Saint Augustin, Sermon sur les juges de la terre (1)

Publié le 23 mars 2010 par Walterman


ANALYSE. – Il est nécessaire de juger la terre, c'est-à-dire les hommes qui l'habitent. Or il y a deux sortes de juges. Il y a premièrement chacun de nous, car chacun est obligé de se juger. D'après le prophète interprété par l'Apôtre, nous devons sentir que nous avons besoin du secours de Dieu, et estimer que sans la grâce nous n'aurions pas même bonne volonté. Voilà comment chacun doit se juger. - Il y a une autre espèce de juges, ce sont tous les hommes qui ont reçu dans la société une autorité quelconque. Or dans le procès de la femme adultère Jésus-Christ leur apprend à se juger eux-mêmes très-sérieusement: c'est leur premier devoir. Ils doivent ensuite juger les autres comme ils se jugent, ne juger que par charité. Enfin quand ils sévissent il faut que ce soit comme le bon père qui témoigne à son fils une véritable tendresse en travaillant à le délivrer de ses défauts.

1. Juger la terre, c'est dompter le corps. Ecoutons l'Apôtre juger la terre: «Je combats, dit-il, non comme frappant l'air; mais je châtie mon corps et le réduis en servitude, de peur qu'après a voir prêché aux, autres, je ne sois réprouvé moi-même (3)» Écoute donc, ô terre, un juge de la terre, et pour ne pas être terre, juge, la toi-même. Car en la jugeant tu deviendras ciel et tu publieras la gloire du Seigneur éclatant en toi-même, puisque les cieux publient la gloire de Dieu (4). Mais en ne jugeant pas la terre, tu seras terre, et si tu es terre, tu seras l'héritage de celui à qui il a été dit; «Tu mangeras la terre (5).» Écoutez donc, juges de la terre: châtiez votre corps, comprimez vos passions, aimez la sagesse, domptez la concupiscence, et pour le faire instruisez-vous.

2. Ps 2,10 - 3. 1Co 9,27-28 - 4. Ps 18,2 - 5. Gn 3,4