« Les jours redoutables » de Jean-Luc Allouche

Par Anom Yme

Israël / Palestine : la paix utopiquePessimiste voire désabusé : tels sont les premiers qualificatifs qui viennent à l'esprit lorsque l'on referme Les jours redoutables, le dernier ouvrage de Jean-Luc Allouche. Ancien correspondant de Libération à Jérusalem, le journaliste a voulu donner sa vision du conflit, basée sur son expérience propre d'homme de terrain. Et dès les premières lignes, la plume journalistique fait place à celle de l'essayiste, plus personnelle. Les sentiments, impossibles à transmettre dans un article pour des raisons déontologiques, prennent désormais place et s'imposent au fil des pages. La relation que peut avoir le lecteur avec ce conflit s'en trouve alors modifiée : l'actualité tourbillonnante s'efface, la réalité crue et attristante demeure. Car les morts ne sont plus seulement des numéros, des chiffres que l'on additionne pour établir un bilan des victimes. Désormais, ils portent des noms. De même que ceux et celles qui sursautent à chaque explosion de bombes, qu'elles soient artisanales ou industrielles.Le principal attrait du livre de Jean-Luc Allouche se trouve là : dresser un remarquable portrait de deux sociétés qui souvent s'opposent, quelques fois se ressemblent, mais qui peinent toujours autant à cohabiter. De son écriture sans fioriture, le rédacteur ne nous livre pas simplement un énième document sur le conflit israélo-palestinien. Il va plus loin, à la rencontre de ceux et celles que le conflit a broyé, laissé sans famille ou sans toit, sans envie aucune si ce n'est celle d'en découdre. D'un côté comme de l'autre c'est presque le même schéma, alors que beaucoup espèrent toujours l'arrivée d'une paix qui se fait trop attendre. Une paix utopique qui ne serait pas pour demain selon l'auteur. Et l'actualité aidant, on ne peut que le comprendre. « Les jours redoutables, Israël – Palestine : la paix dans mille ans » (Denoël), de Jean-Luc Allouche / 310 p. / 22 €

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Recension à paraître dans la revue Moyen-Orient