Hommage à un grand Monsieur

Publié le 14 mars 2010 par D.ieu Nous Aime...
En France, samedi 13 mars 2010, un grand Monsieur nous a quitté discrètement à l’âge de 79 ans, en Ardèche, sa terre d’adoption.

Jean Ferrat, né Jean Tenenbaum qui était né le 26 décembre 1930 à Vaucresson dans les Hauts-de-Seine, avait perdu son père alors qu’il avait 11 ans, lorsque ce juif émigré de Russie était déporté à Auschwitz.
L'enfant avait été sauvé grâce à des militants communistes, ce qu'il n'oubliera jamais.
Compagnon de route du PCF sans jamais en avoir été membre, il avait rapidement pris ses distances avec la ligne du parti, notamment après les interventions russes dans les pays de L’Est comme en Tchécoslovaquie en 1968.
Il était un homme libre qui aimait la démocratie et la liberté.
Il nous reste ses magnifiques chansons d'amour, de tendresse et de combat.
Pour lui rendre hommage, je voudrai simplement vous faire écouter cette émouvante chanson "Nuit et Brouillard", hymne contre la barbarie, pour ne jamais oublier.
Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent
Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres
Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés
Dès que la main retombe il ne reste qu'une ombre
Ils ne devaient jamais plus revoir un été
La fuite monotone et sans hâte du temps
Survivre encore un jour, une heure, obstinément
Combien de tours de roues, d'arrêts et de départs
Qui n'en finissent pas de distiller l'espoir
Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel
Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou
D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux
Ils n'arrivaient pas tous à la fin du voyage
Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux
Ils essaient d'oublier, étonnés qu'à leur âge
Les veines de leurs bras soient devenues si bleues
Les Allemands guettaient du haut des miradors
La lune se taisait comme vous vous taisiez
En regardant au loin, en regardant dehors
Votre chair était tendre à leurs chiens policiers
On me dit à présent que ces mots n'ont plus cours
Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour
Que le sang sèche vite en entrant dans l'histoire
Et qu'il ne sert à rien de prendre une guitare
Mais qui donc est de taille à pouvoir m'arrêter ?
L'ombre s'est faite humaine, aujourd'hui c'est l'été
Je twisterais les mots s'il fallait les twister
Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez
Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent

Écoutons et chantons : http://www.youtube.com/watch?v=Poci9xywHC8
Seigneur, accueille-le dans ton Amour.