La France un pays de grèves et de grévistes ? Pas si sûr !

Publié le 23 novembre 2007 par Roman Dudard
Comme beaucoup de Français ces derniers jours, j’ai râlé contre les grèves et maudit les grévistes ! Toutefois, l’énervement ne doit pas nous faire perdre raison…
Trouvé sur le site de Libération un excellent article de François Doutriaux (enseignant en droit privé et consultant juridique spécialisé en droit du travail et en droit pénal) qui confronte quelques mythes et fantasmes bien français à la réalité des faits…
1. En France, de plus en plus de grèves : faux !
« Le nombre de journées individuelles non travaillées pour fait de grève était de 4 millions en 1976, 3,5 millions en 1984, 2,1 millions en 1988, 900 000 en 2000, 1,2 million en 2005. En dehors de pics spécifiques (1982, 1995, 2001), l’ampleur et la fréquence des mouvements sociaux ne cessent de diminuer alors même que la population active ne cesse d’augmenter. »
2. La France, où les conflits sociaux sont systématiquement réglés par la grève, est en décalage par rapport au reste des pays industrialisés : faux !
« Sur la période 1970-1990, la France est onzième sur les dix-huit pays les plus industrialisés en termes de journées non travaillées pour fait de grève. Avec 0,15 journée grevée par salarié et par an, elle est 7,6 fois moins conflictuelle que l’Italie (première), 3,2 fois moins que le Royaume-Uni (septième), 1,6 fois moins que les Etats-Unis (huitième). Sur la période récente (1990-2005), la France demeure onzième sur dix-huit, avec une conflictualité qui s’est effondrée (0,03 journée de grève par salarié et par an) et demeure toujours inférieure à la moyenne (0,04 journée grevée). Les modèles nordiques – réputés en France pour la qualité du dialogue social qui y régnerait – se situent en tête du classement : le Danemark est premier, la Norvège quatrième et la Finlande septième. »
3. En France plus qu’ailleurs, les grévistes visent la paralysie de l’économie nationale : faux !
« Sur la période 1970-1990, les conflits localisés représentaient 51,2 % des journées non travaillées pour fait de grève, loin devant les 34,9 % de conflits généralisés (propres à une profession) et les 13,9 % de journées nationales d’action. Sur la période plus récente (1990-2005), les conflits localisés représentent 85 % des grèves, pour 14 % de conflits généralisés et seulement 1 % de journées nationales ! La France est treizième sur dix-huit en termes de mobilisation des grévistes. »