Poezibao a reçu, n°122, dimanche 11 avril 2010

Par Florence Trocmé

°Claude Beausoleil, Black Billie, Le Castor Astral
°Sylvie Doizelet & Jean-Claude Pirotte, Les Périls de Londres, Le Temps qu’il fait 
°Shoshana Rappaport, Léger mieux, L’ActMem 
°Shoshana Rappaport, Brefs Impératifs, L’ActMem 
°Anne Talvaz, Confessions d’une Joconde, suivi de Pourquoi le Minotaure est triste, Explorations 2002-2008, l’ActMem 
°Gaston Miron, l’Avenir dégagé, Entretiens 1959-1993, L’Hexagone 
°Tita Reut, La Mort, etc., suivi de Deuil et Irréel, Modalités., L’ActMem
°René Pons, Paysages inexistants, suivi de Le Monde s’en va, Rhubarbe
°Daniel Pozner, Le Géographe est ailleurs, Passages d’Encres 
°Amélie Collet, ...le poids qui l’avait fait tomber, L’ActMem 
          deux revues 
°Passage d’Encres, n° 38/39 ? Argentines
°Siècle 21, n° 16 
          et aussi 
°Daniel Guillaume, L’Arbre transformé, Seuil 
 
 
Notices détaillées de chacun de ces livres en cliquant sur « lire la suite de…. »

Claude Beausoleil 
Black Billie 
Le Castor Astral, 2010
14 € 
 
Black Billie est une biographie versifiée de Billie Holiday (1915-1959), une plongée lyrique dans les émotions de cette chanteuse surnommée Lady Day. Cette ″lumière noire″ fragile a dévoilé avec intensité ses combats, ses désillusions, et son acharnement à chanter ses désirs et ses déchirures. Billie, l’amoureuse déçue, est la voix du blues qui chante dans la nuit et l’infinie douleur de la solitude contemporaine. Billie Holiday incarne l’âme d’une Amérique de souffrance et de désespoir. (dos du livre) 
 
 
Sylvie Doizelet, Jean Claude Pirotte 
Les Périls de Londres 
Le Temps qu’il fait, 2010
17 €  
 
Sylvie Doizelet, qui pratique la capitale anglaise depuis l’adolescence, a pris lors de ses récentes promenades quelques instantanés qui traquent Londres dans Londres — quelques-unes des innombrables mises en garde qui attendent le Londonien à chaque pas.
Et Jean-Claude Pirotte a, en quelque sorte, légendé les clichés, qui lui ont inspiré de courtes fables disant à la fois l’air du temps, la mémoire perdue, et les dangers qu’affronte aveuglément l’être humain dans un univers en voie de délabrement, ou de métamorphose inquiétante.
Cent cinquante ans après Les cris de Londres, en voici donc les périls. (Dos du livre) 
 
 
Shoshana Rappaport 
Léger mieux 
L’ActMem, 2010
17 €  
 
« Oui. Elle va ramener l’ordre. Elle sera submergée par la vie ordinaire. Elle trompera l’ennui. Elle s’imposera de nouvelles règles. Elle régnera malgré le tumulte. Elle s’habituera à ses nuits d’insomnie, à ses crises, aux migraines, à l’euphorie qui suit. »  
Lorsque l’abîme se dresse, que la pensée se heurte avec une lucidité sans faille à ce qui la menace, qu’elle se déploie en vain contre le tourment – se retournant contre elle-même –, que l’existence tressaille, réifiant l’effort, quand le bruissement intérieur anéantit progressivement l’idée même d’un avenir possible, quelle réponse opposer, fermement, à l’inexorable ? 
Léger mieux tente d’échafauder une hypothèse, de résoudre le paradoxe de trois vies auxquelles la création offre bien plus qu’un recours inespéré. 
Trois portraits, trois destins, trois femmes : Virginia Woolf, Silvia Plath, Marina Tsvetaïeva. 
Les trois grâces furent-elles les sœurs des Parques renvoyées à la nuit ? 
Shoshana Rappaport est écrivain. Elle vit à Paris et collabore régulièrement à la revue Nrf / Gallimard. Léger mieux est son premier livre publié.  
 
 
Shoshana Rappaport 
Brefs Impératifs 
L’ActMem, 2010
18 €  
 
« Dearest 
C’est fou ce que ces mots sont violents. 
(On a beau dire, c’est fou.) On a beau se croire prémuni. On a beau être prévenu, les voilà, ces mots, justement. Lentement, sourdement, ils affectent. 
Et l’on est lesté subitement d’un poids inattendu. Les gestes ralentissent, les pas également, la voix s’infléchit. Le ventre se noue tout comme la gorge. Hantés. Meurtris ? Pas encore. Seulement soufflés, brutalement aux aguets. Trop peu de verbes à disposition. Même les phrases : veule, le langage se délite, aveugle, lâche. 
Le cœur vous file entre les doigts. On éprouve une sensation étrange. Ou une absence de sensation. Nul repli possible. Nulle issue. Pourquoi donc ? 
(Recréation d’une âme enfantine, où l’analyse minutieuse des sentiments, d’une profondeur remarquable, laisse, je l’imagine parfois, le lecteur pantois.) 
Successful ? (Dos du livre) 
Shoshana Rappaport est écrivain. Elle vit à Paris et collabore régulièrement à la revue Nrf / Gallimard. Elle publie ici son second livre, en parallèle de Léger Mieux
 
 
Anne Talvaz 
Confessions d’une Joconde, suivi de Pourquoi le Minotaure est triste, Explorations 2002-2008 
L’ActMem, 2010
16 € 
 
« Les années 2002 à 2008 furent pour moi des années d’exploration, de mes propres limites d’abord, puis de celles du monde, du Mexique, du Japon, de la Chine. Entre deux périodes de confusion tantôt comique, tantôt catastrophique, l’écriture venait poser des limites bien nécessaires et jouait un rôle de fil conducteur. Si j’écrivais des poèmes, c’était le signe qu’en vérité tout allait bien et qu’en dépit des apparences la vie suivait son cours. Ces textes sont à prendre à la fois comme une chronique et comme une succession d’instants où la vie et le monde sensible pouvaient se dire et se décrire. Dire l’indicible, il n’en était pas question. Il fallait au contraire que les choses soient dites, et aussi ce qu’elles inspirent, le bonheur, l’amitié, le sentiment de la beauté (eh oui, elle existe), le scepticisme, et la peur et la haine parfois. (A. T. , dos du livre) 
 
 
Gaston Miron 
L’Avenir dégagé 
Entretiens 1959-1993 
L’Hexagone 
 
« Gaston Miron n'a cessé de s'expliquer et de se raconter tout au long de sa vie. Marie-Andrée Beaudet et Pierre Nepveu proposent ici une sélection des nombreuses entrevues que le poète a accordées à la presse écrite et électronique. Ces entretiens permettent de retracer l'évolution de son personnage public, depuis le modeste éditeur de la ″jeune poésie canadienne″ jusqu'à l'écrivain reconnu internationalement. On l'entend débattre de la situation culturelle du Québec, du statut de la langue française, du combat politique. S'il met du temps à accepter de parler de sa pratique poétique, ses propos, quand il y vient, et particulièrement ses échanges avec son traducteur Flávio Aguiar, s'avèrent une véritable leçon d'écriture. Il rappelle aussi le souvenir d'écrivains qu'il a connus : Alain Grandbois, Jean-Jules Richard, Alfred DesRochers. On retrouve dans ces entretiens la parole généreuse du poète, aimant rire et chanter, et toujours prêt à évoquer ses origines, sa famille, ses amitiés, ses amours - bref, on entend la voix vive de Gaston Miron. 
 
 
Tita Reut 
La mort, etc. suivi de Deuil et Irréel, Modalités. 
L’ActMem, 2010
18 € 
 
« Et si la langue occupait en nous la place où, autrefois, on imaginait l’âme ou l’ange (gardien »... Il y aurait alors un usage courant sous la forme du langage et puis, soudain, à la suite d’un regard, d’une perception, d’une rencontre, l’éveil de cette langue manifesté par une précipitation verbale prenant la forme du poème. C’est ainsi par précipitations successives que se construisent, me semble-t-il, les livres de Tita, et l’on y sent toujours la vivacité du surgissement. L’élan prime et, au gré du souffle, dépose tels quels les mots précipités dans l’instant dont ils sont l’empreinte. Rien que du vif et son immédiateté. » (Bernard Noël, dos du livre)  
 
 
René Pons 
Paysages inexistants, suivi de Le Monde s’en va 
Rhubarbe, 2010
12 € 
 
Plus inquiet que Reverdy, moins exotique que Michaux, proche aussi de R. Juarroz, René Pons porte ici à une sorte de perfection dans l'amertume l'art du poème en prose. Car la vie déçoit, singulièrement quand, l'âge venant, vous vous retrouvez comme enfermé dans ce corps trop vieux pour une âme d'enfant. Jouant tour à tour d'un humour très noir, du pessimisme lucide (car l'issue de la pièce, n'est-ce-pas, ne fait aucun doute), d'une misanthropie sans indulgence, et d'un lyrisme bouleversant quand il évoque les plaisirs confisqués, René Pons est un pessimiste nécessaire. Sa noirceur nous éclaire, son humour glaçant nous tient en éveil, nous empêchant d'être dupes. (site de l’éditeur
 
 
Daniel Pozner 
Le Géographe est ailleurs 
coll. Trait court, Passage d’Encres, 2010
6 € 
 
« Se souvient-il de ce panneau au hasard d’une route de Bretagne : Attention modification des lieux et le cap Fréhel encore à vif et très douce amertume dasn la voiture et puisque quelques menus propos » 
 
 
Amélie Collet 
...le poids qui l’avait fait tomber 
L’ActMem, 2010
16 € 
 
 
« Il doit être sept heures du matin. Comme c’est terriblement commun, finalement. Aucune marquise n’erre au dehors. Il n’y a qu’Ezéchiel en dedans. Le jour s’épouste à travers les persiennes de la salle à manger; ainsi la lumière s’aventurine. Les volets du salon, les volets de ce côté-ci, sont ouverts. Des fenêtres, notre homme n’embrasse pour l’instant qu’une partie du ciel. Sous un cadre, toujours. Le périmètre comme première étape de la sagesse. Croit-on pouvoir tout encercler? 
Professeur de lettres modernes dans l'Académie de Créteil, Amélie Collet est également directrice d'études et chargée d'enseignement à la Faculté des Lettres de l'ICP. Titulaire d'un Master de philosophie esthétique, elle poursuit à Paris IV son doctorat de stylistique sur la « voix poétique » et l'œuvre d'André du Bouchet. Violiste de gambe, animatrice d'un Atelier d'écriture poétique et intervenante au sein de la « Prépa École du Louvre » de l'ICP, cette jeune poète place la « transdisciplinarité » au cœur de ses projets universitaires et artistiques. » (Dos du livre)  
 
 
           revues 
 
Passage d’Encres, n° 38-39 
Argentines
25 € 
 
Un fort dossier Argentines I & II, coordonnée par Jordi Bonells, pour ce numéro (en grande partie bilingue), avec Ricardo Piglia, Andrès Neuman, Maria Fasce, Anna-Kazumi Stahl, Delphine Gras, Alejandro Parisi, Sergio Delgado, Martin Kohan, Nestor Ponce, Florencia Abbate, Marcelo Cohen, Carolina Aguirre, Federico Garcia Romeu, Alberto Manguel, Tabita Peralta Lugones, Guillermo Schavelzon, Ernesto Mallo ; portraits de Daniel Mordzinski. A noter également des textes de Ricardo Mosner, Guillermo Pisani, Jean-Pierre Hamon, Serge Muscat, Alain Helissen. Artiste invité : Guy Bodson.  
 
 
Siècle 21 n° 16
Printemps-été 2010
17 € 
 
Au sommaire de ce numéro, un dossier Littérature argentine contemporaine, L’Après Borges, avec notamment Juan José Saer, Alan Pauls, Ricardo Piglia, César Aira, Juan Gelman ; un important dossier hors cadre consacré à Pascal Quignard, avec inédits et manuscrits et contributions de Mireille Calle-Gruber, Anaïs Frantz, Philippe Bonnefis, des chroniques de Pierre Bergounioux sur Gérard Bobillier, Leïla Sebbar, Jean-Marie Chevrier, un thème Echecs et défaits, avec notamment Breyten Breytenbach, Miahcaël Glück, Manil Suri, Françis Salvaing. Gravures de Susana Lamberti.  
 
          et aussi 
 
Daniel Guillaume 
L’arbre transformé 
Le Seuil, 2010
16,50 € 
 
Une écriture qui s'invente avec une vie, aux aguets de la permanence et du mouvement. 
D’est en ouest, des Habsbourg et de la Troisième République au début du XXIe siècle, un homme explore sa mémoire, se cherche, apprend à parler en son nom. Il part d’abord en quête du passé de sa mère, une poétesse hongroise réchappée du ghetto. Sa grand-mère, déportée en 1944, mourut à Bergen-Belsen. Étudiant, il lit Montaigne et va découvrir la maison natale de son père, à Bayonne. Là, il évoque les avatars familiaux de ce dernier, aventureux, énigmatiques voire inquiétants : ses trois mariages et ses trois fils, la fortune coloniale du grand-père en Indochine. Un troisième départ conduit dans le Loiret, où le père fut architecte, avant qu’on ne descende le fleuve jusqu’en Vendée. On comprend alors que le jeune homme, qui vient lui-même de quitter une épouse hongroise, demeure imprégné d’images sadiennes. Gilles de Retz, Bataille, Kafka. Il y aura six autres voyages, deux demi-frères et des femmes, des corps, des livres, le suicide et la folie. L’Histoire encore. Quelle rencontre donnera son terme au récit ? 
L’arbre transformé, c’est un saule dans le jardin d’enfance. C’est aussi l’arbre d’une généalogie, qui transparaît dans ce que l’on voit. C’est enfin la forme d’un écrit qui s’invente avec une vie, aux aguets de la permanence et du mouvement. 
Daniel Guillaume est né en 1967. Il a publié des travaux universitaires et des poèmes. L’arbre transformé est son premier livre.