Du rififi à l’UMP : Bernard Accoyer «traité» par le villepiniste Jean-Pierre Grand…

Publié le 28 mars 2010 par Kamizole

Prenez-vos billets… Le spectacle ne fait que commencer ! Dans tous les partis politiques l’échec appelle la curée. Ce fut le cas l’été dernier dans la famille socialiste après la pâtée des élections européennes. A qui jetterait la dernière pelletée de terre sur le cercueil du Parti socialiste. La déculottée de l’UMP des 14 et 21 mars 2010 ne saurait échapper à la règle : règlements de comptes au-dessus du sarkophage !

Les centristes avaient ouvert le bal le 23 mars 2010 selon ce que j’avais lu sur 20 minutes Entre le Nouveau Centre et le gouvernement, il y a de l’eau dans le gaz : «Les députés centristes ont quitté l’Assemblée nationale pour protester contre François Fillon qui a snobé leur question…».

J’avais déjà assez rigolé en entendant sur France Info Dominique Paillé – le second porte-flingue de l’UMP avec Frédéric Lefebvre – déclarer que les critiques de Villepin lors de l’annonce de la création son mouvement politique – il se garde bien de dire “parti” pour ne pas se mettre totalement en dehors de l’UMP – étaient inspirées par la seule volonté de nuire… Evidente réponse du berger à la bergère qui ne souhaitait rien moins qu’accrocher son rival au désormais fameux «croc de boucher» !

Aujourd’hui, Dominique Paillé monte à nouveau au créneau contre le député villepiniste Jean-Pierre Grand – tiens ! Nicolas Sarkozy n’a pas pensé à lui donner quelque strapontin ou hochet ? – Qui a osé traiter Bernard Accoyer de «cire-pompes» et «plus mauvais président de l’assemblée nationale de la Ve République»… Rien de moins ! 20 minutes titrera non sans raison ce matin : Accoyer traité de «cire-pompes», ça provoque du rififi à l’UMP :

L’UMP est «choqué par les propos insultants» du député villepiniste Jean-Pierre Grand à l’encontre du président de l’Assemblée, Bernard Accoyer, estimant que «ce type de comportement dans une même famille politique est inacceptable» (…) «Pierre Grand, plutôt que de manier l’invective à l’égard des siens, serait sans doute mieux inspiré de ne pas atteindre à travers son président l’institution à laquelle il appartient» (…) «il devrait savoir que tout ce qui est excessif et blessant est forcement inutile et dégradant pour celui qui s’y livre».

Dixit Dominique Paillé. Je connaissais plutôt «tout ce qui est excessif est insignifiant»… mais ne chipotons pas. Dominique Paillé n’est pas tenu de connaître Talleyrand. Dommage pour lui car nombre de citations du “diable boiteux” pourraient lui servir utilement de vademecum politique… Quand bien même nous aurait-il prévenus : «L’esprit sert à tout, mais il ne mène à rien»… Ce qui n’est d’ailleurs d’aucune conséquence pour Dominique Paillé et Frédéric Lefebvre lesquels sont absolument dénués du moindre gramme de cette qualité.

Dominique Paillé frise l’obséquiosité en ne craignant pas d’affirmer : «Bernard Accoyer est un grand président de l’Assemblée Nationale» et surtout en ajoutant : «C’est sous son magistère qu’a été notamment adoptée et mise en oeuvre la réforme constitutionnelle qui donne au Parlement davantage de pouvoirs et de présence dans l’élaboration de la politique nationale et dans la vie démocratique du pays»

Première sarkonnerie : on connaît l’usage que fait Nicolas Sarkozy des pseudos pouvoirs du Parlement… Quand il “tord littéralement les bras” des députés et sénateurs de la majorité pour qu’ils adoptent des lois avec lesquelles certains sont en total désaccord, n’hésitant pas à faire revoter l’Assemblée nationale ou le Sénat pour cela.

La seule qualité que je reconnaîtrais à Bernard Accoyer – il faut être juste dans la critique pour être crédible – c’est d’avoir souventes fois cherché à arrondir les angles et freiner les tentatives de l’UMP de totalement museler l’opposition, en cherchant un juste équilibre entre les droits des uns et des autres.

Cette attaque n’est pas venue par hasard : elle répondait à une interview donnée par Bernard Accoyer au Figaro le 26 mars 2010 «Le seul pacte qui compte, c’est celui de 2007». Et notamment à la première question de Philippe Gouyaud et Sylvie Huet : «Dominique de Villepin crée son propre parti politique. Que pensez-vous de sa démarche ?» Ce à quoi Bernard Accoyer a répondu : «Dominique de Villepin n’a jamais été élu. Par ses conseils et par ses actes, il ne s’est jamais vraiment illustré sur le terrain politique. Doit-il venir troubler le nécessaire rassemblement de la majorité ?».

Le reste de l’interview est à l’avenant… Nulle critique contre la politique et les décisions de Nicolas Sarkozy : “le chef a dit”… Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ou si l’on préfère : «Tout va très bien Madame la marquise»… quand bien même l’écurie – présidentielle – serait-elle déjà à feu et à sang.

Si Dominique Paillé voulait bien méditer les leçons de Talleyrand pour comprendre l’échec des régionales, il devrait commencer par celle-ci : «Les mécontents, ce sont des pauvres qui réfléchissent»«Si cela va sans dire, cela va encore mieux en le disant» ! n’est-il pas ? Et se souvenir d’Henri de Rochefort : «La France a 36 millions de sujets, sans compter les sujets de mécontentement» ! Ce qui était vrai pour le journaliste républicain en 1868, l’est évidemment bien plus encore quand la France compte plus de 60 millions de citoyens, guère mieux traités que des «sujets» !

En effet, comment ne pas pointer cette seconde sarkonnerie : ce fameux «pacte» avec les électeurs ?

Bordel de merde ! Putain-con ! Comment peut-on être à un tel point aussi dénué de bon sens politique ? Combien de temps vont-ils nous ressortir ces fameux 53 % d’électeurs ? Il n’y a qu’avec le Diable qu’un «pacte» ne puisse être rompu… La politique de Nicolas Sarkozy est claire comme l’eau de roche : «Tout le pouvoir aux soviets financiers et multinationales» et le peuple peut bien crever sous le poids des sacrifices qu’on lui impose au nom de l’ultralibéralisme déjanté… «Les financiers ne font bien leurs affaires que quand l’Etat les fait mal» (Talleyrand).

Les Français ne sont plus 53 % à plébisciter Nicolas Sarkozy dans “ses pompes et ses oeuvres” et nous sommes désormais bien loin des aberrants 66 % d’opinions favorables de l’été 2007.

Le président «bling-bling» qui dépense sans compter l’argent des con…tribuables, le «bouclier fiscal» intangible malgré les difficultés et les efforts demandés au vulgum pecus, la triple crise financière, économique et sociale, le chômage en constante hausse depuis le début 2009 et le pouvoir d’achat en berne, les cadeaux aux banques et constructeurs automobiles, les scandales de la République bananière népotiste et clientéliste sont passés par là. La “Maison Sarko & Cie” ne fait plus recette… surtout pas électorale.

D’élections en élections – car le prétendu satisfecit des élections européennes était rien moins qu’un échec : 25 % de suffrages avec 60 % d’abstentions, c’est peanuts ! – que ce fût lors des municipales de 2008 ou la belle pâtée que voilà il y a quelques jours aux élections régionales, nous assistons à un désaveu formidable - et personnel ! - de la politique de Nicolas Sarkozy.

Qui se traduit également par la chute libre dans les sondages d’opinion : il vient de perdre 6 % d’un coup… désormais ce sont seulement 30 % des Français qui lui feraient confiance. L’étiage normal de l’ex-RPR, entre 25 et 30 %. «Si les gens savaient par quels petits hommes ils sont gouvernés, ils se révolteraient vite»… Toujours Talleyrand !

Combien de temps espère-t-il museler la grogne dans ses rangs ? Les prétendants – de François Fillon à Jean-François Coppé en passant par Xavier Bertrand – pourraient bien aiguiser leurs dents en même temps que leur appétit de pouvoir. Et François Fillon de méditer cet autre aphorisme de Talleyrand : «Le meilleur moyen de renverser un gouvernement c’est d’en faire partie». Avant que le “sauve qui peut” ne devienne général ?