Écologie : plutôt qu'un lecteur ebook, du papier recyclé

Par Actualitté

Arguement souvent mis en avant en faveur du livre numérique, et par extension, des lecteurs ebook, le côté écologique. Fin du papier, de l'impression et de la déforestation ? Pas si vite : pour Sylvain Angerand, chargé de campagne Forêt du groupe Amis de la Terre France, il ne faudrait pas non plus oublier que les composants de ces petites bestioles « nécessitent l’extraction de minerais précieux comme le coltan, le lithium ou les terres rares pour accroître la durée de vie des batteries, augmenter leur rapidité ou pousser la miniaturisation à l'extrême ».


Ce que l'on oublierait presque de dire, c'est que l'exploitation de ces ressources minières provoque justement la déforestation et qu'elle est néfaste pour les écosystèmes, comme on peut le remarquer en République démocratique du Congo, avec l'extraction du coltan - qui sert pour la réalisation de condensateurs. « Ces minerais rares sont à l’origine de tensions géopolitiques croissantes qui pourraient déboucher sur des guerres pour en contrôler l’accès », ajoute-t-on.
De même, si l'on peut mettre en avant une consommation énergétique faible, elle n'opère pas sans une contrepartie. En effet, « plus ce type de produit se généralise, plus le secteur pèse globalement sur la demande en électricité, malgré les faibles consommations de chacun ». Ça coince donc. Et le cabinet Carbone 4 d'ajouter que pour un livre ebook, il faudrait compter 15 années d'utilisation pour « amortir le bilan carbone ».
Or, comme pour tout appareil high-tech, la durée de vie n'est pas conçue pour excéder deux à quatre ans. Il faut faire tourner le stock et vendre. « Par exemple, la batterie de l’IPad n’est pas détachable : si l’alimentation électrique tombe en panne, le produit est bon pour la poubelle », souligne Annelaure Wittmann.
Alors, comment mettre en avant des qualités écologiques qui ne semblent finalement que superficielles, dissimulant un grand nombre de consommations pas vraiment géniales.
« Il ne faut pas se tromper de cible. L’enjeu prioritaire est la réduction des imprimés publicitaires et du suremballage. Le livre papier est un outil de démocratisation de la lecture et d’accès au savoir, longtemps réutilisable sans frais et accessible à tous, contrairement au livre électronique qui coûte plusieurs centaines d’euros », estime Annelaure Wittmann.
Si la réduction de consommation de papier est donc essentielle, le recours au papier recyclé prime, attendu qu'il nécessite moins d'eau et de bois pour son élaboration. Et de rappeler que les « deux principaux systèmes de certification des fibres vierges (PEFC et FSC) sont actuellement impliqués dans de nombreux scandales écologiques et sociaux ».
Alors, pas vert mon lecteur ?