Interview croisée . Jann Halexander – Sylvain Y.

Publié le 21 mars 2010 par Flash-News

Jann, Sylvain, c’est un plaisir de faire cette interview croisée avec vous deux.

Tout d’abord, avant de parler de toi Sylvain, on va commencer avec Jann et son nouvel album.

Obama ce sont des titres avec une unité qui ne discorde pas, un univers très personnel où le piano a toujours la prédominance mais qui laisse aussi vivre par touches d’autres instruments ou bruitages.


 

Alors Jann, pourquoi « Obama » qui par ailleurs dégage une grande mélancolie dans son intro ?

J'ai toujours considéré le métissage comme un outil de travail inestimable pour sonder les profondeurs, les contradictions de l'âme humaine. La démarche Benetton ne m'intéresse pas. Le métissage érigé en message démagogique m’écœure car le grand public ne voit pas qu'il s'agit là de quelque chose de complexe, et parfois terrifiant, si cette identité métisse est mal gérée. Le métissage peut procurer une liberté intense, celle de se penser Ailleurs. Là où, pour faire simple (et caricatural), Noirs et Blancs se casseraient la figure, moi, entre les deux, j'ai la possibilité de fermer les yeux et de ne pas prendre parti. D'ailleurs beaucoup de mes congénères le firent dans l'histoire. Obama, c'est une chanson sur un homme, un Destin, un électrochoc dans le monde (pas uniquement occidental). C'est aussi une chanson sur un homme qui a franchi des barrières, guidé par une puissante force intérieure. Et pour en arriver là, il devait être Libre.

Fanfare de nos vies est une touche plus aérienne.

Fanfare de nos vies, malgré le ton aigre-doux (c'est une terrible manie chez moi) se veut plus légère. La proposition d'une ballade en mer à la fin est une invitation au voyage. L'air de Mélancolie toujours m'est venu dans un rêve avec les mots suivants : quand on sonde de la mélancolie chez le chat qui regarde la pluie...

Gabon avec des accords simples parle de ton pays natal.

Je ne l'ai pas voulu niaise, facile. Je ne vais pas donner une image fantasmée du Gabon. Beaucoup de Gabonais n'ont pas apprécié. D'autres m'ont remercié. J'ai toujours pensé que Les gens de couleur n'ont rien d'extraordinaire... qui est aussi une certaine idée de la France...


 

Il y a eu le débat sur l’identité nationale, quel est ton point de vue ?

A quelqu'un qui me demandait ce que c'est pour moi la France (alors que nous étions en plein débat sur le sujet), j'ai répondu :

On me dit France et je songe à des paysages… des souvenirs… pays de ma mère… les vieilles tantes de Bourgogne qui nous inondent, ma sœur et moi, de cadeaux… mon oncle de Vendée qui m'apprend à pêcher près d'un camping dans le Limousin (eau glacée, petits poissons délicieux quand ils sont frits).
On me dit France, ce sont aussi des tombes, des allées pavées à l'ombres de bouleaux et des fantômes souvenirs d'une guerre pas si lointaine… le goût du brie et du saucisson sec. La France pourrait être un couplet d'une chanson d'Anne Sylvestre… c'est la violence de Paris ou Marseille… la douceur angevine (Angers, ma ville, amour aigre-doux)…
Enfin c'est la Culture, une certaine idée de culture. Souvent bafouée, bousculée mais toujours vivante. La France c'est le pays de la Chanson…

Tu es toujours en dehors des majors.

Il y a de nombreux désavantages à être un chanteur indépendant mais je n'ai pas vraiment eu le choix et je suis sans doute assez sauvage. Peut-être aussi que je manque d'humilité. Mais il y a un avantage : je peux défendre mes chansons aussi longtemps que je le souhaite. Parce que ces chansons sont importantes à mes yeux. A Table peut sembler facile. C'est vrai qu'elle est une chanson relativement simple. Des fois ce sont les chansons les plus simples qui marquent le plus. Beaucoup de gens me connaissent grâce à cette chanson et un tour de chant sans A Table serait une folie.

A Table justement apparaît sous d’autres versions.

J'ai eu le plaisir d'apprendre que Sylvain Y et Nicolas Duclos la reprenaient. J'ai aimé les deux interprétations d'où leur présence sur le disque. Quant à la présence de la version instrumentale, la raison est simple : des gens me demandaient si j'avais une partition ou une bande-son avec uniquement la musique pour la reprendre en famille, à des mariages, des anniversaires. C'est chose faite.

Il y a aussi Question d'amour et de temps qui risque de créer la polémique.

Question d'amour et de temps est une chanson-tango sur la prostitution masculine...Souvenir aussi d'une époque où j'hésitais à jouer dans des films X, probablement attiré par une vie facile, de l'argent facile (et parce que jeunesse, cynisme et matérialisme font un très bon ménage dans la société des années 2000). J'ai bien posé dans un magazine interdit aux moins de 18 ans mais la passion pour la Création, passion dévorante, a pris le dessus ...


 

Sylvain, un spécial « Flash » a été fait sur ton album (lien en bas de l’interview), alors avant que tu parles de ta création, comment as-tu découvert l’univers de Jann ?

J'ai découvert l'univers de Jann il y'a de cela quelques années maintenant. il est venu me parler suite a la reprise de RoBERT ( L'appel de la succube), c'est a ce moment là que j'ai entendu pour la première fois ce qu'il faisait. J'avoue n'avoir pas été déçu. Je suis attiré par l'étrange, et Jann Halexander a une voix très particulière, un univers propre a lui, un univers qui m'attire énormément et encore aujourd'hui.

Jann, qu’est qui t’a incité à produire le disque de Sylvain ?

Un grain de folie car  il faut être fou pour produire un disque avec la crise actuelle. Même si c est une micro production...cela dit, Jeff mon attache de presse (pour les financements) et moi avec notre association Trilogie Halexander qui avons franchi le pas...

Sylvain Y avait écrit un texte sur la pédophilie que j avais mis en musique et interprété en 2003, L IDYLLE ATROCE.

Sylvain alors tu dégages une grande fraîcheur, une grande séduction, et en même temps une solide maturité, quel a été ton cheminement pour passer de l’auteur au chanteur ?

Déjà très jeune, j'écrivais des textes que je laissais souvent dans un coin. Je suis monté assez vite sur scène découvrir les sensations unique et je ne pensais jamais devenir chanteur ou encore chanter mes propres textes. J'ai eu la chance d'avoir fait la connaissance de Gaël Dejean, compositeur, qui a su trouver les mélodies exacte à mes maux. C'est a ce moment là que je me suis dit que je devais les interpréter car je suis seul responsable de mes mots, maux, que j'étais celui qui a vécu mes peines. Je devais donc monter sur scène et vivre du moins revivre mes sentiments.

Jann, c’est donc après un long moment que vous avez décidé de travailler ensemble.

Oui, le temps a passe. Je suivais ce qu il faisait de loin et vice versa. Puis je en sais pas trop comment cela  s est passe mais on a produit ce disque, j ai écrit de nombreuses musiques...Sylvain a une ténacité, une vivacité et une énergie qui me séduisent. Certes on lui reproche la question de sa voix ou une certaine forme de mégalomanie mais bon...c est juste de la musique. Son répertoire évolue entre chanson a texte poétique et stricte variétoche, ce n est pas évident a défendre, surtout sur le long terme. Cela me fait penser a une phrase de Pedro Almodovar qui disait qu on ne peut pas rester artiste pop toute sa vie sinon cela frise le ridicule...nous verrons bien...

Sylvain comment c’est conçu ton album « Marseille dans le brouillard » ?

Mon album (voir article Flash-News) s'est conçu grâce a Jann Halexander et Jeff Bonnenfant qui m'ont permis de réaliser un de mes rêves. Celui de proposer au public, une part de moi. J'ai eu la chance d'avoir Jann Halexander comme compositeur et Gael Dejean. Deux univers très éloignés mais au fond qui se ressemble tout de même un peu. Je suis parti dans la ville d'Angers pour enregistrer l'album, et ce fut un moment très agréable car j'ai eu les conseil de Jann et son aide.

Qu’est-ce qui te motive musicalement ?

Ce qui me motive musicalement c'est l'émotion, les mots, les maux, l'interprétation et le ressentiment.

Et qu’est-ce qui t’incites à avancer dans la vie ?

Je crois que ce qui m'incite dans la vie c'est la vie elle même. On m'a donné l'occasion de faire ce que j'ai envie de faire, et aujourd’hui je ne veux pas passer a coté de certaines occasions mais surtout a mes passions. Je m'instruis de la vie pour construire et réaliser mes envies.

Vers quoi aimerais-tu aller ?

A l'heure actuelle, je continu a faire quelques scène pour présenter mon premier album "Marseille dans le brouillard" tout en continuant l'écriture de mon premier livre qui s'intitule "Je te laisse...", j'envisage dans un futur de réaliser un deuxième album mais surtout remonter sur scène dans un tour de chant car la scène, le public me manque atrocement.


 

Si vous aviez une priorité à défendre ou à partager avec ceux qui vont lire cette interview, que leurs diriez-vous ?

Sylvain

Je dirais que les artistes indépendants ne vivent pas de leurs passions, qu'ils se battent chaque jour pour construire, se construire et proposer un travail qui leurs en sont propre. Bien sur, que certaines personnes aimeront et d'autre pas, mais le plus important n'est il pas de faire ce que l'on aime et a ceux qui aimeront ?

Ensuite, il est difficile pour un artiste indépendant de se faire un nom dans le milieu, c'est pour cela que le bouche a oreille est nécessaire. je serais toujours reconnaissant aux personnes qui m'encouragent, aime ce que je fais. C'est pour moi un honneur de faire plaisir aux autres...

Jann

Je dirais aux gens de ne pas avoir peur d’être curieux...car des fois la curiosité est récompensée...et puis sortez, allez voir les spectacles vivants, il y a du bon et du moins bon mais ce n est pas grave cela vaut mieux que de rester chez soir sans arrêt...d autant plus qu il  existe des spectacles a coût vraiment bas...

Pour conclure cet entretien, quel mot vous vient à l’esprit ?

Sylvain

Merci, un grand merci de m'avoir donner la chance d'avoir fait un album, une scène, de rencontrer un public, de faire ce que j'aime, merci d'être là, merci a vous pour l'interview.

Je pense que l'on remercie pas assez les gens qui sont là pour nous...

Jann

Vive la musique !


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