Le baseball japonais. 1ère partie.

Publié le 18 mars 2010 par Vinz

Samedi 20 mars la saison du championnat japonais de baseball reprendra, deux semaines avant la reprise de la MLB. C’est l’occasion de vous présenter le baseball au Japon, le sport collectif roi et la NPB, la deuxième ligue professionnelle de baseball au monde et la principale ligue au Japon.


Petite histoire du baseball japonais.

L’introduction du baseball au Japon remonte aux années 1870, au moment où le pays lance sa politique d’industrialisation sous l’ère de l’empereur Meïji. Ce sport, introduit par les Américains, devient rapidement populaire et pénètre le milieu scolaire, ce qui constitue le socle de la culture baseball.

Les échanges avec les Etats-Unis sont réguliers et même le grand Babe Ruth vient participer à une tournée en 1934. Le Bambino était une star et on raconte qu’un million de personnes assista au défilé de l’équipe américaine, dont les autres légendes Lou Gehrig, Jimmy Foxx firent partie.

En 1936 est créée la première ligue professionnelle japonaise, la Japanese Baseball League, deux ans après la fondation de la mythique franchise des Yomiuri Giants. Les franchises créées ont leur nom calquées sur les noms des équipes américaines mais l’idéologie nationaliste et militarisme les obligea à choisir des noms japonais. Par la suite, ces équipes conserveront une double appellation : japonaise et anglo-saxonne. Huit équipes composent cette ligue divisée en deux divisions, la Centrale et la Pacifique.

La guerre contre les Etats-Unis n’altère pas la passion des Japonais pour ce sport venu de l’ennemi bien que la saison 1945 soit annulée avec les bombardements américains qui se multiplient sur l’archipel. Conscients que le baseball pourrait être utile à la reconstruction de relations normales, les Américains remettent rapidement sur pied des compétitions.

La JPB reprend ses activités dès 1946 mais disparaît à la fin de la saison 1949 et la NPB (Nippon Professionnal Baseball) la remplace, après une réorganisation des franchises. Désormais, deux ligues s’opposent, qui portent le même nom que les deux anciennes divisions. Les vainqueurs de chaque ligue s’affrontent dans les Japan Series ou Nippon Series.

Le fonctionnement de chaque ligue est très différent : la Ligue Pacifique adopte la règle du Frappeur Désigné, comme la Ligue Américaine dans la MLB, pendant que la Ligue Centrale conserve l’ancienne règle où le lanceur frappe aussi. D’autre part des playoffs sont organisés dans la Ligue Centrale alors que la Pacifique envoyait directement en Japan Series le vainqueur de la saison régulière.

Enfin il existe au Japon la possibilité d’un match nul : après les 9 manches règlementaires il y a une prolongation comme en MLB mais si à la fin de la 12ème le score est encore paritaire, le match nul est attribué.

D’autre part, l’entrée des étrangers dans la ligue commence dans les années 1960 mais c’est surtout depuis les années 2000 qu’ils sont de plus en plus nombreux. Leur nombre reste limité.

Structure de la NPB.

Localisation et casquette des franchises de la NPB. Source : billsports.map.com

La NPB est donc divisée en deux ligues on l’a vu. Chaque ligue compte 6 équipes qui s’affrontent sur 144 matches en saison régulière (contre 162 en MLB).

Ligue Centrale : les Yomiuri Giants (Tokyo), Tokyo Yakult Swallows, Hanshin Tigers (Osaka), Chinuchi Dragons (Nagoya), Yokohama BayStars, Hiroshima ToyoCarp

Ligue Pacifique : Saitama Seibu Lions (Tokorozawa), Fukuoka SoftBank Hawks, Chiba Lotte Marines, Orix Buffaloes (Osaka, Kobe), Hokkaido Nippon Ham Fighters (Sapporo), Tohoku Rakuten Golden Eagles (Sendai, dernière franchise créée en 2004).

La particularité des dénominations est ce double nom : un nom anglo-saxon et un nom associé aux propriétaires, de grandes entreprises comme la firme Yomiuri, grande entreprise dans l’édition et la presse.

Depuis 2005 des matches interligues se déroulent et la Ligue Pacifique adopte à son tour un système de play-offs. Désormais, ces séries éliminatoires s’appellent Climax Series, avant les Japan Series. Le premier tour se joue sur trois matches, la finale de division sur cinq et les Japan Series sur sept (par comparaison, la MLB joue ses séries sur cinq puis sept matches pour les deux derniers tours).

Le premier de la saison régulière est directement qualifié pour la finale de ligue, les deuxième et troisième s’affrontent au premier tour.

Le palmarès : avec 21 Japan Series en 32 participations, les Yomiuri Giants sont les Yankees du Japon, avec le prestige et la puissance financière aussi. L’équipe est associée à New York : par le nom (la franchise a été créée quand les Giants étaient encore à New York avant d’être transférés à San Francisco en 1958) et par le logo qui rappelle celui des Yankees avec les couleurs des Giants (noir et orange). Comme ces derniers, ils ont remporté le titre en 2009.

Dans la Ligue Pacifique, les Lions de Seibu sont l’équipe la plus titrée avec 13 titres (le dernier en 2008) en 21 finales. Toutes les formations de la NPB ont remporté au moins une fois les Japan Series, à l’exception de la dernière, les Golden Eagles (créée en 2005 pour assurer un nombre pair de formations après une grève déclenchée par les joueurs).

Enfin, il faut préciser qu’il existe aussi des ligues indépendantes au Japon comme aux Etats-Unis et deux ligues mineures, l’Eastern et la Western League gérées par chaque ligue majeure (Centrale et Pacifique respectivement). Et le lundi est jour de repos : on ne joue en moyenne qu’une fois sur quatre.

Style et jeu japonais.

Le jeu au Japon n’est pas le même qu’aux Etats-Unis. Le style est moins agressif et plus tactique.  Il y a plusieurs facteurs qui expliquent cette différence de jeu :

  • La zone des prises est plus grande au Japon qu’aux Etats-Unis. Les lanceurs sont favorisés. On marque moins de points. D’ailleurs, les lanceurs sont plus réputés au Japon (on y reviendra dans la deuxième partie consacrée aux joueurs) et leurs statistiques sont très impressionnantes (les meilleurs lanceurs présentent des moyennes en ERA à 1,5 à 1,7 quand dans la MLB le meilleur est à 2,2 points mérités par match). On peut dire que les Japonais sont de meilleurs frappeurs que les Américains mais moins puissants.
  • Les stades sont pourtant plus petits tant en capacité d’accueil (La plupart des stades ont moins de 40000 places alors que la MLB n’a que deux ou trois stades n’ayant pas cette capacité) qu’en taille de la surface de jeu.

Paradoxalement, frapper des home runs semble plus simple mais l’avantage au lanceur rend les choses beaucoup plus complexes. De fait, le baseball japonais n’est pas aussi spectaculaire pour les gros coups que l’est le baseball américain. On y pratique le plus souvent le « small ball », stratégie qui consiste à faire progresser le coureur sur les bases par des vols de buts, des amortis sacrifices, plutôt qu’à chercher le gros jeu par le circuit. Ce style de jeu ne favorise pas les frappeurs : le record de home runs sur une saison est de 55, établi trois fois, alors qu’il est de 73 dans le baseball (avec toutes les réserves à apporter pour Barry Bonds). Frapper 50 circuits dans la NPB est rare alors que c’est un objectif atteint régulièrement dans la MLB ; il faut bien sûr compter sur le fait qu’on joue moins de matches. En 2009, le meilleur total était de 48 circuits pour Takeya Nakamura (contre 47 à Albert Pujols mais 5 frappeurs à 40 circuits contre un seul en NPB) alors que le meilleur frappeur de la NPB avait une moyenne à 0.327 contre 0.365 à Joe Mauer des Twins du Minnesota et quatre autres joueurs du baseball avaient une meilleure moyenne que la plus élevée de la NPB.

  • Ce style de jeu est lié aussi à la mentalité sportive japonaise et asiatique en général. Le baseball est vraiment considéré comme un sport collectif où l’action de chacun peut faire avancer l’autre et faire gagner l’équipe. C’est également la clé du succès du Japon lors des compétitions par équipes nationales. La sélection nippone a remporté la Classique Mondiale 2006 et 2009, tournoi qui rassemblait les meilleurs professionnels, MLB inclus.

Dans une deuxième partie, je reviendrai sur les grands joueurs japonais anciens et actuels, qu’ils aient joué ou non en Amérique du Nord.