François Fillon a présenté ses excuses à la famille du policier qu'il avait, à tort, annoncé comme mort. C'est bien le moins qu'il pouvait faire. Il s'est même fendu d'une lettre adressée à l'épouse et aux enfants du brigadier agressé par une bande.
Annoncer la mort de quelqu'un qui vit, c'est la terreur des journalistes. Ce devrait être le même effroi chez les politiciens. Surtout chez ceux qui font campagne et veulent récupérer des voix à tout prix. Il se pourrait que les électeurs s'indignent de cette légèreté venant de la part d'un premier ministre présenté comme présidentiable ! Il parait que ses conseillers l'ont induit en erreur. L'excuse n'est pas recevable dans la mesure où Fillon manie des arguments très limites. Ne font-ils pas ressortir les écueils du débat sur l'identité nationale ? Sur le voile ? Sur la Burqa ? Tous ces mécanismes visant à caresser les frontistes dans le sens du poil.
Même Mme Boutin reconnaît aujourd'hui que le débat sur l'identité nationale était mal venu quand les Français sont inquiets pour leur emploi, l'avenir de leurs enfants, l'endettement du pays, les déficits qui se creusent. Fillon n'a pas fait que ressusciter un policier qu'il avait donné pour mort, il a redonné de la vie au Front national. Lamentable.
Aubry accuse Fillon de "récupération"
"C'est vraiment effrayant, la droite est tellement prête à récupérer tous les problèmes d'insécurité qu'elle en est à annoncer un décès qui n'a pas eu lieu", a déclaré Martine Aubry lors d'un point presse dans un café parisien avec Cécile Duflot, d'Europe Ecologie, et Marie-George Buffet, du Parti communiste.
"Je suis profondément choquée du discours de M. Fillon au-delà de cette dramatique erreur. Il ne pense qu'à récupérer, après avoir échoué sur l'identité nationale, des actes de violence et des drames à des fins politiques en nous parlant d'insécurité","M. Fillon se déshonore en faisant cela", a encore estimé Mme Aubry, évoquant une "récupération lamentable du gouvernement".