le danger populiste

Publié le 09 avril 2010 par Hoplite

« Le modèle européen ne peut survivre sans une croissance économique plus forte et l'Europe ne peut jouer un rôle dans le monde sans plus de robustesse économique », déclare M. Van Rompuy, selon ses propos traduits de l'espagnol. Or « le grand danger c'est le populisme régnant et par conséquence le manque d'engagement européen. Le populisme rend difficile de prendre les mesures qu'il faudra adopter pour le futur de l'Europe. Quand je vois l'agenda économique, les défis budgétaires... je vois que nous serons obligés de prendre des mesures impopulaires dans les prochaines années », ajoute-t-il. « On ne pourra pas échapper à des réformes impopulaires dans les prochaines années », poursuit M. Van Rompuy, sans préciser lesquelles. (photo)

« Le grand danger » qu'évoque ce triste pitre au nez jaune n'est évidemment pas :

-le dumping fiscal et social organisé au sein même de l'UE depuis ses origines,

-ni les politiques bancaires de prêts insolvables, d'assurances inrecouvrables et de fragmentation (titrisation) sous formes d'investissements « en or » de tels actifs pourris à des clients crédules désormais ruinés,

-ni le report sur des états, c'est-à-dire nous, de faillites bancaires hautement prévisibles et coupables,

-ni la collusion coupable de politiciens et de responsables économiques de haut vol, alternant responsabilités politiques et économiques (tels Clinton, Obama, Geithner, Goldman, Sachs ou Strauss-Kahn),

-ni le fait que des agences de notation, genre Fitch mon fion, qui soutinrent jusqu'au bout AIG ou Lehman Bros, fassent aujourd'hui tomber des états massivement renfloués par leurs contribuables et dont les comptabilités furent truquées (Grèce) par quelques enflures en cols blancs (Goldman-Sachs) toujours bien en cour...

Non.

« Les mesures impopulaires » de Mr serpillière humide, créature du Bilderberg, on croit un peu les connaître :

-tailler à la hache dans tous les régimes sociaux,

-fabriquer du papier en forme de billets,

-augmenter massivement les prélèvements,

-déréguler tous les systèmes de protection sociale et salariale,

-amplifier une immigration de masse induisant une déflation salariale partout dans la zone euro,

-s'aligner sur le moins disant social planétaire, détruire toutes « les rentes de situations », ces « avantages acquis » ou ces « corporations » qui ne sont souvent que l'expression et le résultat de luttes séculaires d'occidentaux pour l'amélioration de leurs conditions d'existence,

-organiser la lutte de tous contre tous pour le bénéfice de quelques uns et le malheur du plus grand nombre,

-délégitimer par avance toute contestation populaire de ce gosplan néo-libéral en assimilant populisme et contestation sociale.

Tt tt ! Nonnn, le danger, c'est le terrible « populisme » à petite moustache et bras levé (photo) qui nous rappelle les Heures Les Plus Sombres De Notre Histoire (HLPSDNH)...

« Elue par la mondialisation, une Nouvelle Classe politique médiatique s'est mise en place, qui associe dans un même élitisme de la richesse et du paraître, dirigeants politiques, hommes d'affaires et représentants des médias, tous intimement liés les uns aux autres (hors caméra, ils se tutoient et s'appellent par leurs prénoms) tous convaincus de la « dangerosité » des aspirations populaires. Alexandre Zinoviev, pour désigner cette Nouvelle Classe parlait de « supra-société ». Confrontée à un peuple qu'elle redoute et qu'elle méprise à la fois, elle constitue une autorité oligarchique qui s'emploie avant tout à préserver ses privilèges et à réserver l'accès du pouvoir à ceux qui émanent de ses rangs. Ce mépris du peuple s'alimente bien entendu de la critique d'un « populisme » assimilé désormais à n'importe quelle forme de démagogie ou d'  « irrationalisme » de masse. Qui parle aujourd'hui du peuple s'expose par là même au reproche de « populisme ». Devenu une injure politique, le populisme est présenté comme une sorte de perpétuelle « maladie infantile » de la démocratie, dans une perspective à la fois péjorative et disqualifiante. Le recours au « populisme » fournit ainsi à la mise à l'écart du peuple une justification théorique, sinon savante. » (Alain de Benoist, Krisis 2008)

« Il faut toujours rappeler qu'il y a peu de temps encore, le terme de « populisme » était employé de façon tout à fait positive pour désigner certains mouvements révolutionnaires issus des traditions russes et américaines de la deuxième moitié du XIXème siècle. Ce n'est que depuis quelques années que Le Monde et les autres médias officiels se sont employés, avec beaucoup de cynisme, à conférer à ce terme (en lui-même irréprochable pour un démocrate) le sens infâmant qui est maintenant le sien) ; cela à seule fin, bien sûr, de pouvoir diaboliser comme « fasciste » ou « réactionnaire » toute inquiétude ou perplexité du peuple à l'endroit des décisions qui modifient sa vie, et que prend l'oligarchie régnante dans le silence de ses bureaux, après consultation de ses prétendus « experts ». (Jean Claude Michéa, Les intellectuels, le peuple et le ballon rond, Climats 1998)

La Grèce n'est que le premier domino, les gars.