Critiques en vrac 21: Ma Vie en l’Air – Case 39 – Légion – A Perfect Getaway

Par Geouf

Ma Vie en l’Air

France, 2005
Réalisation : Rémi Bezançon
Scénario : Rémi Bezançon
Avec : Vincent Elbaz, Marion Cotillard, Gilles Lellouche, Elsa Kikoïne, Tom Novembre

Résumé : Parce que sa mère a accouché de lui en plein vol, Yann (Vincent elbaz) fait partie des rares personnes à bénéficier d’un billet d’avion gratuit à vie. Mais Yann a une peur panique de l’avion. C’est d’ailleurs parce qu’il n’a pas eu le courage d’aller la voir en Australie que Charlotte (Elsa Kikoïne), la femme de sa vie, lui a échappé lorsqu’il avait 20 ans… alors depuis 10 ans, Yann passe de conquête en conquête en espérant un jour trouver celle qu’il lui faut. Mais aucune n’arrive à la cheville de Charlotte. Jusqu’au jour où Alice (Marion Cotillard) s’installe dans l’appartement d’à côté…

Les comédies romantiques françaises réussies sont si rares qu’il convient de célébrer dignement l’événement quand enfin on tombe sur la perle rare. Dans les années 2000, il y a eu L’Auberge espagnole et surtout sa suite, Les Poupées Russes, mais aussi cet excellent Ma Vie en l’Air, premier film de Rémi Bezançon. Ma Vie en l’Air c’est en gros l’antithèse des comédies « à la française » comme on en voit des centaines débouler tous les ans sur les écrans. Non, le héros n’est pas un bobo parisien écrivain ou scénariste ou autre profession « poétique », il est ingénieur. Non, il ne vit pas dans un immense appartement en plein cœur de Paris, mais dans un appartement normal, en coloc avec son meilleur ami. Non, les acteurs ne surjouent pas des textes tarabiscotés et artificiels écrit par quelqu’un qui n’a de toute évidence jamais parlé avec des gens normaux. Et enfin non, les personnages ne passent pas leur temps à s’interroger sur la métaphysique de leur nombril. Non, Ma Vie en l’Air n’est rien de tout ça. C’est une comédie vraiment drôle, avec des personnages attachants, une histoire simple mais crédible, bref un film qui vous met du baume au cœur tout simplement. Bezançon reprend bien entendu pas mal d’idées classiques du genre (le super pote envahissant, le héros qui foire son coup avec la fille qu’il aime, avant de faire amende honorable), mais avec une spécificité et un style typiquement français. Toujours pertinente et bien pensée, la réalisation fait même preuve d’inventivité à plusieurs moments (les scènes dans le simulateur, le flashback sur la boîte aux lettres) et évite la platitude inhérente au genre. Enfin, les acteurs sont tous excellents, à commencer par le couple Vincent Elbaz et Marion Cotillard (toujours aussi craquante bien que le blond ne lui aille pas trop). Mais celui qui tire le plus son épingle du jeu, c’est bien Gilles Lellouche (décidément un acteur à suivre), qui assure dans le rôle du meilleur pote lourdingue et envahissant, en parvenant à apporter pas mal de finesse et d’humanité à un personnage qui aurait facilement pu tomber dans la caricature.

Ma Vie en l’Air est un vrai bol d’air frais qui prouve que les Français sont parfois aussi capables de concurrencer les Américains sur leur propre terrain, et fait oublier les ratages ridicules comme Quatre Etoiles ou Hors de Prix par exemple.

Note : 8/10


Case 39

Etats-Unis, 2010
Réalisation : Christian Alvart
Scénario : Ray Wright
Avec : Renee Zellweger, Jodelle Ferland, Bradley Cooper, Ian McShane

Résumé : Emily (Renee Zellweger) est une assistante sociale dévouée, entièrement focalisée sur l’aide qu’elle peut apporter aux enfants dont elle s’occupe des cas. Lorsqu’elle sauve la petite Lily (Jodelle Ferland) alors que ses parents tentaient de l’assassiner, un lien se crée entre elles. Emily décide donc de l’accueillir chez elle le temps que les services sociaux lui trouvent une famille d’accueil. Mais elle va bien vite découvrir que les parents de Lily avaient une bonne raison de vouloir se débarrasser de leur progéniture…

Après le sympathique Pandorum l’an dernier, le réalisateur allemand Christian Alvart persiste dans le cinéma de genre, s’attaquant ce coup-ci au registre ultra classique du gosse flippant. Un genre décidément en vogue, puisqu’on a déjà eu droit l’an dernier au formidable Esther de Jaume Collet-Serra. Mais malheureusement, Case 39 est très loin d’égaler cette récente réussite. Ce serait même plutôt le contraire.

Case 39 se révèle en effet rapidement être un film d’horreur poussif empilant les clichés sans aucune originalité. Le déroulement du film est prévisible du début à la fin, celui-ci suivant peu ou prou la trame de La Malédiction, le talent en moins. Donc évidemment la gamine se révèle démoniaque, et bien entendu elle va éliminer méthodiquement à distance tous les amis de l’héroïne pouvant se mettre en travers de son chemin. Le visionnage du film se révèle être un vrai calvaire tant il peine à générer la moindre tension et à ne serait-ce que surprendre le spectateur. Même les mises à mort des protagonistes secondaires sentent le déjà vu cinquante fois : l’attaque d’insectes façon Amityville, l’attaque de chiens style La Malédiction ou Suspiria, etc. Renee Zellweger (dont on se demande bien ce qu’elle vient faire là-dedans) tente de sauver les meubles avec conviction, mais peine à rendre son personnage crédible. Il faut dire qu’elle n’est pas non plus aidée par un script multipliant les incohérences et trous béants: du genre « bon ben la seule façon de tuer la gamine, c’est de la brûler (étonnant pour un démon), et puis au final ah ben non, la noyer ça fonctionne aussi » (désolé pour avoir spoilé la fin au passage). Jodelle Ferland se spécialise de son côté dans les rôles de gamine bizarre, après Kingdom Hospital et Tideland, ce qui n’est pas vraiment de bonne augure pour la suite de sa jeune carrière. Seule éclaircie au tableau, la présence du toujours charismatique Ian McShane dans le rôle de l’ami flic de l’héroïne. C’est bien peu, et malheureusement cela ne suffit pas à sauver le film du désastre…

Case 39 n’est pas spécialement exécrable, c’est juste un énième film d’horreur de gros studio (ici Paramount): paresseux, sans intelligence, sans saveur, sans originalité, se contentant du minimum syndical, ce qui le rend purement agaçant.

Note : 3/10


Légion

Etats-Unis, 2010
Réalisation : Scott Stewart
Scénario : Peter Schink, Scott Stewart
Avec : Paul Bettany, Dennis Quaid, Tyrese Gibson

Résumé : 23 décembre. Fatigué de voir ses ouailles s’entredéchirer, Dieu a décidé de passer l’éponge et de se débarrasser de l’Humanité une bonne fois pour toutes. Il envoie ses anges sur Terre pour faire le ménage sans pitié. L’archange Michel (Paul Bettany), chargé de guider les armées célestes, se rebelle et décide de sauver l’humanité en protégeant la mère du nouveau messie qui doit naître très prochainement. Retranchés dans un bar perdu dans le désert avec quelques autres survivants, ils vont devoir repousser l’armée de Dieu s’ils veulent que l’Humanité ait un futur.

Réalisé par un expert des effets spéciaux, Legion est une sympathique petite série B permettant de passer un très bon moment. Sur un pitch prometteur (Dieu, fatigué des Humains, a décidé de se débarrasser d’eux en envoyant ses anges les détruire), machin construit un huis clos apocalyptique plutôt efficace. Sans grande originalité (on pense pas mal à The Mist et surtout au très fun Feast), mais avec humilité, il réussit à divertir 90 minutes durant. On ressent bien entendu assez vite les limitations du budget (surtout après l’excellente intro montrant l’arrivée de l’Archange Michael sur Terre), mais si on passe outre certaines incohérences (dont la raison pour laquelle les anges ne se ruent pas en masse sur le lieu de l’action pour tout détruire, vu qu’ils sont en surnombre), le film se laisse très bien regarder. Les personnages sont tous campés par des acteurs solides (mis à part peut-être le héros, à l’air légèrement bovin) donnant du charisme (à défaut d’épaisseur) à des personnages archétypaux. Paul Bettany assure avec classe dans le rôle de l’archange Michael, Dennis Quaid est toujours aussi à l’aise dans un rôle de bougon au grand cœur, et Tyrese Gibson apporte de la force à un personnage malheureusement un peu trop vite sacrifié. Les péripéties se succèdent sans trop de temps mort, et quelques bonnes idées originales émaillent le film (la baston entre les deux archanges, la grand-mère « monte en l’air », l’ange araignée).

Bref, Légion ne révolutionnera pas le genre, mais constitue un bon divertissement et fait passer très agréablement le temps. Une bonne petite série B du samedi soir comme on aimerait en voir plus souvent.

Note : 6/10


A Perfect Getaway

USA, 2009
Réalisation : David Twohy
Scénario : David Twohy
Avec : Steve Zahn, Milla Jovovich, Timothy Olyphant, Kiele Sanchez

Résumé : Fraichement mariés, Cydney (Milla Jovovich) et Cliff (Steve Zahn) passent leur lune de miel sur l’archipel d’Hawai. Partis pour une randonnée sur une des îles les moins fréquentées, ils se lient d’amitié avec un autre couple, Nick (Timothy Olyphant) et Gina (Kiele Sanchez) et décident de faire route avec eux. Mais ils ne tardent pas à apprendre que la police recherche un jeune couple, suspecté d’avoir commis un double meurtre particulièrement brutal sur une des autres îles. Et devant le comportement de plus en plus étrange de Nick, Cydney et Cliff commencent à sérieusement s’inquiéter…

On était sans nouvelles du très bon réalisateur David Twohy depuis le semi échec public de son pourtant très honnête Les Chroniques de Riddick, sorti il y a déjà cinq ans. Mais heureusement, le talentueux réalisateur n’avait pas abandonné le cinéma et revient avec A Perfect Getaway, petit thriller plutôt enthousiasmant, à défaut d’être parfait. Officiant comme à son habitude à la fois en tant que scénariste et réalisateur, Twohy s’offre une petite récréation avec ce film, avant d’attaquer la suite des aventures du légendaire Riddick.

La première moitié du film suit des sentiers assez balisés, empruntant beaucoup aux classiques du genre comme Hitcher ou Calme Blanc, mais Twohy parvient tout de même à maintenir un certain suspense en multipliant les fausses pistes. Il en profite pour filmer avec amour la magnifique nature sauvage de l’île, à tel point que le film ressemble parfois plus à un épisode d’Ushuaia qu’à un classique thriller.

Mais c’est surtout grâce à son audacieux twist dans le dernier tiers du métrage que Twohy parvient à remporter le morceau. Impossible de le révéler ici sans ruiner l’intérêt du film, mais disons tout de même que Twohy réussit à parfaitement gérer un retournement de situation extrêmement casse-gueule. Le mérite revient d’ailleurs en grande partie au quatuor d’acteurs de tête, qui réussissent à faire passer la pilule avec un naturel confondant. On saluera à ce propos les qualités de directeur d’acteurs de Twohy, qui parvient à donner son meilleur rôle à ce jour à Milla Jovovich et à rappeler que quand il s’en donne la peine, Timothy Olyphant peut être un sacrément bon acteur. Le dernier acte carbure à plein pot et la caméra du réalisateur se fait plus énervée, celui-ci faisant preuve d’une maîtrise des scènes d’action beaucoup plus développée que dans son précédent film.

Après ce retour prometteur, difficile de ne pas attendre avec grande impatience ses retrouvailles avec le personnage de Riddick. En espérant que le film ne tarde pas trop à entrer en production…

Note : 7/10


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