Faut-il rendre le vote obligatoire ?

Publié le 16 mars 2010 par Livmarlene

♤♤

Voter est un droit civique. Mais par respects pour celles et ceux qui se sont battus pour l’obtenir, de nombreux citoyens seraient d’avis d’interdire l’abstention. Le droit deviendrait donc un devoir.

La raison de cette virulence, c’est bien évidemment le taux d’abstention record lors du premier tour des élections régionales qui a eu lieu le 14 mars 2010 : 53,8% selon TNS Sofres.

Mais pourquoi une telle indifférence ?

Peut-être (sans doute) entre autres, parce que si l’on sait pourquoi on vote aux présidentielles (quoique), nombre de nos concitoyens méconnaissent les domaines d’actions de la Région et donc les enjeux de ce scrutin.

Ensuite, il faut avouer que les arguments de campagne se limitent trop souvent à “contrer” le parti adverse.

Enfin, et on ne peut pas le négliger, après l’épisode glacial qui a sévèrement frappé l’hexagone ces dernières semaines, pas mal de français ont pu se laisser envoûter par la douceur du temps et l’éclat du soleil. Mais voyons tout ça plus en détails.

Les missions de la Région.

Et commençons par la Région, cette collectivité territoriale aux domaines de compétences peu ou mal connus. Un article des plus didactiques paru sur Rue89, intitulé très à propos “Les régionales pour les nuls”, pourrait se résumer ainsi : la Région a en charge une partie du financement des équipements de formation et des lycées (construction, rénovation) et participe à l'élaboration de nouvelles formations. Elle est chargée de l'environnement (espaces verts et parcs), des moyens de communication et du casse-tête du logement. Elle intervient, avec l'Etat, les communes et départements, dans l'amélioration des réseaux routiers. Enfin, concernant les TER, c'est la Région qui décide des horaires, des tarifs, de la rénovation des gares et de l'ouverture des lignes (elle est cependant impuissante en cas de grève). Si ça vous semblait flou, vous voilà maintenant au clair !

Une campagne en ut mineur.

Venons-en à la campagne en elle-même. Le propos ne sera pas ici de disserter sur celle de ma région, le Languedoc-Roussillon, même s’il y aurait pas mal à dire de la défaite de la candidate officielle du PS, Hélène Mandroux, également maire de Montpellier, investie au dernier moment de la rude mission de déboulonner ce bavard de Frêche. Résultat sans appel (source : Le Figaro.fr) : Hélène 7%, Georges 37%. What else ?

De ce qui a filtré dans les médias nationaux, je retiens surtout deux choses : les temps forts de la campagne sont restés au ras des pâquerettes, les journalistes préférant zoomer sur les couacs (Huchon ne sait pas prendre le Métro... Étonnant, non ?) et les petites phrases (Fabius aurait une tronche pas catholique. Serait-il orthodoxe ?).

Pour autant, je ne crois pas qu’un discours plus élaboré que “Sanctionnons l’UMP” ou “Confirmons notre position dans le paysage politique français” aurait élevé le taux de participation jusqu’à des sommets.

La raison ? Les français ne sont pas idiots, ils savent bien qu’avec le niveau d’endettement que connaît notre pays et la conjoncture internationale des plus instables, l’équipe au pouvoir dispose d’une marge de manoeuvre très étroite. Changer les têtes ne rendra pas soudainement le contexte et les finances publiques plus florissants.

Par conséquent, les espoirs d’embellie liée au politique sont quasi-inexistants. Car la crise mondiale n’a pas suivi l’exemple du nuage de Tchernobyl, elle ne s’est pas arrêtée à la frontière (si si, le nuage, il a été poli, c’est les scientifiques qui l’ont dit, il est resté caché derrière les Alpes).

La morosité est omniprésente et le besoin de plaisirs simples, plus pressant que jamais.

Juste après Xinthia, le soleil pointe enfin son nez, le mercure remonte un peu dans les tubes... et parfois, il faut bien se contenter de ce que l’on a !

Bien entendu, je n’encourage aucunement l'abstentionnisme. Je trouve le message de mécontentement beaucoup plus fort lorsqu’il est exprimé par une cocotte en papier dans une enveloppe que par ce qui peut passer pour la flemme de se déplacer. Mais je constate juste une conjonction d’éléments qui peut expliquer la désertion des bureaux de vote le 14 mars dernier.

Au risque de passer pour partisane, je ne peux que reconnaître la pertinence de l’analyse du très controversé Georges Frêche : “Les résultats ne sont pas tant la victoire d’un parti que celles des présidents de régions.”

Je ne crois pas trop au vote sanction, en tout cas pas de cette façon. Si Nicolas Sarkozy doit craindre un désaveux de son électorat, celui-ci tombera en 2012 lors d’une élection directement liée à sa personne. Certes, c’est irritant, tous ces ministres parachutés pour devenir cumulards, mais y a quand même pire dans notre société.

Cessons de dire que toutes les élections sont liées à la seule appartenance politique des candidats. Les personnalités jouent un rôle non négligeable dans le choix des électeurs. Car après tout, un président de droite et des collectivités locales plutôt à gauche, ce n’est pas un schéma nouveau.

Doit-on légiférer ?

Si l’on supprime le droit de s’abstenir, il faut assortir la loi d’une sanction à appliquer aux contrevenants. Au hasard, elle pourrait bien prendre la forme d’une amende ajoutée au montant de l’impôt sur le revenu, ou soustraite du montant des aides sociales perçues par les personnes non imposables. A coup sûr, on frôlerait alors les 100% de participation ! Mais le nombre de blancs ne laisserait plus aucune latitude d’interprétation...

Mesdames et Messieurs les élus, êtes-vous prêts à vous prendre une vraie claque ?