Le Grand Meaulnes, Alain-Fournier

Par Craklou
Lors de mon dernier séjour à la campagne, je flânais devant ma bibliothèque "de quand j'étais encore chez mes parents" pour trouver mon classique d'avril, et je suis tombée sur ce roman, que j'avais lu en 4e pour la classe. Honte à moi, je n'avais rien compris à la beauté du récit, que j'avais dévoré en trois heures pour en finir le plus vite possible. C'est seulement arrivée aux dix dernières pages que j'avais vaguement eu la sensation d'être passée à côté de quelque chose... J'avais donc dans l'idée de le relire avec quelques années de maturité de plus depuis un certain temps, mais je n'en avais jamais eu particulièrement l'occasion. Jusqu'à maintenant!

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À la fin du XIXe siècle, par un froid dimanche de novembre, un garçon de quinze ans, François Seurel, qui habite auprès de ses parents instituteurs une longue maison rouge - l'école du village -, attend la venue d'Augustin que sa mère a décidé de mettre ici en pension pour qu'il suive le cours supérieur : l'arrivée du grand Meaulnes à Sainte-Agathe va bouleverser l'enfance finissante de François...
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C'est avec délices que je me suis plongée dans ce roman dont je ne gardais, si ce n'est l'ombre d'une ambiance, pas grand chose, il faut bien le reconnaître...
L'ambiance un peu vieillotte, de l'école primaire attenante à la mairie, des gamins jouant dans la cour, les deux élèves retenus chaque soir pour balayer le plancher, la famille d'instituteurs qui vient se chauffer le jeudi, jour de repos, auprès du poêle de la salle de cours... J'ai trouvé tout cela délicieux ; vraiment, on s'y croirait !
Les descriptions de la Sologne de François Seurel, si elles sont en parties imaginaires, représentent pourtant tout ce que j'imagine de cette région que je connais peu ; et on ne cesse de rêver y être, à ce promenades estivales nocturnes, à ces parties de plaisir campagnardes...
Les personnages sont simples, du moins assez caractéristiques, mais s'effacent en fait devant le mystère qui les entoure : du narrateur qui rapporte les faits au lecteur de façon décalée, comme laissant échapper un secret qu'il a trop longtemps gardé pour lui, aux aventures de Meaulnes, en passant par l'étrange histoire de Franz de Galais... Rien de véritablement Fantastique, mais cela ne passe pas très loin, du moins dans la première partie, lors du récit de la fête mystérieuse par Augustin. Le récit est dans son ensemble entouré d'une aura d'irréel, qui fait que l'on y entre et l'on en sort comme d'un rêve, celui de l'enfance du narrateur.
J'ai adoré ces histoires d'amitié, et d'amour entrecroisées, simples, bien que mystérieuses, et l'attachement de chacun des personnages pour les autres est une belle leçon d'humanité. Un vrai coup de coeur !!