La bourse serait-elle devenue un casino géant ?

Publié le 12 avril 2010 par Apprendrelabourse.org

Entre les sites de jeu en ligne qui proposent de trader sur le Forex, et des marchés financiers de plus en plus aux mains de spéculateurs de court terme, la bourse serait-elle devenue un casino géant ? Ayant succombé récemment à la mode du poker qui déferle chez nous depuis quelques années, je me suis rendu compte qu’il y avait en fait beaucoup de similitudes entre « jouer » en bourse, et jouer au poker.  

crédit photo : kozumel

Vous qui connaissez un peu le poker et souhaitez vous initier à la bourse, ou vous qui jouez en bourse depuis quelques années déjà mais n’avez peut être pas la bonne approche psychologique, vous verrez que la comparaison telle que présentée ci-dessous peut être riche en enseignements et vous aidera peut-être à mieux appréhender les marchés financiers. En considérant quelque part la bourse comme une partie de poker, vous verrez qu’on peut voir les choses sous un angle très différent.  

Les similitudes

Pour jouer au poker, il vous faut une « cave » ou des jetons de départ qui vont constituer votre tapis. En bourse, c’est pareil, il vous faut un compte ou portefeuille de départ à partir duquel vous allez pouvoir effectuer vos investissements.  

Au poker, il apparaît évident qu’il est bien plus difficile de s’en sortir avec un petit tapis qu’avec un gros. C’est exactement la même chose en bourse. Un petit tapis vous permet de jouer moins de mains et vous conduit à prendre plus de risques. Un petit portefeuille ne vous permet pas de résister aux secousses des marchés et vous amène également à prendre plus de risques. C’est souvent parce qu’ils partent sous-capitalisés que la plupart des investisseurs prennent trop de risques, réagissent mal, et finissent par perdre en bourse.  

Une fois que vous avez vos jetons de départ ou votre portefeuille, il va falloir considérer votre jeu. Constitué de 2 cartes au départ au Texas Hold’em (même si on pourrait y ajouter le comportement et les mises des autres joueurs), puis agrémenté du « flop », du « turn » et de la « river », il est beaucoup plus vaste en bourse puisqu’il s’agit en gros de toutes les informations à votre disposition : résultats, annonces, graphiques, etc.  

Mais au poker comme en bourse, ce sont ces éléments à votre disposition qui vont vous permettre de prendre vos décisions. Et comme au poker, vous pouvez décider de miser « pré-flop » en bourse, juste avant des résultats ou statistiques économiques, ou au contraire attendre le « flop » ou les publications, pour avoir plus d’éléments à votre disposition pour miser. Les risques et les gains ne seront alors pas les mêmes. A chacun son approche.   Votre jeu en main, vous êtes maintenant prêt à miser voire relancer. C’est la même chose en bourse, où vous allez pouvoir investir voire renforcer si la configuration s’y prête. Au poker, sauf à vouloir bluffer (nous y reviendrons), on relance avec un bon jeu ou un tirage favorable. Pourquoi la majorité des investisseurs boursiers relancent-ils lorsque le jeu tourne en leur défaveur ? C’est peut-être là l’une des premières raisons qui peuvent conduire les investisseurs boursiers à l’échec, alors qu’ils n’auraient peut-être pas fait l’erreur au poker. 

L’investissement en bourse : un jeu de hasard ?  

En considérant la bourse comme une partie de poker, ou même en poussant la comparaison plus loin encore, comme un jeu de hasard, peut-être parviendrez-vous d’ailleurs à améliorer votre comportement face aux marchés. Si vous jouez à un jeu de hasard, vous sentirez-vous coupable ou honteux si vous perdez ? A priori non, car vous savez que ce n’est qu’une question de chance ou de malchance. Il faut que vous arriviez un peu à la même conclusion en bourse, même si tout ne dépend pas du hasard : malgré tout le travail que vous pourrez faire avant d’investir, pour mettre toutes les chances de votre côté, vous n’êtes jamais à l’abri d’un imprévu, d’une inversion de tendance.  

C’est d’ailleurs la même chose au poker : même avec une grosse main, une grosse paire servie ou un As-Roi assorti, on n’est jamais à l’abri d’un « bat beat » comme disent les joueurs de poker. Vous avez peut-être investi sur une valeur sûre, pour laquelle les fondamentaux et l’analyse graphique sont favorables, mais vous vous faites sortir par un « 2 » à la river, qui donne un brelan ou un full à votre adversaire. C’est ne souvent juste qu’un « manque de chance », mais il n’y a aucune raison de perdre confiance et à la longue, votre travail payera.  

On l’oublie d’ailleurs souvent aussi : le hasard ne joue pas toujours en votre défaveur. Il arrive en effet qu’avec un trade pourtant mal engagé, on retourne une « OPA » à la river qui nous permet de repasser dans le vert in extremis. Mais cela, on l’oublie malheureusement vite, alors qu’il serait très profitable de pouvoir analyser pourquoi on a insisté avec un mauvais jeu alors qu’il aurait fallu sans doute se coucher.  

Pourquoi les investisseurs ont-ils autant de mal à reconnaître cette part due au hasard ? Pourquoi les investisseurs ont-il cet orgueil qui les pousse à croire qu’ils peuvent maîtriser le marché ? Un peu plus d’humilité et ne pas négliger la part de hasard dans tout investissement qui les aiderait pourtant sûrement beaucoup dans la gestion psychologique de leurs trades et sur le niveau de leur confiance.  

C’est sur ces éléments que nous reviendrons dans quelques jours pour la suite de cet article, mais nous verrons aussi qu’il n’y a pas que des points communs, et que les quelques différences relevées s’avèreront également très riches en enseignements, pour vous aider, je l’espère, à progresser dans la gestion de votre portefeuille.