Vaincre l'abstention, c'est pas gagné

Publié le 08 avril 2010 par Bix

Profitant d'une journée de récup', j'ai eu l'heur d'accompagner notre Alexis Prokopiev national à l'émission Le Ring, sur LCI. Les sujets étaient la fiscalité (le boucler fiscal notamment), les heures supp' et la croissance et bien sûr, "la rumeur".

En regardant l'émission s'enregistrer en régie, j'ai été pris d'un doute : que retiennent les gens pas ou peu politisés d'une telle émission ?

Indépendamment des qualités de chacun et chacune (ok, pour Lancar et Abad, il faut le dire vite), c'est le format de l'émission et le choix des questions qui est en cause. Je ne vais pas m'amuser à passer MIchel Field au scanner Acrimed, mais sa phrase pour justifier qu'un tiers de l'émission soit consacré à "la rumeur" était à mourir de rire : "ça n'est pas important, mais ça fait le une de la presse, alors il faut en parler", pénible justification circulaire.

Comme dit plus haut, j'ai pu assister à l'enregistrement de l'émission (dans les conditions du direct) depuis la régie et ses 75 écrans. Sauf exceptions incroyables ou le présentateur et les intervenants se laissaient parler, ce n'était que brouhaha, lancement par chacun de sa petite idée, de son texte plus ou moins bien préparé... Bon, je découvre l'eau chaude hein, et je ne suis certainement pas le premier ni le dernier à me faire cette réflexion. C'est simplement que là, mis devant l'impossibilité de zapper, je me suis vraiment rendu compte que n'importe quel discours devenait inaudible dans ce genre d'émission.

Je suis pourtant partisan d'aller partout où c'est possible, afin de toucher le plus possible de monde. Mais depuis combien de temps tout le monde est-il passé chez Ardisson, Ruquier, les Grosses têtes ou les Grandes gueules, chez Drucker, dans Voici, Gala, Paris Match ou Marie-Claire, oscillant entre le people et le charity paillettes ? Tout ça pour arriver à 50 % d'abstention de manière structurelle. Ça valait bien le coup de répondre à la question si sucer c'est tromper.

Bien sûr, dans le cas qui nous intéresse, il ne s'agit que du Ring sur LCI, avec les "jeunes dirigeants politiques". Mais justement. Peut-être que notre génération devrait envoyer chier ce genre d'émission au format pas adapté et à la réalisation maladroite, aux choix éditoriaux ridicules. Oui, comment toucher des millions de gens sans passer par la télévision ? Impossible.

Vaincre l'abstention et la perte de confiance dans la politique ne se fera pas avec ce genre d'émission. Ni avec n'importe quel dispositif de communication, aussi habile soit-il. Je ne sais pas s'il faut être triste ou surpris mais ce dont je suis sûr c'est qu'il faut de la cohérence, du travail sur les propositions et du sérieux.


Anecdote !

Avant le début de l'enregistrement, Damien Abad échange quelques mots avec Field sur les élections régionales (je cite en substance) : "Non ça va, en Rhône Alpes on a fait un bon score. Enfin relativement bon par rapport à la débandade générale. Et dans le département où j'ai été parachuté, c'est un des meilleurs scores". Une terrible honnêteté, sans doute due à la jeunesse de Damien.