Brainstorm: jeux vidéos et robotique

Publié le 21 novembre 2007 par Samuel Bouchard


[MegaMan via MPD sur Flickr]

Ça fait longtemps que les robots, comme MegaMan, sont dans les jeux vidéos. Les robots inspirent les technophiles que sont les concepteurs de jeux vidéos. De plus, les deux technologies ont évolué en parallèle depuis les années 70, suivant l’avancée de la force de calcul des processeurs. Autre point commun, selon des discussions que j’ai eu avec des professeurs, les deux domaines sont responsables d’une grande quantité d’inscriptions dans les universités et collèges en Amérique. Les jeunes aiment les robots et les jeux vidéos. Serait-on sur le point de les voir converger?

Comme on reçoit demain de la visite de l’industrie des jeux vidéos dans différents laboratoires à l’Université Laval, j’ai pris quelques minutes pour brainstormer sur les applications potentielles mélangeant robotique et jeux vidéos. Cet article n’est donc pas complètement structuré ni exhaustif, mais il m’a permis de délirer un peu sur les possibilités.

Le jeu vidéo

  • Est une industrie florissante dans laquelle le Québec tire bien son épingle du jeu.
  • Est le média de création par excellence de notre époque et influence grandement la culture, particulièrement des plus jeunes.
  • Est addictif! Les créateurs savent comment créer l’anticipation, l’intrigue et le défi pour nous accrocher à un jeu.
  • Fait en sorte que les jeunes qui y allouent trop de temps développent certains problèmes liés à la sédentarité.
  • Sont là pour rester, les gamers n’arrêterons pas de jouer, ça fait partie de leur vie.

De son côté, la robotique

  • Interagit physiquement avec le monde réel, l’environnement ou l’utilisateur. Elle peut mesurer des quantités physiques (vision, force, biométrie, etc.) et produire un output en conséquence.
  • Est une industrie qui s’organise rapidement pour sortir des laboratoires et des usines afin de s’insérer dans notre quotidien.
  • Peut très bien être ludique et formatrice en même temps. Les LEGO Mindstorm permettent d’apprendre autant que de s’amuser.

Et si on mélangeait les deux?!

En fait, ça se fait déjà. Plusieurs jeux vidéos utilisent des moteurs d’intelligence artificielle pour contrôler des personnages. La prochaine étape serait de doter le logiciel d’actionneurs et de capteurs pour qu’il interagisse avec le monde tangible. Voici quelques idées et trucs dont j’ai pris connaissance, en désordre:

  • Le robot contrôleur
    L’haptique fait référence aux sensations du toucher qu’une machine peut faire sentir à un utilisateur. Les volants pour les jeux de voiture en sont un exemple. Dans le domaine de la réalité virtuelle, on a aussi des gants pour “prendre” des objets. Récemment, leFalcon a fait son entrée sur le marché. Il s’agit d’une manette permettant d’exercer une force à l’utilisateur. Le problème avec ces appareils particuliers, c’est que ça prend les jeux qui viennent avec et que c’est difficile d’avoir un résultat à la fois convainquant et peu cher. Par contre, on pourrait avoir des jeux dédiés pour une console. Par exemple, l’aspect jeu vidéo pourrait ajouter le fun factor qui manque cruellement à plusieurs appareils d’entraînement sportif et de réhabilitation. La mesure du rythme cardiaque permettrait d’ajuster le jeu en fonction des objectifs et de la personne. Imaginez qu’au lieu de faire du vélo stationnaire devant un TV qui griche dans un gym, vous seriez devant un écran sur lequel défilerait un sentier de Moab, avec des compagnons qui roulent à vos côtés. J’en rêve avec l’hiver qui arrive.
  • Le robot avatar
    Je parlais récemment de Zeno, un prototype de robot jouet représentant un personnage d’une histoire de dessin animé. De la même manière, on pourrait s’imaginer qu’un robot soit le prolongement d’un personnage d’un jeu vidéo massivement multi-joueur (MMOG). Quand j’étais plus jeune, je jouait à des jeux de rôle et ça se passait tout dans notre tête. Quand on se faisait des maquettes et on peinturait nos figurines, alors tout ça se matérialisait et on trippait. De la même manière, d’avoir un robot réel qui bouge selon se qui se passe dans un jeu pourrait être vraiment cool. Le robot pourrait aussi incarner un allié par exemple, qui agit physiquement et dans le jeu selon comment on interagit avec lui. Dans le même ordre d’idée, les Mindstorm et Microsoft Robotics Studio permettent de simuler les robots. Une prochaine étape pourrait être de lier toutes les simulations dans un environnement commun.
  • Le robot simulateur de mouvement
    Un simulateur de vol comme ceux de CAE permettent au pilote d’obtenir ses certifications sans jamais avoir piloté certains avions. Le cockpit est réaliste, les graphiques, mais les mouvements aussi. La base mobile permet de simuler des accélérations qui ajoutent grandement au réalisme. En arcade ou dans des parcs d’amusement, on pourrait imaginer de telles plate-formes, moins coûteuses, pour nous donner une meilleure impression des mouvements de notre bolide ou vaisseau spatial. Qui sait, on pourrait aller jusqu’à se transformer en Mario Bros?
  • Le robot console
    Les Japonais et les Coréens sont friands de ce genre de truc: un petit robot avec un écran qui peut se déplacer, interagir en parlant, nous écoutant et en jouant avec nous. C’est un type de console qui pourrait certainement aller plus loins. Une autre approche dont je viens de prendre connaissance via Talking Robots est la tuile intelligente deEntertainement Robotics. Ces tuiles d’un pied carré sont assemblées sur un mur ou un plancher. Elles peuvent sentir la force, émettre différentes couleurs et différents sons. Elles peuvent servir à jouer plusieurs jeux sans graphique 3D mais qui semblent très intéressants. Il y a entre autre le Bug Smasher. Dans ce jeu, une tuile d’une certaine couleur symbolisera une bestiole. L’enfant court alors pour frapper la tuile et entend un bruit d’insecte qui grille. L’insecte disparait pour apparaître à l’autre bout du plancher, et ainsi de suite. Ils ont aussi fait une version de Pong où vous êtes la barre qui reçoit la balle, symbolisée par une couleur qui se déplace au travers des tuiles. De tels jeux permettent de faire bouger les jeunes tout en les divertissant, tout le monde est content.
  • Le robot concepteur
    Et si les robots devenaient des outils ou des interfaces pour créer? Je pense par exemple à la numérisation automatisée d’objets en 3D qui permettrait d’avoir des modèles à partir d’objets réel. Ça se fait déjà dans le domaine, amis à ma connaissance, ce n’est pas automatisé. Et toutes ces mesures de paysages urbains en 3D que google fait en ce moment à partir de technologies du DARPA Grand Challenge, il me semble que ça ferait de bases pour des tableaux hyper-réalistes… Je pense aussi au castelet électonique qui pourrait servir pour faire des scénarios pour des tableaux. Au lieu de coder le mouvement des personnages, on les déplace manuellement et la machine acquisitionne les données.

Ce ne sont que quelques idées tirées comme ça. Et si le divertissement était aussi la killer app que les roboticiens cherchent tant en ce moment, comme il l’a été pour l’ordinateur?