Rencontre avec julien dyne

Publié le 06 avril 2010 par Ikiblog

06/04/2010 · Laisser un commentaire


Rue Oberkampf, 22H00

La terrasse du Café Charbon, des voisins bruyants, un verre pour attendre. Julien Dyne aura un peu de retard. Le temps passe lentement. Les conversations des autres me fatiguent. Mon voisin, lui, doit être flatté. Une jeune fille en fleur vient de lui lancer un « tu respires le sexe ». J’aime cette rue. Je la déteste. Et dans l’attente, je la hais. Le bip d’un message : « nous sommes devant le Nouveau Casino ». Sauvée ! Faisons l’interview où vous voulez. Un bureau, le restaurant d’à côté, un bout de trottoir ? Je m’emballe. Et à y réfléchir, il fait un peu trop froid. Direction donc La Place Verte. On n’y sera mieux pour discuter. D’ailleurs la conversation est déjà partie. Mon sac Red Bull Music Academy Londres interpelle l’artiste néo-zélandais qui a fait celle de 2004.
Alors justement c’était comment ?
JD : C’est une expérience unique. Ça t’apprend à rester humble. Tu te retrouves avec des types tellement doués et y a pas d’histoire d’ego, de trucs d’artistes qui se la jouent. Tout le monde s’écoute, s’inspire. Franchement c’est génial.

Et en ce moment qu’est-ce que tu écoutes, qu’est-ce qui t’inspires ?
JD : Des trucs très variés. J’écoute pas mal de vieux trucs en jazz mais aussi beaucoup de nouveautés, de sons plus modernes de producteurs hip hop ou electro, de beatmakers qui arrivent à mélanger les genres que j’aime. Je suis batteur jazz et leurs styles me donnent des idées. Ils me donnent envie d’aller encore plus loin dans ma musique.

Qui sont justement ces producteurs dont tu parles ?

JD : Tous les noms très évidents : Madlib, Jay dee… tous ces gens là quoi.

C’est marrant que tu cites ces noms, car ta musique est clairement très différente de la leur…
JD: Ouais. J’ai toujours essayé de ne pas cloner ce qu’ils faisaient. J’ai essayé de créer mon propre son avec beaucoup d’instruments, de percussions, de la batterie un peu comme sur « Phantom Limbo ».

Justement, « Phantom Limbo », sorti en 2007, a tout de suite été très acclamé par la critique. Par la suite, tu t’es d’ailleurs retrouvé signé sur BBE…
JD : En fait l’histoire avec BBE est assez drôle. DJ Vadim que je n’avais jamais rencontré est venu en Nouvelle-Zélande. Et là bas, des types lui ont donné des morceaux que j’avais fait sur « Phantom Limbo ». Il a tout de suite beaucoup aimé. Du coup, je lui ai envoyé des trucs que j’avais fait après « Phantom Limbo » et ça lui a beaucoup plu aussi. Il m’a parlé de BBE et me les a ensuite présenté. C’est comme ça que ça a commencé.

Et musicalement, quelle était l’idée que tu voulais développer à travers ce premier EP ?

JD : En fait, j’étais vraiment dans un truc live, du live avec beaucoup d’instruments. Avec cet EP, j’ai pas mal expérimenté. C’était mon premier alors je ne me suis rien interdit. Mais du coup, quand j’ai fait « Pine&Digits » (sorti en 2009), j’ai gardé le meilleur. Il y a toujours beaucoup d’instruments mais ça a évolué.

Et justement toi qui a fait une école d’Arts Appliqués, est-ce que tu abordes ces deux disciplines de la même façon ?
JD : Pour moi, la musique c’est comme la peinture. Tu superposes des couches, tu essaies de trouver une certaine harmonie, un univers. Je crée ma musique comme on travaille sur une toile. Il y a les pistes qui se posent les unes après les autres, le son qui se crée, c’est vraiment identique pour moi.

Est-ce que le folklore néo-zélandais t’a influencé dans ta façon de faire de la musique ?

JD : Je ne dirais pas dans ma façon de faire de la musique mais peut-être, dans ma façon de l’approcher et de vivre tout court. La Nouvelle-Zélande, c’est tout petit. Tout le monde est très cool, tout le monde se connaît. Du coup, c’est un petit milieu. Même si on habite dans des villes différentes, on se connaît. Et puis la Nouvelle-Zélande, c’est aussi très métissée, y a des polynésiens, des gens venus d’un peu partout, c’est un peu comme en France non ?

Oui, d’ailleurs c’est ta première fois ici, qu’est-ce que tu as eu le temps de faire ?

JD :Bah pas grand chose. On est arrivé hier soir. On a vu la Tour Eiffel et on a fait deux boutiques de disques. Je voulais aller chez Crocodisc mais on a pas eu le temps avec les interviews et le reste.

On m’a dit que vous étiez allé chez Superfly Records et Patate Records, qu’est-ce que tu as acheté ?
JD :J’ai acheté un disque de jazz du label Strata Eastchez Superfly. C’est le disque d’un trompettiste, Charles Tolliver. Sur ce disque il y a cette chanson qui s’appelle Ruthie’s quelque chose. La pochette est blanche. Ce disque magnifique.

Et je suppose que tu travailles déjà sur de nouveaux projets, quelle sera l’orientation que tu prendras sur ton nouvel album ?
JD : Effectivement, je travaille déjà sur de nouvelles choses. Pour le moment, je ne sais pas trop encore, je cherche, j’essaie. Mais je pense que ça ira davantage vers la musique électronique.

Un truc un peu à la Flying Lotus ?

JD : Ouais, tout à fait. Flying Lotus est un génie, il a réussi à construire un style, un univers musical… Teebs aussi d’ailleurs. Je pense que mon futur projet ira dans cette direction mais comme je te le disais avant, ça ne sera pas du clonage.

Julien Dyne en quelques mots :
Julien Dyne c’est le genre d’artiste que l’on déteste autant que l’on envie. Ce touche-à-tout est à la fois musicien, peintre, producteur, dj…et excelle dans tous ces domaines. Révélé grâce à la Red Bull Music Académie de 2004 à Rome, Dyne sort son premier EP « Phantom Limbo » en 2007. Le batteur signe par la suite sur le label BBE et revient deux ans plus tard avec « Pine&Digits ».

Un grand merci à Furax.

Catégories : RENCONTRE AVEC
Tagué : hip hop, interview, jazz, julien dyne, MUSIQUE, phantom limbo, pine and digits, rencontre, soul