Georges flipo : interview exclusive !

Par Geybuss

Bonjour,

Hier, je vous présentais le dernier livre, le premier policier, et le non moins exellent livre  de l'auteur Georges Flipo, La commissaire n'aime point les vers.
Monsieur Flipo a accepté avec gentillesse, rapidité et humour de répondre à mes questions.... Et comme nous évoquons un roman policier, mon interview a pris cette fois-ci la forme d'un interrogatoire "musclé !" mené de mains de maîtres par les deux personnages principaux de cette histoire : La commissaire Viviane et le lieutenant Monot.
Voici...
 

 Viviane : Bien alors, monsieur Flipo, vous voici en garde à vue le temps que vous répondiez à nos questions. Pour commencer, nom, prénom, adresse et métiers, car vous savez bien, Monsieur Flipo, qu'écrire des livres est une lubie, pas un métier !!!

GF : Mais, c’est un traquenard ! On m’avait promis une charmante discussion avec une certaine Géraldine, peut-être même une part de son gâteau d’anniversaire, et je me retrouve face à une commissaire et à son lieutenant qui m’invitent à me mettre à table. Bon, puisque vous y tenez : Flipo, Georges Pierre César Marie Joseph, demeurant à Clamart, consultant en stratégies de communication, nouvelliste pour la radio quand la radio lui commande des nouvelles, et écrivain.

En ce qui concerne la lubie, je précise que ma vraie lubie c’est justement de faire de l’écriture mon métier.



Viviane : Mais cette idée de m'inventer et de faire de moi le personnage principal d'un roman policier vous est venue quand et comment ?

GF : D’une discussion avec une femme : les femmes ont beaucoup trop d’influence sur moi, je l’avoue. Je voulais changer des héros masculins, car certains lecteurs perfides prétendaient y voir mon autoportrait, ce qui est vexant quand on décrit des loosers glorieux. Je voulais donc une femme commissaire, mais pas superstar. Une vraie femme, une héroïne pas héroïque. On m’avait suggéré Christine Boutin, je l’ai rendue plus explosive, plus jouisseuse.


Monot : L'intrigue de nos aventures tournent autour d'un sonnet a priori inédit et authentique de Baudelaire. Pourquoi Baudelaire et pas un autre poète ? Vous fascine t-il particulièrement ?

GF : J’aime aussi Verlaine, Apollinaire, Hugo, Banville, Ronsard. Mais je mets Baudelaire au-dessus de tout, même si le personnage m’exaspère : il me fascine, par son esthétique, sa sensualité, sa musique. C’est le seul que je me sentais capable d’imiter. Enfin, capable... hum, on se comprend.

Viviane : Oui, c'est vrai, vous auriez plus choisir un poète plus récent, comme Gainsbourg ou Bashung. Tout le monde les connaît ceux là, alors que Baudelaire, c'est fini, ringard, plus personne n'en parle. En plus, vous en avez profiter pour me faire passer pour une inculte : justifiez vous !

GF : Nous avons les mêmes goûts, j’aime vivement Gainsbourg et Bashung. Mais je les considère d’abord comme d’excellents paroliers-musiciens-chanteurs, c’est déjà beaucoup. De plus, il me fallait un poète disparu depuis longtemps pour que les hésitations sur l’authenticité de l’inédit soient plus plausibles.

Je vous trouve sévère avec Baudelaire, il reste actuel, la sensualité est toujours d’actualité. Voulez-vous que je vous récite « Les bijoux » ? Je vous préviens, commissaire, je vous mettrai dans un état... un état ! Cela dit, vous n’êtes pas inculte : durant l’enquête, chez la graphologue, vous découvrez « La servante au grand coeur » et vous tombez en admiration. La vraie inculture ce n’est pas l’ignorance, c’est le refus de découvrir.


Monot : Je voudrais comprendre Monsieur Flipo, lorsque vous avez pris la plume pour commencer à rédiger notre enquête, vous avez avancé à petits pas sans trop savoir où tout cela allait vous mener ou aviez vous déjà une idée de comment se résoudrait l'enquête, bref, saviez-vous déjà qui était le ou la coupable ? Si vous le saviez, pourquoi ne pas nous l'avoir dit plutôt !??

GF : Je savais très bien où j’allais vous mener, lieutenant, mais c’est vous qui m’avez fait changer d’avis en route. La conclusion était trop complexe, j’ai réorienté l’intrigue - sur le conseil d’une femme, encore une fois, mais pas la même. Et, avec du recul, le résultat est meilleur. Heureusement que je ne vous en ai rien dit, vous vous seriez égarés avec moi.


Viviane : Dans tout ça Monsieur Flipo, il semble que vous m'ayez pris en grippe dès le début ? Pourquoi avez vous fait de moi une femme serrée dans son tailleur et obsédée des régimes 0% avec barre de chocolat ? Vous ne m'avez pas fait de cadeau, pourquoi ?

GF : Oh, commissaire, comment pouvez-vous être aussi aveugle ? Ne comprenez-vous pas les tendres sentiments que je nourris pour vous ? Vous êtes une femme blessée, en souffrance, pleine d’affection refoulée mais si attirante. En vous décrivant, je pensais souvent à une copine de la pub pour laquelle j’ai beaucoup d'amitié : elle est votre portrait, à la coiffure près. Quand je devais décrire vos réactions, vos coups de blues, vos fureurs, quand je devais caler vos dialogues, c’était elle que j’imaginais, et le clavier écrivait tout seul. C’est peut-être pour ça que Viviane, avec tous ses défauts, sonne vrai – c’est en tout cas ce qu’on me dit. Si je vous avais fait « des cadeaux » vous auriez été aussi insipide qu’un dessert Weight Watchers.



Viviane : Au fait Monsieur Flipo, savez vous pourquoi vous êtes ici, à subir cet interrogatoire ? Pensez vous être témoin, suspect, coupable ? Si oui de quoi ?

GF : Disons que je suis témoin non-engagé. Le regard de mes héros décrit une société, de façon d’ailleurs contradictoire : le lieutenant Monot vient même reprocher à sa commissaire d’être « trop franchouillarde ». J’ai cependant voulu évoquer les relations entre la police et la presse, la dérive des médias qui se veulent à la fois témoins et procureurs. Je l’ai fait sur le mode de l’humour pour éviter d’être tragique.

Et le lecteur en pensera ce qu’il voudra. Il haussera les épaules en disant « C’est pour rire », ou il les fléchira en ajoutant « C’est quand même vrai ».



Monot : Quelles relations entretenez vous avec vos complices du milieu littéraire ?

GF :

Je compte quelques amis, plus récents mais déjà chers, dans le monde du roman. Et je n’ai que deux ou trois amis dans ce nouveau monde du roman policier. Dont une qui compte pour dix.



Viviane : Maintenant que votre renommée va grandissant, écrire devient-il plus difficile ou plus facile ? Devez-vous continuer à frapper aux portes pour trouver éditeurs où cette contrainte vous est elle dorénavant épargnée ?

GF : Vous surestimez ma renommée ; elle ne rend pas mon écriture plus facile, mais plus confiante : quand j’écris un livre, je sais qu’il trouvera preneur, et je me donne le mal qu’il faut pour cela. Cela dit, je continue à « frapper aux portes » ou plus exactement à envoyer par la poste, (c’est plus facile) quand un manuscrit ne séduit pas chez mon ou mes éditeurs. C’est comme ça que j’ai eu le bonheur d’entrer à La Table Ronde. À mes débuts, j’envoyais mes manuscrits à 30 ou 40 éditeurs ; maintenant, c’est à 3 ou 4. Mais toujours par la poste : je n’ai aucun « réseau », sinon celui des facteurs.



Monot : Quel regard portez vous sur votre succès ? Cela vous rajoute-t-il une pression supplémentaire lorsque vous écrivez ? L'écriture vous laisse t-elle encore du temps à consacrer à vos autres passions. D'ailleurs, quelles sont elles ?

GF : Un regard très prudent, car on ne peut pas encore parler de succès. Le succès, ce sera quand chacun de mes livres trouvera 20.000 lecteurs. L’entrée dans le monde du roman policier et le soutien des blogs m’y aideront peut-être. Cela dit, je ne suis pas prêt à écrire n’importe quoi pour les trouver, c’est une pression que je refuse.

L’écriture me laisse du temps pour d’autres passions, mais je l’utilise mal : même quand je n’écris pas, l’écriture « me vide ». La seule autre passion, où je puisse couper avec l’écriture, c’est le voyage.


Monot : Quels sont les trois derniers livres que vous avouez avoir particulièrement appréciés ?

L’intégrale des nouvelles de Pirandello, Les mystères de Buenos Aires, de Manuel Puig et Service des affaires inclassables, de John Dickson Carr.



Viviane : Bien, merci Monsieur Flipo pour votre coopération. Manifestement, nous ne pouvons rien retenir contre vous, vous êtes donc libre. Vous pouvez rentrer chez vous. Un conseil, profitez en pour me remettre en selle dans d'autres aventures. Même si je ne suis pas très douée pour les communications médiatiques, une renommée à la Miss Marple par exemple me plairait bien !
GF : Une renommée à la Miss Marple ! Oh, Viviane, comme ça vous irait bien. Le jour où ça vous arrivera, je vous offrirai un nouvel ensemble Caroll, c’est promis ! En attendant, je vais vous envoyer en vacances dans un club. Préparez votre paréo ! 
                                                               

Je compte de nombreux amis dans les milieux de la nouvelle, et c’est normal, puisque j’en suis issu. Amitiés merveilleuses, inaltérables et désintéressées, puisque les nouvellistes sont les moins influents des plumitifs. L’une d’elles m’a précieusement aidé dans la bonne mise en route de « La commissaire... ».