On peut tout dire sur le net (mais des fois, rien dire, c’est bien)

Publié le 20 novembre 2007 par Timothée Poisot

Il est toujours intéressant de voir ce que les autres pensent du travail qu’on fournit. Surtout quand on s’investit dans un travail, qu’on y consacre du temps, qu’on y implique plusieurs personnes, et qu’on construit une réflexion sur le fond (rassurez vous, je ne reparle pas du douloureux épisode de mon mémoire de stage… ça, on oublie…). Non, je parle d’un billet que Tom Roud, Enro et moi-même avons commis récemment, sur le thème de la liberté d’expression (scientifique) sur le net. Ce billet avait pour fond la fermeture du site institutionnel de Vincent Fleury, mais enfin je vous laisse le relire pour savoir de quoi il est question.

Je l’aime bien, ce billet. Je l’ai relu, et mon verdict ne change pas. Tom, Enro, je crois qu’on a assuré. Même OldCola l’a dit : a must read! Oui, enfin n’exagérons rien, il l’a dit au début. Parce que ce soir m’attendait dans mon agrégateur RSS un billet au doux titre de Peut-on tout dire sur le net?, signé du même OldCola. OldCola, c’est un peu le PZ Myers français, en moins politisé peut-être. Tout aussi narcissique en tout cas, et tout aussi prompt à nous rappeler sa croisade contre Jean Staune. Oui, mon histoire a beaucoup de personnages. Mais rassurez vous, tout s’éclaire après.

J’avoue qu’au début, quand j’ai lu le titre, j’ai pensé à une longue suite donnée à notre billet, qui reprendrait les points que nous n’avons pas abordé. Car il y en a, et pour lever l’ambiguïté, oui, nous le savons. Nous n’avons pas parlé d’Open Access, ni du mouvement Blogging on peer-reviewed research. Pas dans ce billet en tout cas. Enro a consacré plusieurs à PLoS et à la philosophie qui l’accompagne. Les autres membres du C@fé des sciences ont bloggué plus souvent qu’à leur tour sur de la recherche issue de journaux à comité de lecture. Ce n’était pas la peine d’en rajouter une couche (sans mauvais jeu de mots, pour ceux qui, connaissant le sujet de la controverse, l’auraient saisi).

Et puis ce n’est pas comme si nous étions les seuls blogueurs scientifiques; et vous savez quoi? Ils y en a même qui projettent de nous rejoindre (surtout n’hésitez pas plus longtemps!). Mais peu importe. Je note en passant que j’apprécie beaucoup, Antoine (OldCola — je demande a mes lecteurs de m’excuser, je vais utiliser un ton un peu perso, mais je pense que la discussion est instructive pour tous), la manière dont tu ouvres ta diatribe. Le constat que des nouveaux groupes d’utilisateurs s’approchent du Net et souvent à travers les blogs est-il bien a sa place? Il m’est difficile de ne pas me sentir visé par ce terme de “nouvel utilisateur” (après un an et demi d’existence, ça fait étrange, mais je le prend avec le sourire — ne me fais (ni Tom & Enro, d’ailleurs) pas passer pour un skyblogueur, c’est tout).

Allez, levons le suspense, et balançons la réponse à la grande question de la soirée. Peut-on tout dire sur le net? Vous vous attendiez, vous aussi, à une réponse qui changerait votre vie, quelque chose comme le 42 de Douglas Adams. Perdu. La réponse, apportée par OldCola est : Oui, à condition d’accepter de subir les conséquences, positives ou négatives. D’ailleurs, je me base sur cette affirmation pour affirmer qu’il n’y aura pas de débat à la suite de ce billet. Je te demande, Antoine, d’accepter cette réponse, et surtout de ne pas chercher à lancer une de ces polémiques stériles dont tu a le secret.

Je reviens sur la suite de tes propos. Nos protestations — qui n’en sont pas! Nous constatons, et juste après avoir constaté, nous construisons une réflexion — seraient faussées par le fait que nous mentionnons que peut-être éventuellement il pourrait y avoir des fondements à la théorie de Vincent Fleury. Tu notera que je ne met pas d’emphase sur théorie. J’ai failli y mettre un grand t, mais tu sembles sur les nerfs en ce moment… Autant t’épargner…

Dois-je te rappeler que l’un d’entre nous a un bon background biologie/physique? Et qu’il a eu plusieurs fois l’occasion de parler de biologie du développement avec son oeil de physicien? Tu comprend donc que je m’esclaffe quand tu nous blâme de n’être pas allé voir sur le site de l’université de Rennes 1 si il restait ou non des documents (en l’occurrence une présentation PowerPoint). Serais-tu, toi aussi, incapable de vérifier par un simple clic? D’autant que pour ma part, je suis évidemment allé vérifier avant même de songer à écrire la moindre ligne sur le sujet.

Je trouve assez osé que tu t’attende à ce que je corrige le billet suite a tes remarques. Soyons francs un instant. Si nous avions voulu ton point de vue sur le sujet, pour que le billet soit semblable à ce que tu en attendais, nous t’aurions invité à y participer. Seulement on s’en tamponne. Ce que tu penses, tu l’écris partout. Dans deux langues. Nul besoin de chercher à savoir ce que tu penses, tu le hurle à qui veut l’entendre.

Ce que je te reproche, c’est de tout rapporter à ton aversion profonde pour Vincent Fleury. Je n’imagine pas à quel point il doit en avoir ras le casque de toi et de ton fanatisme. Je résiste difficilement à la tentation de ressortir Courteline de son placard, mais c’est trop facile, et je me refuse a tomber dans des attaques aussi basses que celles que tu portes…

Je passe sur divers contre-sens que tu commets, notamment le fait que la revue Organogenesis ne soit pas indexée dans PubMed. Ca ne me choque pas outre-mesure. Les revues ou je puise mes papiers ne sont pas toutes indexées non plus. C’est à toi de trier ce qui est bullshit du reste, pas à PubMed…

On pourrait revenir sur l’aspect évolutif de la théorie. Je pourrais même te dire ce que m’en a dit cet été quelqu’un dont le seul nom fait trembler de respect l’ensemble de ma promo. Mais c’est privé. On pourrait, et on ne l’a pas fait, parce que l’extrapolation est osée. Et qu’en la faisant, Fleury m’a perdu (en tant que lecteur d’abord, en tant qu’étudiant qui fait un ch’tit peu de sciences de l’évolution ensuite).

Et puis en lisant un peu plus ta prose, Antoine, on tombe sur tes petites attaques perso à la fin. C’est moche. Ca me coupe toute envie d’argumenter, de lire quelque chose comme ton questionnement sur

l’objectivité de ce billet et de ses auteurs, qui présentent la situation de façon partielle, quand toute l’information nécessaire était disponible, dramatisent en parlant de censure de la théorie ou de peur instillée par du lobbying et ne semblent pas capables de corriger des erreurs de leur billet quand elles sont signalées

On devient quoi pour toi, des sycophantes de l’UIP? Tu veux vérifier si on a pas notre carte de membre au club de fou-furieux de Dembski, aussi? Que quelqu’un critique mon objectivité, je veux bien, ca m’arrive d’avoir des points de vue personnels. Mais quand il s’agit de toi, qui passe ta vie a manier la carotte et le baton, ca me fait rire.

C’est quoi, le terme que tu as choisi pour nous résumer? Ah oui, légers. Tu sais quoi? Sur ce coup la, moi j’te trouve lourd.