Rétrospective Yves Saint Laurent…

Publié le 18 mars 2010 par La Fille Aux Chaussures

Une rétrospective Yves Saint Laurent, je ne pouvais décemment pas la rater. J’ai donc profiter du casting Rochas pour traîner mon amoureux au Petit Palais (après avoir vu la veille au soir « Miam Miam » avec Edouard Baer au théâtre Marigny que je vous conseille chaudement) pour déambuler entre cabans et smokings dans un univers féerique.

Le Musée des Beaux Arts accueille donc une exposition inédite retraçant 40 ans de création d’Yves Saint Laurent. Il faut savoir qu’aucune rétrospective de cette ampleur consacrée au grand couturier français n’avait été organisée depuis la première du genre au Metropolitan Museum de New York en 1983.

L’exposition qui a ouvert jeudi dernier ses portes au public est composée de 307 modèles de haute couture déclinés par thème et issus des quelques 5.000 pièces conservées à la fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent.

Elle est ponctuée de films et de photos retraçant l’oeuvre de celui qui, après Chanel, « a donné le pouvoir aux femmes en utilisant le vêtement masculin« .

Des débuts du jeune créateur, successeur de Christian Dior, en 1957-58, au dernier défilé de 2002, c’est également une fresque théâtrale qui sublime des moments clés de sa carrière, grâce à une scénographie transformant tour à tour l’espace en atelier, palette de peintre ou salle de bal, inspirée du « Guépard » de Luchino Visconti dans laquelle j’aurais rêvé être enfermée… Une pièce féerique. On se retrouve comme projeter dans un film hollywoodien des 50’s.

L’exposition s’ouvre sur quelques joyaux de la collection haute couture printemps-été 1958, qui préfigure le désir de liberté des années 60. Yves Saint Laurent crée un nouveau genre entre le féminin et le masculin. Il fait régner le style. 43 modèles illustrent les incontournables : le caban, la saharienne, le tailleur-pantalon, le tailleur-jupe, la blouse normande, la tunique, le jumpsuit. Malheureusement, pour ceux qui n’ont pas opté pour l’audiolib, on se retrouve à des modèles numérotés sans explications. Et les mannequins ne mettent pas en valeur les créations.

Focus ensuite sur l’inspiratrice et fidèle amie, Catherine Deneuve. Dix pièces majeures de la garde-robe de l’actrice sont présentées, dont la robe grain de poudre noir et satin ivoire créée pour « Belle de Jour« .

Une pièce est consacrée à 1966, année durant laquelle la maison de haute couture a crée sa propre griffe, « Rive Gauche« , devenant pionnière du prêt-à-porter de luxe.

Ensuite, direction les années 70, les « années-scandale« . Yves Saint Laurent pose nu devant l’objectif de Jeanloup Sieff pour la publicité de lancement de son premier parfum pour homme, photo qui acquiert le statut d’icône et dont l’ensemble des prises de vue est présenté pour la première fois au public. Pour la première fois, la série complète est exposée au public. Les photos sont sublimes et très émouvantes. On découvre un Yves Saint Laurent loin de l’homme timide qu’il est habituellement. Il est juste magnifique.

En 1971, le couturier présente une collection inspirée des années 40 et de la France sous l’Occupation. Décriée par la presse qui parle d’une collection « hideuse« , elle décline des modèles Rétro (manteau de renard vert et turbans en velours) en plein mouvement hippie et féministe.

Un vaste espace est consacré aux créations inspirées des voyages imaginaires de l’esthète : kimono, boléros et saris, plumes, perles et broderies célèbrent l’exotisme.

Autres trésors de l’exposition : les robes aux motifs inspirés des peintres adorés du couturier, en particulier Mondrian, qui rompent les hiérarchies entre les genres artistiques. Un mur « nocturne« , rassemblant d’innombrables tenues de soirée noires. Enfin, offert comme un secret à l’oeil profane : un couloir monumental tapissé d’échantillons de tissus déclinant à l’infini le spectre des couleurs.

Deux choses encore : le bureau du créateur exposé à l’identique aux yeux du public. C’est certainement ce que j’ai trouvé le plus émouvant. On entre là dans l’intimité extrême. Malheureusement là encore, un fin grillage gâche un peu la vue. Et puis, la découverte des planches de dessin montrant son double, « Lulu », une petite fille sadique au possible, est absolument délicieuse.

Je ne serai trop vous conseiller d’acheter vos billets au préalable, ce qui vous évitera de loooongues heures d’attente…

(Petit Palais, Yves Saint Laurent, du 11 mars au 29 août).