Les enfants du chemin de fer (Seamus Heaney)

Par Arbrealettres


Une fois grimpées les pentes de la tranchée
Nous fûmes à la hauteur des coupes blanches
Des poteaux télégraphiques et des fils grésillants.
Comme de beaux déliés, ils ondulaient à perte de vue
A l’est et à l’ouest, s’incurvant
Sous leur fardeau d’hirondelles.
Nous étions petits et pensions ne rien savoir
D’intéressant. Nous pensions que les mots parcouraient les fils
Dans les poches scintillantes des gouttes de pluie,
Chacune ensemencée de la lumière
Du ciel, du miroitement des lignes, et de nous-mêmes
A une échelle si infinitésimale
Que nous aurions pu passer par le chat d’une aiguille

(Seamus Heaney)