Autoportrait (au livre et au fer à repasser)

Publié le 08 avril 2010 par Ceciledequoide9
Bonjour Cynthia
Bonjouyr Jean-Claude Derey
Bonjour Romain Slocombe
Bonjour les zotres

J'écris peu de critiques vraiment méchantes mais quand j'en ai envie et que je trouve que c'est mérité, ça m'arrive et je n'ai pas d'état d'âme. Angot, Rheims, Foenkinos, Martin ou Legendre sont les rares écrivain(e)s (ou disons plutôt auteur(e)s de romans) qui ont fait les frais de mes élans corrosifs qui, paradoxalement, donnent aussi un sens (une légitimité ?) aux avis dithyrambiques que je publie parfois. Mes coups de gueule et mes coups de coeur me ressemblent, n'engagent que moi et n'ont aucune prétention à servir de référence.


La semaine dernière, j'ai écrit une critique assez virulente mais, je l'avoue, plutôt jubilatoire du très mauvais roman Christelle corrigée de Slocombe où je disais notamment que j'avais perdu 2 heures de mon temps pendant lesquelles j'aurais pu faire des trucs vachement plus passionnantes telles qu repasser des gants de toilette. Plusieurs personnes m'ont écrit pour me dire que ça les avait fait rire. Etre plus ou moins spirituelle était bien le but recherché mais j'imagine bien que si Slocombe ou son éditeur m'a lue (ce qui est possible car je l'avais prévenu), ils ont trouvé ça nettement moins drôle. J'imagine bien qu'un(e) auteur(e) est une personne sensible et qu'un roman est un peu un bébé. J'imagine que d'une certaine façon c'est dur et déroutant d'être publié et que ce bébé échappe à son/sa concepteur/trice. Je comprendrais que Slocombe me traite de tous les noms mais je comprends encore mieux qu'il soit au dessus de ça parce que finalement qui suis-je ? Qui sommes-nous ? Qui touchons-nous vraiment ? Pas grand monde honnêtement...
Par le plus grand des hasards cosmiques ou plus simplement bloguesques, à quelques jours de là, Cynthia a expliqué très factuellement qu'elle n'avait pas aimé un livre (Papoua) dont elle reconnaissait qu'il ne s'agissait pas d'un mauvais roman mais simplement d'un livre qui n'était pas fait pour elle. Ca arrive. Pas de quoi fouetter une chatte.
Pourtant, la prose de Cynthia a fortement déplu à l'auteur, Jean-Claude Derey et celui-ci s'est fendu, en l'espace de quelques heures, de 4 messages tout à fait gougeats pour ne pas dire insultants à l'égard d'une bloggeuse pourtant fort mesurée et respectueuse dans ses propos en général et dans sa critique de Papoua en particulier. J'ai toujours trouvé que balancer 3 ou 4 mails hargneux et insultants à quelqu'une en quelques heures n'était pas un signe évident d'équilibre (ce genre de mésaventure m'est arrivée avec un contact facebook exalté et émotionnellement perturbé). Les attaques de Derey sont personnelles et connaissent une certaine escalade qui dégénère en misogynie patente. Jamais il n'aurait osé conclure par un "diagnostic" de frustration sexuelle (une nana qui n'aime pas son bouquin est-elle forcément frigide ou mal baisée ?) ou suggérer une reconversion vers le repassage s'il s'était adressé à un mec !
Ah tiens, le repassage, justement ce que j'aurais préféré faire au lieu de m'abrutir à lire Slocombe. La coïncidence m'a faite sourire et j'ai suggéré à Cynthia que nous devrions ouvrir une chaîne de pressings franco-belges. Elle réfléchit encore.
En attendant sa réponse, j'ai eu envie de me photographier avec un livre et mon fer à repasser. J'avoue que c'est l'objet le plus sacré que je possède : je le respecte tellement que je ne m'en sers jamais et que je lui fous une paix royale bien calé dans l'étagère du bas de mon placard de salle de bain. Je ne le dérange que lorsque je dois absolument changer le sac de mon aspirateur. J'imagine qu'il a dû être vachement étonné de mon audace lorsque je l'ai empoigné fermement ce soir en revenant du resto.
J'ai dû m'y reprendre à 6 fois (et apprendre comment fonctionnait mon retardateur) pour produire la photo que je voulais. Sur la première, je trouve qu'on voit vraiment trop mes cuisses et je trouve que ça décridibilise totalement mon propos de lectrice-ménagère ! J'ai déduit de ce premier essai que le canapé était trop bas par rapport à la table qui supportait l'appareil photo et je suis allée chercher 3 bottins pour me les coller sous les fesses et prendre un peu de hauteur. Sur la seconde, j'ai une tête de veau mais pour peu qu'on ne craigne pas le torticolis, on reconnait bien l'édition folio du Voyage au bout de la nuit que j'agrippe de ma main qui n'écrit pas. La 3e est floue et me donne des airs de tortue ninja (ouais, je n'hésite pas à sortir mes références culturelles). Sur la 4e un détail cloche : on voit que la photo est une pause pipo car le fer est clairement débranché. La 5e est un mystère pour moi : ne dirait-on pas que je suis transparente et que je m'efface dans les livres derrière moi ? La 6e est parfaite : des cuisses certes qui apportent une dimension glamour mais pas trop à la pause, un air profondément absorbé et un fer à repasser parfaitement net à l'image.
Je propose à toutes et tous les bloggeurs (et possesseurs/ses de fer à repasser) qui en auront envie de se photographier elles et eux aussi avec leur instrument préféré et un livre.
Pour conclure, j'ai envie de dire 3 choses :1 - Contrairement à beaucoup, j'ai bien aimé le message que la maison d'édition a adressé à Cynthia.2 - Contrairement à beaucoup (aussi), ce que Cynthia a écrit sur le livre m'a donné envie de le lire tant il est vrai que les dégoûts des un(e)s peuvent être les goûts des autres et que je commence à cerner un peu les points communs et différences de nos envies de lectrices (rappelons que Cynthia fait partie du jury du prix Qd9)3 - Je doute que Derey ait fait beaucoup de pub à son bouquin sur ce coup la mais il en a incontestablement fait beaucoup au blog de Cynthia comme le prouve le nombre de messages et de commentaires liés à cette "affaire" et comme le montrera le prochain classement wikio. eh oui, la blogosphère est un monde uni et solidaire (pas toujours mais souvent).