Zuckerman écrit une conversation imaginaire avec cette nouvelle passion Jamie : mon carnet de bord consignait, pour soutenir une mémoire défaillante, ce que j’avais fait et ce que j’étais censé faire. Apparait dans le paysage urbain Kliman, un jeune homme agressif, provocateur, dans la force de l’âge, écrit la biographie de Lonoff, écrivain fétiche de Zuckerman, ce biographe néophyte entend dévoiler un passé d’inceste avec la demi-sœur de Lonoff. Mais notre narrateur ne l’entend pas ainsi. Les hommes âgés détestent les plus jeunes : lâchons la bride à l’intensité ! Lâchons la bride à l’humeur belliqueuse ! Voilà que l’esprit batailleur d’antan venait me redonner vie et me poussait à réendosser mon rôle d’antan.
Roth exploite ici avec brio le temps, l’irrésistible force du temps et son ravage autant physique que mental le génie de l’amnésie, le démon de l’oubli, au pouvoir de destruction duquel je ne pouvais opposer aucune riposte efficace. Zuckerman a-t-il encore sa place dans ce New York, l’effroyable doute s’installe, ma carte d’adhérant est périmé, va-t-en !
Dans l’ensemble un excellent roman, un Roth tout autant singulier que ces précédents, sauf cette conversation fictive qui a fini par m’agacer, trop longue, trop de place dans ce récit. Et quelle fin étrange !
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