Chretiens du maroc : entre la priere et le preche!

Publié le 22 mars 2010 par Citoyenhmida

Une fois encore, l’action des missionnaires chrétiens au Maroc a défrayé la chronique et a donné lieu  à l’expulsion du territoire national  de chrétiens accusés de prosélytisme.

Certains milieux voudraient, tendancieusement,  profiter de la situation pour présenter le Maroc comme une terre d’intolérance. D’autres milieux tout aussi tendancieux présentent  les faits sous un angle bien différent, en pointant du doigt ce qu’il appellent tentatives de déstabilisation de la société marocaine ou plus grave encore de fragilisation de la foi de citoyens marocains.

Un retour historique nous apprend que la présence des chrétiens au Maroc a depuis toujours été un sujet de discorde, sinon de casus belli, entre le pouvoir marocain et les pays d’origine des diverses missions.

Le Maroc, pays musulman depuis des siècles, a eu a supporter les coups de buttoirs des puissances européennes,  chrétiennes, catholiques ou protestantes.

Des dates importantes de l’histoire de notre pays ont jalonné cette lutte, dont la plus emblématique reste la Bataille des Trois Rois en 1578.

Tout comme des événements, de  moindre importance, ont marqué les tentatives entreprises par les différentes missions religieuses chrétiennes de christianiser des marocains.
La situation mondiale actuelle et les grands principes de liberté d’expression et de culte ne doivent pas nous faire oublier que   « il n’a pas donc pas existé et il n’existe toujours pas au Maroc de communauté chrétienne reconnue proprement autochtone et que les chrétiens, y compris pendant la période coloniale y ont vécu en tant qu’étrangers ».

Cette affirmation est extraite de l’introduction d’un  ouvrage intitulé « PRESENCE CHRETIENNE AU MAROC- XIXème et XXème siècles » publié en 2005 par Jamaâ BAIDA et Vincent FEROLDI, tous les deux historiens, le premier  marocain et musulman et le second français et prêtre catholique,  aux Editions BOUREGREG COMMUNICATION.

La lecture de cet ouvrage, fort bien documenté -  plus de 300 notes de  bas de pages, des annexes, des photographies, des tableaux, des statistiques, des listes d’inventaires, des fac-similis de documents, des références et une bibliographie multilingue – nous éclaire  sur l’évolution du rôle de l’église au Maroc.

Si elle  réussit son soutien aux forces coloniales, tant civiles que militaires, cette institution a vite compris son incapacité à entreprendre une évangélisation directe des populations.

Elle n’a pas pu se prévaloir de la conversion, qui reste anecdotique,  au catholicisme du descendant d’une vieille famille fassie, savoir  Mohamed Ben Abdjlil, devenu prêtre sous le nom de Père Jean-Mohamed.
De manière plus globale, elle n’a pas pu non plus mener à terme son projet de « désislamiser » les régions berbères, en essuyant un échec cinglant dans l’application de fameux « dahir berbère » destiné à couronner une politique  d’assimilation de ces populations.

La seconde partie de l’ouvrage retrace, au lendemain de la guerre, le cheminement vers « une église  dialoguante »  évoluant  vers  un « vivre ensemble » qui se concrétisera en 1985 par la visite du pape Jean-Paul II à Casablanca.

Doit-on pour autant considérer que ce « vivre ensemble » est totalement réussi ? Les récents événements semblent ne pas aller dans ce sens, dès lors que certains activistes chrétiens touchent  au prosélytisme direct et actif. Cela avait déjà était observé dans les temps anciens (en 1879, éloignement du Maroc  d’évangélistes  anglais à la suite de leur prosélytisme au sein de la communauté JUIVE d’Esaouira) et encore récemment.

Le regain d’intérêt pour le fait  religieux qui semble gagner les différentes sociétés à travers le monde n’est pas, malheureusement, pour apaiser les tensions entre les différentes communautés, ici comme ailleurs !