XYNTHIA. Trait de côte en pointillés

Publié le 19 mars 2010 par Blanchemanche
La ville de La Rochelle a déjà engagé les réparations - provisoires ou définitives - du chemin littoral et assure en rétablir la continuité pour cet été

Plage de Roux à la frontière - si tant est qu'il y en ait - de La Rochelle et d'Aytré, le chemin littoral a complètement explosé. Il n'est plus question de savoir s'il s'agissait d'une piste cyclable ou d'un sentier piéton. Ce n'est plus qu'un chaos de galets, de plaques de goudron. Le sable a quasiment disparu. Et l'eau, celle qui a éventré le site, est restée par endroits, comme pour marquer son nouveau territoire. Un mini-lac par-ci, une mare par-là et le trou d'eau du Fief de Roux qui se donne des allures de bassin à flot. Après tout, n'est-ce pas là qu'on imagina il y a quelques années le port d'Aytré ?
Côté La Rochelle, la falaise des Minimes a été mordue sur trois mètres comme un gigantesque gruyère. Côté Aytré, le trait de côte ne se dessine plus qu'en pointillés. Par endroits la piste plonge vers l'estran. Des arrêtés municipaux en interdisent l'accès des deux côtés. Trop dangereux. Tout est fragile. La tempête a déjà fait suffisamment de victimes.
Rétablir la continuité
« Notre objectif, c'est de tenter de rétablir la continuité du trait de côte pour les vacances de Pâques. Ou, à défaut, avant l'été », avance Jean-Pierre Mandroux, adjoint au maire chargé de la voirie pour la partie rochelaise du chemin littoral. De Chef-de-Baie à la plage de Roux.
« Nous avons déjà fait ébouler ce qui devait l'être aux Minimes. De Besselue au Parc des Pères. Nous avons posé des clôtures avant les falaises pour sécuriser. Le long du Mail, les travaux sont engagés. A Port-Neuf, nous serons sans doute obligés de réaliser un enrochement provisoire. Quant au parc départemental de Chef-de-Baie, il est de la responsabilité du Département. Je crois que c'est prévu à son budget », poursuit Jean-Pierre Mandroux également conseiller général.
Avec près de 10 kilomètres de littoral, La Rochelle a du pain sur la planche pour boucher les trous creusés par la mer en furie le 28 février. Mais le mot d'ordre est « reconstruction ». Pas question de verser dans la sinistrose. « La vie redémarre », affirme Jean-Pierre Mandroux.
Une facture de 26 M?
La Ville a d'ailleurs déjà engagé près de 8 M? pour la réparation des dégâts de la tempête en espérant naturellement la solidarité européenne, nationale et départementale. Car la facture risque d'être lourde. Elle serait estimée à 26 M? pour la seule ville de La Rochelle. En attendant d'en savoir plus sur les biens qui sont assurés et ceux qui ne le sont pas, la municipalité a décidé de geler toutes les opérations non-urgentes qui n'ont pas reçu d'ordre de service de façon à libérer un maximum de fonds pour l'après-Xynthia. La ville veut se faire belle pour les touristes de cet été. Elle devrait d'ailleurs profiter de la campagne de promotion pour la région Poitou-Charentes qui est engagée à partir de dimanche dans le métro parisien.
Pour Aytré, la fille aînée de La Rochelle, cette histoire de trait de côte massacré semble beaucoup plus difficile à gérer. Avec les tragédies de la rue de la Plage, la municipalité a porté tous ses efforts sur la protection des habitants de ce mini-quartier qui fut englouti. La sécurité des personnes avant celle des biens. Les pelleteuses travaillent donc d'abord aux endroits vulnérables de la plage. Et la petite ville n'a pas 8 M? à engager immédiatement sur la réfection d'un sentier fût-il important pour les touristes.
« Sans aides extérieures, nous ne pourrons rien faire. J'espère que la Communauté d'agglomération et le Conseil général pourront nous donner un coup de main », constate le maire Suzanne Tallard. Outre le chemin qui relie la plage de Roux à la grande plage d'Aytré, la zone ostréicole a également beaucoup souffert et la falaise qui surplombe les rochers de l'estran de 2 à 3 mètres a reculé de plusieurs mètres au point qu'en certains endroits, on peut se demander où pourra passer le futur sentier littoral entre le plan d'eau du Fief de Roux et la côte tant l'espace s'est réduit.
« Nous espérons pourtant être prêts pour l'été », poursuit Suzanne Tallard. En espérant que d'ici là, les grandes marées ne viennent pas grignoter un peu plus la côte.
Auteur : Thomas Brosset
t.brosset@sudouest.com