Fous de Foot

Par Valou94

Hello mon p’tit clou !
J’ai repris avec… enthousiasme le cours de ma vie après la parenthèse enchantée d’hier. Et mes bonnes vieilles habitudes.
Je suis donc à l’abri des velléités schtroumpfesques de faire dévier à la fois ma main et mon sujet, chacun des individus fauteur de trouble étant à l’instant présent et malheureusement de manière temporaire hors d’état de nuire, cloitrés respectivement l’un au centre de loisir et l’autre à la crèche. Ouf.
Comme tu le sais (ou peut-être pas), je suis parfois un peu tête brûlée. L’actualité aidant, j’ai décidé de te raconter mon match au Parc des Princes dans la tribune Boulogne il y a quelques années.
J’étais, à l’époque, jeune, innocente, pure, et complètement ignorante des choses de la vie. Enfin, surtout, des choses du foot. Celles de la vie, je commençais quand même à maîtriser un peu.
Quand mon copain du moment a décidé de m’amener voir un match de foot, lui-même étant fan, je me suis juste dit que l’expérience était intéressante. Pourquoi pas, l’ambiance festive dans le stade, la ferveur des supporters, pouvoir crier tous d’une même voix à l’approche du but, la hola dans les gradins…
Nous voici donc partis en métro, bras dessus, bras dessous, main dans la main (et c'est pas facile), direction LE Parc.
Arrivés au guichet, nous prenons nos billets et nous dirigeons vers les entrées.
C’est là que ça commence se gâter.
Déjà, je n’ai pas le droit de rentrer comme ça. J’ai une ceinture, que je dois abandonner aux vigiles. Vu qu’une ceinture, c’est dangereux, on peut taper quelqu’un avec la boucle, ou l’étrangler. Ambiance.
Délestée de ma ceinture, et contournant les malheureux qui sont venus chaussés de Doc Martens, qu’ils ôtent pour rentrer en chaussettes, je rentre dans le stade.
C’est un match sans importance, tout n’est pas plein. Mais quand même. En face, la tribune Auteuil a étalé ses couleurs, ses drapeaux, ses fumigènes. Même chose du côté où je pénètre. Je déchiffre sur les banderoles « Boulogne Boys ». Bizarre, ça me dit quelque chose ce nom. Ca va me revenir… Non ? Bon tant pis, ça doit pas être important. Je cherche à m’asseoir. Pas sur un siège, non, il n’y en a pas. Trop dangereux. Un siège s’arrache et se balance sur la pelouse.
Les Boulogne Boys ont droit à des bancs en béton.
Echanges d’insultes réciproques entre les deux tribunes en face à face, le ton monte et quelques fumigènes sont balancés de part et d’autre uns sur la pelouse…
Bien bien bien… Je commence à me demander, légèrement, ce que je fais là.
Le match commence. IL n’est pas d’un intérêt énorme, soyons honnête. Disons que tout le monde joue mal, mais Paris encore plus que les visiteurs. Je sais, c’est pas un scoop.
Ce qui n’empêche pas, à chaque action un peu musclée, l’ensemble de la tribune de se lever, de se précipiter vers les grillages du bas en hurlant, et en écrasant au passage toute forme de vie résistante à ce flux massif et irréductible. Je commence à plaindre sérieusement les mecs en chaussettes. Je pense aux bousculades à la Mecque qui font des dizaines de morts. Je compte les minutes qui me séparent de la fin du match.
Etrangement, les plus acharnées sont des femmes. Fort peu nombreuses, elles compensent cette lacune par leur implication dans l’action, et par l’intensité et la fréquence de leurs vociférations.
Le match se déroule. Les supporters, frustrés, tendus, commencent à insulter les joueurs. Ceux de l’équipe adverse, mais aussi ceux de leur propre équipe.
Cris de singes lorsqu’un basané touche le ballon.
Salut nazi lorsqu’un joueur du PSG (blanc) traverse toute la pelouse ballon au pied, feintant l’adversaire.
J’ai l’impression très étrange d’avoir basculé dans une autre dimension. Le brouhaha emplit mes oreilles, je ne suis plus, je suis sonnée, en complet décalage, debout quand il faut s’asseoir, muette quand il faut crier… J’observe le fanatisme ambiant avec un étonnement mêlé d’effroi. Pas pour moi, mais de savoir que des gens comme ça existent.
Le match se termine. Heureusement pour mes côtes, qui ont souffert de quelques contusions. Je reprends mon souffle, je me rend compte à présent que je l’ai retenu durant tout le match. Ou presque.
Je fais la queue pour récupérer ma ceinture. Ca dure des plombes, ce qui me permet de reprendre mes esprits.
En sortant du stade, les flics dispersent à coupe de bombes lacrymogènes et de lances à eau les dernières bandes qui viennent de se bagarrer. J’ai au moins évité ça.
Je suis rentrée chez moi, toujours légèrement sonnée, mais finalement contente de cette expérience. En me jurant, mais un peu tard, qu'on ne m'y prendrait plus!
A bientôt mon p’tit clou !
PS : En Bretagne, hier, une buse s’est retrouvée coincée avec le pigeon qu’elle poursuivait dans une agence immobilière… En même temps, des buses et des pigeons, dans les agences immobilières, c’est pas nouveau, je ne suis pas sûre qu’il y ait matière à un article…