Merde à la bien-pensance !

Publié le 13 avril 2010 par Livmarlene

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“Gégé, tu m’inspires !” Si j’avais Depardieu devant moi, voilà ce que je lui dirais. Dimanche, dans une interview accordée à l’équipe d’Harry Roselmack à l’occasion de la sortie de son dernier film Mammouth, ce géant du cinéma français a osé des mots qui ont profondément fait écho en moi, pauvre petite caisse de résonance trop timide pour prendre à mon compte des propos pourtant si pleins de bon-sens.

D’abord, le journaliste de TF1 taquine Gégé sur son gros bide. Réponse d’un grand sage : “A quoi je vais jouer, à l’éternel poulet de printemps ? Pour séduire qui ? A 62 ans, je vais aller courir la minette ?” Alors que tant de people se font lifter ou retoucher sous Photoshop pour les besoins d’une campagne de publicité, Depardiou comme on l’appelle outre Atlantique sait que quoi qu’il fasse, il n’est plus de première fraîcheur. Ce qui le gêne, ce n’est pas tant son apparence que le cortège de désagréments qu’il y a à prendre de l’âge : les douleurs, le diabète, la vue qui baisse, la mémoire qui flanche.

Ensuite, on le branche sur LE sujet sensible qui fera une excellente séquence émotion dans le reportage : la mort de son fils. Là encore, l’acteur montre qu’il est au delà des illusions de la machine à rêves dont il fait pourtant un peu partie :

“Guillaume est parti très tôt, trop tôt. Mais il est parti de la façon qu’il a souhaitée, parce qu’il en avait assez de vivre. J’ai pleins de gens en moi. Barbara, Guillaume, Carmet. Parfois, je me surprends à voir les choses comme il les auraient vues. C’est dans le quotidien qu’ils me manquent.” Tous, nous nous enrichissons de ceux que nous rencontrons. Et parfois, nous enrichissons ceux qui croisent notre chemin. Puis un jour, une nuit, nous disparaissons. Personne n’y échappe. Dès lors que nous naissons, le compte-à-rebours commence. On pourra mener toutes les recherches que l’on voudra pour vaincre les maladies et le vieillissement, la vie éternelle, ce n’est pas pour demain et tant mieux. Imaginez, si l’on ne mourait plus, on devrait stériliser tout le monde pour éviter la surpopulation. Il n’y aurait plus de bébés, plus d’enfants, plus de regards innocents et neufs sur le monde. Juste des vieillards fiers d’eux dans des corps mensongers, des esprits fatigués dans des enveloppes performantes et lisses.

Mais je vous perds, revenons à Gérard, car arrive le troisième point fort de l’entretien. Le journaliste souligne que la rivière dans laquelle Mammouth se baigne est l’une des plus polluées de France. Là attention, Gérard le sexa ventru, sans peur et sans reproche rétorque du tac au tac : “Celui qui me pollue, c’est Nicolas Hulot, (...), le terrorisme. J’essaie d’être propre, je ne jette pas les choses, je fais une culture raisonnée de mes vignes. Mes animaux, je les respecte, les gens à qui je donne à manger je les respecte. Je suis pas comme Jean-Pierre Coffe à vendre ses Leader Price et compagnie pour un paquet de pognon.” La vache, mais c’est qu’il parle de solutions locales pour un désordre global ! Encore une fois, j’abonderai dans son sens. Le respect de l’environnement, préoccupation bien légitime, est devenu un argument politique et un moyen de redorer son blason. Combien de “personnalités” prêtent leur nom à des associations afin d’entretenir leur notoriété et ainsi pérenniser leur train de vie ! Récemment, mes belles illusions ont été confrontées à cette triste réalité : parmi les gens qui s’auto-proclament défenseurs de la Nature, qui prêchent le commerce équitable et la décroissance, il en est qui n’hésitent pas à exploiter des stagiaires sous-payés pour remplacer des salariés sur le départ à moindre frais. Pour que le boss voyage en première, faut bien économiser ailleurs... Voilà la vérité, écoeurante comme du lait à la mélamine.

Par ses propos pleins de détachement, sa liberté d’être, Gérard Depardieu m’a rappelé ceci : la vie est le court moment qui sépare le premier cri du dernier soupir. Il faut la remplir de joie, autant que nous le pouvons. Et c’est pas parce qu’on veut nous faire marcher sur la tête qu’on doit porter des escarpins en guise de casquette si ça nous plaît pas ! Chacun est libre de ses choix. I’m free, like a river...

Un pas de fourmi pour l’humanité, mais un grand pas pour la Fleur-De-Cactus !