du Serpent à plumes et sur ce "Jaguar de Xalla" (ci-contre, 350-650 ans ap J.-C.), découvert dans le palais Xalla au cœur de la cité, en position offensive avec les griffes sorties, et les babines retroussées qui font voir les crocs (1). Il reste encore sur ce jaguar encore quelques traces de polychromie.

Puis l'on découvre de superbes fresques murales, comme celle-ci, baptisée le "Quetzalcoatl rouge" (ci-dessous, stuc et pigments, 74,5 x 159,5 x 6,7 cm) et qui représente le jaguar qui est l'un des animaux les plus représentés dans l'art mésoaméricain. "Symbole de pouvoir, de vaillance et de force, il est associé aux sources, à la fertilité de la terre, à l'obscurité, à la nuit, aux phénomènes astronomiques et à l'intramonde" (2). On peut observer ici un personnage vu de face, dont le visage est peint en rouge, coiffé d'un masque "pouvant évoquer deux profils affrontés de félins ou une gueule de face : il s'agit sans doute d'un jaguar paré de gerbes de plumes" et donc de la représentation d'un "guerrier jaguar" (2).

Puis, l'exposition se poursuivait avec un grand nombre d'objets très divers de la vie quotidienne ou utilisés lors des cérémonies rituelles : des vases, des figurines, des encensoirs, des masques, des bijoux. A côté du travail sur l'obsidienne, le travail sur la céramique présente également une très grande diversité. A gauche, vous voyez une pièce particulièrement exubérante, il s'agit du couvercle d'un encensoir (une pièce de 41 x 33 cm) avec guerrier, et à droite un récipient dit le "Pato Loco" (canard fou ou la poule folle !), orné de coquillages, et qui n'a rien à envier aux créations contemporaines !


(1) "Félin associé au pouvoir politique, les symboles dont son visage est paré (la planète Vénus) évoquent les activités guerrières, tandis que les virgules fleuries sur les ailerons symbolisent la fertilité", Hors Série Connaissances des Arts sur l'exposition Teotihuacan

(2) Catalogue de l'exposition

(3) Pour aller plus loin, un diaporama ici et un article très intéressant là.