Mes petits bonhommes…

Publié le 23 novembre 2007 par Marc Vasseur
  Bonjour mes petits anges, ce matin pas ou peu de politique… non aujourd’hui, je veux simplement vous dire que vous serez bientôt trois… une petite sœur, un petit frère… seule dame Nature le sait.   Je sais, dans quelques années, il y a de fortes probabilités que vous nous en vouliez à nous... déjà vieux et à ceux disparus avant votre arrivée parmi nous pour vos conditions d’existence… une planète déjà bien appauvrie après quelques décennies seulement de consommation à outrance où les notions abstraites de rentabilité, de gains de productivité priment sur le reste.   Oui très longtemps nous sommes restés comme des adolescents turbulents et insouciants… et maintenant c’est à vous de vous comporter en adultes responsables pour faire face au réchauffement climatique et sa cohorte d’immigrés écologiques…   Pour beaucoup ce futur est resté longtemps un simple chant apocalyptique initié par quelques illuminés… l’important était de pouvoir jouir sans entrave, sans se soucier de l’après demain.   Oui, c’était une drôle d’époque… où les obscurantismes s’épanouissaient… où les espaces de libertés individuelles semblaient tomber en désuétude pousser par des peurs irrationnelles et collectives… ravagés par des certitudes religieuses, techniques, politiques… où le mieux-être résidait dans l’accumulation de biens dévalués à la seconde de leur achat… comme si ces actes de consommation pouvaient procurer en retour un sentiment de sécurité, d’existence vis-à-vis de l’autre et aussi… une fuite en avant par rapport à sa propre disparition.   Alors oui mes enfants… vous nous en voudrez de ne pas avoir eu le courage de renoncer à ces petits accommodements sans se préoccuper de leurs conséquences.   Dans quel monde vivrez vous… votre père est fataliste voire pessimiste, votre mère est résolument optimiste… j’espère simplement qu’elle ait raison… pour ma part, je penche vers un monde à mi-chemin entre Georges Orwell et Riddley Scott…

Nous sommes en 2007, chaque jour on nous vante les mérites du numérique, des réseaux sociaux, des puces dans le bras, des films qui parviennent à rendre les acteurs plus vieux, plus jeunes, plus gros… il paraît que cela fait progresser nos champs de liberté, nos champs du possible…   Déjà en vieux con… je pense que ces « progrès » alimentent avant tout des bases de données… pour mieux nous connaîtrent et par extension en reprenant le titre d’un ouvrage d’un Grand « vieux con »… pour mieux « surveiller et punir »… et pour « bien » consommer aussi.   Enfin et malgré tout… bientôt mes enfants… vous serez trois à la maison… et rien que pour ça je suis profondément heureux… chaque jour qui passe, à vous regarder grandir, je suis ému… il ne s’agit d’oublier tout ce « reste », loin s’en faut… il s’agit de savoir profiter de ces moments de vie, de ces moments d’insouciance.   Je vous embrasse.