Galloping Gallagher

Par Tepepa

Galloping Gallagher
1924
Albert S. Rogell
Avec Fred Thomson
Si l’on en croit Grapevine video, il n’y a que deux films de Fred Thomson ayant survécu jusqu’à nos jours : Thundering Hoofs et Galloping Gallagher. Et encore, Galloping Gallagher n’est pas complet, tout le début du film étant expliqué à grand renfort d’intertitres et d’images fixes. On ne perd sans doute pas grand chose coté scénario puisque l’intrigue semble être des plus basique, on y gagne même en flamboyance, jetés que nous sommes au cœur de l’action, sans préparation et sans exposition inutile. Des bandits, une jolie nana, Fred Thomson beau comme un soleil, nous sommes menés directement à l’essentiel, comme si le film avait été résumé aux constantes les plus spectaculaires du genre.
Du point de vue de la réalisation, Albert S. Rogell fait quelques efforts notables pour se démarquer du tout venant. Les mouvements de caméra subjective lors du sempiternel sauvetage de la femme en perdition sur un chariot (je ne sais pas si les femmes au XIXe siècle étaient réellement incapables d’arrêter un attelage emballé, mais vu les risque pris par nos héros pour les rattraper à chaque fois, cela aurait été judicieux de leur apprendre), le combat en ombre projetée où l’impressionnant et expressif méchant Frank Hagney tente à plusieurs reprises d’étrangler Fred Thomson, les doigts écartés comme Nosferatu, les tronches très freakesques des habitants, adjoint géant, petits vieux tordus et croque-mort hideux (la caricature même du croque-mort de Lucky Luke et son humour noir, toujours déçu quand il n’y a pas de morts) associés au contraste assez poussé de la photographie, confère à ce petit western un aspect assez expressionniste dont l’étrangeté est renforcée par l’absence de début.
Curieusement, on ne retrouve pas du tout la même ambiance dans Thundering Hoofs (réalisé la même année par le même Albert S. Rogel) beaucoup plus conventionnel mais doté semble-t-il d’un plus gros budget. Galloping Gallagher reste cloisonné dans une petite ville typique et sur des chemins de campagne, mais à la fin, tous les méchants sont entassés, pêle-mêle et sonnés, dans main-street sous les hourras des habitants. Alors que Fred Thomson fait à la femme pasteur (Hazel Keener) une demande de confession qui ressemble fort à une demande en mariage, celle-ci lui répond « Oh sweet thing » et le visage de Fred s’illumine, alors qu’elle s’adressait en fait à son cheval Silver King. Le film se termine, sans que le quiproquo soit levé, une originalité de plus pour ce petit film mutilé.