Madeleine a seize ans. Elle travaille sur Rennes, dans un hôtel, au coeur de l'occupation. Joseph Schimmer est allemand, musicien. Il lui demande un jour, à elle qui ne connaît pas la musique, de devenir sa "tourneuse de pages". Elle accepte, inconsciente, fascinée, séduite, car tout vaut mieux que les sillons de Moermel, la névrose de sa mère, le comportement maniaque de son frère aîné et le silence de son père. De cette union brève, naîtra une enfant blonde aux yeux clairs, Anna, qui entraînera sa mère sous les tondeuses des FFI, et la fera fuir et errer aux quatre coins de France, en recherche de travail et d'oubli...
Je suis fascinée, encore et toujours dans ce texte, par la force d'écriture de Valentine Goby. Elle a une langue riche de mots, de virgules, qui virevolte et pédale (début du roman magnifique). Le thème qui court le long de L'Echappée n'est pas nouveau, il rappelle celui de La femme de l'Allemand de Marie Sizun, mais ici l'originalité tient dans cette manière précise qu'à l'auteure de décrire les sentiments flous et remplis d'intuitions de Madeleine. Et puis, j'ai beaucoup aimé, cette fin à tiroirs qu'elle nous propose, comme si, dans la vie, plusieurs destins étaient possibles, atteignables, le jeu du hasard ou des choix. Malgré un thème dur, un beau moment de lecture.
Note de lecture : 4.5/5 - Folio - août 2008 - 6.10€
Ma lecture de Qui touche à mon corps je le tue (Coup de coeur !!)