Dépendre…

Publié le 07 février 2010 par Réverbères
Ben Heine © 2009
Dépendre est toujours difficile. Que dire quand on dépend de l’alcool, de la drogue et autres assuétudes ? Que faire pour en sortir ?
J’avoue ne pas connaître grand chose à cette problématique, et c’est tant mieux. Mais en quelques jours, deux amis m’ont parlé du drame qu’ils vivaient. Ce ne sont pas eux qui sont concernés par la dépendance, mais ils sont proches de personnes perdues dans leur prison cauchemardesque.
À les entendre, j’ai pu comprendre qu’il y a un trou dans les structures qui peuvent accompagner les personnes en besoin. Il y a des structures d’extrême urgence, mais elles sont de très courte durée et « libèrent » le malade dès que celui-ci est assez conscient pour faire croire qu’il peut se débrouiller tout seul. Bien sûr, dès qu’il est sorti, il recommence. Il n’y a pas de miracle.
Il y a des structures d’accueil pour des cures de plus longue durée. Ces structures sont la plupart du temps des structures ouvertes. Elles se fondent sur la notion de contrat entre l’individu et l’institution qui peut l’aider. C’est bien sûr hautement louable et sans doute la seule solution à long terme. Mais quand l’état de manque se fait sentir, l’individu essaie évidemment de passer à côté des règles. À la moindre incartade – qui apparaît inévitable – il y a rupture du contrat et donc renvoi. Tout recommence : l’individu est de nouveau seul face à ses démons et c’est son entourage qui le recueille, ne sachant qu’en faire.
Il semble donc manquer une structure à moyen ou long terme qui aurait un pouvoir plus coercitif, c’est-à-dire qui aurait les moyens organisationnels et structurels d’empêcher l’inévitable incartade. En quelque sorte, le sevrage ne devrait pas être une question de choix, mais une obligation contrôlée et suivie d’un accompagnement cadré et ferme.
De toute évidence, la question est complexe et je suis bien incapable d’y apporter une réponse pertinente et cohérente. Je suis en règle générale hostile à toute contrainte ou entrave à la liberté. Mais quand on n’est plus capable d’être libre – et c’est le cas de toute personne sous assuétude profonde – ne faut-il pas limiter drastiquement sa liberté individuelle et lui imposer un chemin cadré qui lui permettra de retrouver, au bout du cheminement, une véritable liberté, assumée et responsable ? Nos sociétés offrent-elles cette possibilité ou ne sont-elles pas enfermées dans des principes sacrés des droits de l’homme qui les empêchent de mettre en place les structures nécessaires ?