La malédiction de Kafka d'Achmat Dangor

Par Sylvie

AFRIQUE DU SUD

Editions Mercure de France, 1997
Un auteur intéressant à découvrir puisqu'il s'agit d'une voix métisse faisant parler les Africains du Sud musulmans, les descendants des esclaves malais. A la parution de ce roman en 1997, la critique a parlé d'une "fable politico-immorale à la Salman Rushdie".
Les portes d'entrée de ce récit sont en effet multiples. A travers l'histoire d'un certain Omar, indien métis musulman, qui devient Oscar, juif et blanc, l'auteur imagine une malédiction de la métamorphose (d'où le titre kafkaïen) qui pèse sur plusieurs générations d'hommes d'une même famille qui se sont éloignés de leur condition originelle.
Après le temps de l'ascension sociale, vient le temps du déclin et de la malédiction surnaturelle. Ainsi, le dénommé Oscar se pétrifie, devient arbre et poussière...
Le récit prend des allures de conte oriental fantastique : des femmes toutes puissantes qui ensorcellent les hommes, sexualité débridée, senteurs d'épices, de prières et de damnation...
Chacun prend la parole dans ce récit polyphonique : les mères, les soeurs, les grands-mères, les amantes.
Lorsque les mais et les frères ont des problèmes psychanalytiques, il faut se méfier du pouvoir mystérieux des femmes...
Un récit truffé de mots afrikaans ou musulmans qui donne une écriture très vivante et colorée. L'humour et la fantaisie priment même si le fonds du propos souligne les blessures d'une population métisse en mal d'identité.