Etat chronique de poésie 859

Publié le 02 avril 2010 par Xavierlaine081

859

Les relents de mars ont des allures de printemps

Temps de secouer les vieilles dépouilles

Heure de vider les greniers de la mémoire

Les yeux aveuglés aux mirages de ce siècle

Ne voient rien des fleurs discrètes de l'oranger amer

Ils passent drapés dans leur indifférence 

*

Pas le choix des armes

Ne reste

A moins d’accepter le crime

Que le pouvoir des mots

*

Qu’un matin s’affuble des oripeaux du printemps

On sait qu’hiver veille entre les branches nues

*

Tandis que chacun vaque en sa course

D’autres comptent leurs deniers à l’abri des coffres

C’est toujours en des quartiers de misère

Que s’abattent les intempéries

La terre

Ne lui vient même pas à l’esprit

De faire le gros dos sous les ors

Des Républiques défuntes

*

L’oranger cache sous ses feuilles sombres

Quelques bourgeons ourlés de blancs pétales

Une orchidée pourpre penche son visage vers la douce lumière

Dehors n’est que bruit et fureur

*

Tant de poètes morts au champ d’horreur

Clamant les beautés féminines entrevues

Aussitôt aimées

*

Voici venir un temps d’obscure condition

De femmes voilées

Cachées derrière les grilles d’innommables

Et masculines

Geôles

*

Temps de honte

De poèmes lus dans le silence de rues obscures

De public absent

Sourd à l’invitation des mots

*

Ce qui vient de malheur

Nous vaudra bien quelque corde

Au cou de nos mystères et doutes

Nos incertitudes

.

Manosque, 2 mars 2010

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