On est parfois injuste Dans ma ha

Publié le 28 mars 2010 par Hrvatska

On est parfois injuste

 

Dans ma haine je suis parfois injuste. C'est pourquoi je voudrais revenir sur la note précédente, où je prétends qu'à l'époque les membres du HDZ s'étaient emparés du pouvoir parce qu'ils avaient été ceux qui avaient aboyé le plus fort et que dans le cas de Kosor elle l'avait fait à la radio. 

Ce n'est pas tout à fait exact et il serait plus juste de dire que Jadranka Kosor est entrée dans le cercle du pouvoir parce qu'elle avait été la meilleure pour glapir et non pas pour aboyer.

Je m'explique :

On sait que dans les débordements du nationalisme il existe toujours deux faces qui sont les deux faces d'une même monnaie, même si toutes les deux n'ont pas la même valeur. 

En effet, d'une part vous avez l'agression perpétrée contre autrui, qui se traduit par des dommages concrets et injustifiables que vous lui infligez, et de l'autre vous avez l'auto-victimisation, qui est en fait la justification que vous voulez (ou pouvez) donner à vos propres actes.

On voit tout de suite que ces deux faces ne sont pas équivalentes et que par débordements nationalistes tout le monde pense d'abord, voire exclusivement, au premier aspect du phénomène, c'est à dire l'agression commise contre la personne d'autrui. Naturellement ce deuxième aspect mérite d'être placé en premier lieu car il est condamnable. Parfois il reste impuni, parfois il ne l'est pas. Tout dépend du rapport des forces. Il ne reste pas impuni lorsque l'agresseur a le malheur de tomber sur plus fort que lui et qu'il est renvoyé devant la justice pour s'expliquer dans ce cadre de procédure. C'est ainsi qu'au cours de l'histoire ont parfois été créés des tribunaux tels que celui de Nuremberg ou encore celui de La Haye.

En revanche, le deuxième aspect du débordement nationaliste, l'auto-victimisation, pour aberrante qu'elle puisse parfois être, n'est tout simplement pas condamnable sur le plan pénal. Ce qui ne veut pas dire que cet aspect n'est pas hautement méprisable et donc condamnable sur le plan moral. En effet, tout un chacun a parfaitement le droit d'estimer être l'éternelle victime de la scélératesse de ses ennemis jurés (le complot sioniste pour les nazis, Al-Qaida pour l'Amérique de George Bush, les terroristes albanais pour la Serbie de Milošević, etc., etc.)

Notons justement que ce qui vaut pour des nations ou des groupes ethniques vaut également pour les individus particuliers. Prenons un cas extrême en guise d'exemple : celui de Dutroux. Ce monstre a effectivement été condamné pour les actes qu'il a commis contre autrui et non pas parce qu'il a l'outrecuidance de se considérer comme une victime, celle qui ne voit que les torts qu'on lui fait (une société ne l'ayant jamais épargné, un procès injuste, une mère injuste, etc.). Même si tout cela ne fait qu'aggraver son cas (et que bien des gens lui mettraient une balle dans la tête rien que pour cette raison), il n'en reste pas moins que c'est le droit le plus strict de Dutroux de voir les choses de cette façon. Je répète, son droit le plus élémentaire, du moins sur le plan légal.

Maintenant que vient faire Kosor dans cette histoire ? (Vous remarquerez que dans ma démonstration je la place juste après Dutroux, yeak, yeak...). 

Justement la caractéristique de Kosor, qui est aussi celle de sa personnalité, est qu'elle a toujours joué sur le second tableau. Cette caractéristique est en même temps l'explication de sa présence actuelle aux plus hautes fonctions de l'Etat. Jamais elle n'aurait été acceptée, ou acceptable, au yeux des Européens si son "dossier" comportait de trop lourdes pièces en matière de discours haineux. Justement elle a été très prudente, elle s'est montrée plus astucieuse que bien d'autres.

Toute son habilité a consisté à exceller dans le discours victimaire et non pas dans le discours haineux. Et il est vrai que Jadranka Kosor a commencé ses armes à la radio lorsqu'elle livrait des bulletins cherchant à réconforter les pauvres populations croates soumises à une méchante agression extérieure.

Plus tard, elle n'a jamais cessé ce discours et elle l'a au contraire étoffé. Une fois promue politicienne, Jadranka Kosor a continué les jérémiades mais en y ajoutant après les événements guerriers une nouvelle compassion envers les ex-combattants, autrement dit les anciens combattants (dont elle en a d'ailleurs créé plus de 500.000*).

Au fil du temps cette politicienne en continuant sur cette lignée, en faisant vibrer la note émotionnelle et larmoyante, est parvenue à se bâtir une image de noble personnalité au grand coeur toujours prête à venir en aide aux plus démunis. On sait désormais qu'il ne s'agissait que de populisme dévergondé qui fait que la Croatie en est aujourd'hui là où elle en est.

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* Encore une petite correction que je me dois d'ajouter par rapport à la note précédente, car il semblerait que la barre psychologique des 500.000 personnes bénéficiant du statut d'ancien combattant ait malgré tout été dépassée.