Benoît Hamon veut une France plus pauvre

Publié le 07 avril 2010 par Copeau @Contrepoints

Comme l'avait pointé il y a plus d'un demi-siècle Winston Churchill, « le vice inhérent du capitalisme est la division inégale des bénédictions, alors que la vertu inhérente du socialisme est la division égale de la misère. » Et Benoît Hamon, socialiste bon teint parfaitement à l'aise dans sa jalousie de la réussite des autres, ne déroge pas à cette idée qu'il n'y a rien de mieux, finalement, qu'un bon vol camouflé en intérêt collectif pour égaliser sauvagement les têtes qui dépassent.

Le Parti Socialiste Français n'en finit pas de ne pas faire sa mue.

Alors que tous les autres partis socialistes du monde ont depuis longtemps glissé vers la version soft de l'écrasement des faibles par le fort, trop honteux de pouvoir être raccrochés aux échecs tonitruants des régimes qui appliquèrent les théories marxistes, en France, poussé par une droite qui n'arrête pas de se recentrer sur la gauche, le parti de Martine Aubry se radicalise dans des positions caricaturales qu'un George Marchais n'aurait pas reniées.

Et voilà donc Ben le Rouge qui déclare soudainement, sous l'afflux d'une poussée d'hormones juvéniles :

« Je vais rassurer les gens qui gagnent beaucoup d'argent : si nous revenons au pouvoir, nous allons en prendre un peu plus, voire même beaucoup plus, que ce que la droite leur prend aujourd'hui. »

Au moins, cela a le mérite d'être clair : un révolutionnaire russe de 1917 n'aurait pas dit autre chose.

Pour lui, pas de doute : l'impôt, déjà assez phénoménal en France, se doit d'être le plus vexatoire possible. Réussir, engranger de la richesse doit être violemment puni. En 200 ans, on n'a pas trouvé mieux pour créer des assistés, qui constitueront ensuite un fond de commerce pratique pour les élections de personnes de la même trempe : plus d'impôts, plus de vexations, moins de riches, plus de pauvres.

Une fois que tout le monde est pauvre – ce qui est d'ailleurs en train d'arriver en France assez rapidement – on peut commencer l'étape suivante, saignante, généralement soldée par la répression et l'étouffement des protestataires.

En réalité, ce qui devait arriver arriva : tous les politiciens, en France, savent maintenant qu'il n'y a plus d'autres issues qu'une spoliation active de toutes les couches de population, des plus pauvres aux moins pauvres.

La dette a explosé, la crise n'est pas finie, loin s'en faut : la Grèce patauge, au point de tenter de renégocier l'accord d'aide à peine conclu il y a quelques semaines, tant les perspectives d'une aide du FMI lui semblent sombres.

Le bouclier fiscal, dont tout le monde discute âprement actuellement, ne marche absolument pas : les créateurs de richesse français continuent à fuir, en nombre toujours plus grands.

Cette France, en début du XXIè siècle, va de plus en plus ressembler à un véritable parc à thème où ne resteront que les populations les plus défavorisées, celles qui n'auront pu fuir la pression fiscale, ou qui ne pourront survivre qu'aidées par un état redistributeur à l'outrance. On ne trouvera plus guère que des retraités et des petits commerces vivotant de subventions et de tourisme, le reste de la population étant occupée dans un marché au noir que toutes les économies de pénurie ont vu se développer.

Parce que, ne nous faisons aucune illusion : la solution de Ben Le Rouge, c'est une pratique déjà en place, déjà tentée, maintes fois, et qui ne fonctionne pas. Si augmenter les impôts, les taxes et les régimes de contributions permettait d'équilibrer les comptes et de résoudre les problèmes, en 40 ans, la France aurait fini par observer un résultat.

Or, force est de constater que, si les lois fiscales s'empilent les unes sur les autres, si les bricolages s'amoncellent pour camoufler les abominables usines à gaz et autres niches improbables mises en place pour contourner les errements des précédents sur-prélèvements, la situation ne s'est pas amélioré du cachou : le budget de l'état est passé du comiquement déficitaire au tragiquement insolvable.

Il va pourtant bien falloir payer, un jour, tout ces zacquis sociaux. Il va bien falloir continuer à abonder au tonneau des Danaïdes de la Santé Collectivisée, de la Retraite Répartie, ou du Chômage Distribué. Et comme la croissance n'y est plus, et n'y sera pas avant un bon moment, il va falloir augmenter la pression comme jamais.

Les journalistes, qui sont devenus, en quelques générations, les joyeux petits soldats de l'étatisme galopant, s'emploient donc maintenant à préparer le terrain : oui, l'impôt, c'est supayr, mangez-en !

Le vol de plus de la moitié d'un salaire, par le jeu des impôts, des cotisations et des taxes, est, on vous le dit, on vous l'écrit, on vous le répète, parfaitement légitime, voire libératoire ! Et je ne parle pas, ici, des plus riches, mais bien de tous : tous les salariés se retrouvent ainsi ponctionnés de plus de la moitié de leurs efforts.

Le petit sentiment de culpabilité à devenir riche, en France, aura été spécialement construit pour, justement, accepter avec un grand sourire que votre argent parte dans les Zœuvres Soziales de la République du Bisounoursland, où chaque être, aussi chétif, débile et branleur soit-il, aura un toit, un repas chaud, du champagne, des putes et des voitures avec chauffeur.

Car vous pensez, certainement, que l'argent que vous larguez, tous les mois, à chaque tiers provisionnel, ou à chaque achat via la TVA, servait à payer vos infrastructures, votre école, votre couverture santé, votre retraite ou votre assurance chômage ?

Naïf que vous êtes ! Entre les dettes abyssales de chacun de ces domaines et les mécanismes de collectivisation, votre retraite – celle de dans 10, 20 ou 30 ans – n'est payée par personne. Il n'y a pas de compte à votre nom : ce droit de disposer d'un peu d'argent pour vos vieux jours n'existe tout simplement pas. Et si personne ne paye dans 10 ans, vous n'aurez rien.

Pour la santé, c'est pareil : ceux qui payent maintenant ne remboursent même pas ceux qui sont malades, en thalasso ou en congé. Et je n'évoquerai même pas les performances en cas de grands froids, en cas de canicules, les fraudes, nombreuses, les gabegies vaccinatrices à deux milliards pièce, les dérapages plus ou moins rigolos des uns et des autres dans une orgie d'argent mal dépensé.

L'édukassion ? Alon ! Tou le monde voye bien que cé pas exactemant une réuçite. Certes, l'école permet aujourd'hui d'entraîner les jeunes à la castagne, en les confrontant de plus en plus tôt aux réalités du racket, du trafic de drogue et d'armes, et à l'organisation de gangs efficaces qu'ils auront à gérer plus tard. Est-ce exactement ce pourquoi on vous prélève toujours plus ?

Et quel bonheur de profiter d'un TGV qui roule toujours plus vite ! Quel plaisir d'avoir des autoroutes jamais bloquées par Lanéjaniver, phénomène impossible et totalement imprévisible en décembre !

Le système est à bout de souffle.

Mais le journaliste, vaillant, continue son travail d'évangélisation !

Non, l'impôt n'est pas trop lourd ! C'est même du lien social par paquet de douze en shrink-wrapped fourni par Bercy, qu'on vous dit :

« L'impôt, la cotisation, c'est la trame du lien social. Sans lui, pas de société ! »

Alors en France, avec tous les impôts, toutes les taxes, toutes les cotisations, ce n'est plus une société, qu'on a ! C'est une symbiose géante de tous les individus en un même collectif bourdonnant d'activité, voyons ! Ca bisounourse dans tous les coins, voyons ! Partouze et kiss-in à tous les étages !

Oui, l'impôt c'est hype et fashion ! Il suffit de le faire plus large encore, plus enrobé, plus généreux dans la ponction ! C'est même d'un consensus qu'on parle, comme pour le réchauffement climatique : si plein de gens pensent la même abrutissante stupidité, c'est qu'elle devient, subito presto, une vérité longuement réfléchie !

Je trouve en tout cas fort piquant que ces projets d'augmenter les impôts, de taxer les méchants riches, d'élargir les assiettes (tout en prétendant diminuer les portions) viennent toujours de ces personnes qui, précisément, ne payent pas d'impôts, ou en tout cas très en dessous de ce qu'ils gagnent réellement : rappelons que les frais de députation, soit une très grosse part des indemnités de tous ces parlementaires qui réclament plus d'impôts, ne sont pas imposables.

Comme par hasard.

Benoît Hamon, alors député européen, en janvier 2000. Auteur : AW/Nouveau Parti Socialiste. Licence GNU GFDL