Était-ce pour conjurer le sort que l’Islande organisait, pour la seconde année consécutive, son "DesignMarch" ? Pendant 4 jours, le pays qui vit des jours sombres depuis près de deux ans, avait souhaité draper sa capitale des couleurs festives et disparates du design. Architecture, décoration intérieure, mode, design graphique, bijoux, objets en céramiques… Du 18 au 21 mars dernier, le renouveau printanier s'accompagna d'une renaissance créative qui devait faire oublier l’hiver froid et sombre qui s’achevait.
Dans le centre et aux alentours de Reykjavik, dans les lieux publics, dans les boutiques et les cafés, les organisateurs avaient choisi de revisiter les espaces en laissant libre cours à l’imagination débridée des designers.
Des architectes paysagers avaient ainsi souhaité fleurir Laugavegur, la principale artère commerçante de la capitale ; une floraison éphémère que certains perçurent comme le symbole taquin des tulipes de la nation batave, qui réclame, avec la Grande-Bretagne, quelques milliards d’euros aux Islandais exsangues.
Dans l’enceinte du Musée National de Reykjavik, d’autres avaient imaginé présenter des objets décoratifs autour du thème de « l’aventure ». Une sorte de collection « anti-crise » pour les Islandais condamnés à rester sur leur île, à défaut de pouvoir s’offrir l’exotisme d’un voyage au bout du monde. Et une façon originale de démontrer que le design d’objets pouvait s’inscrire de manière opportune dans le contexte social, économique ou politique d’une population.
Pendant ces quelques jours, je m'en fus donc flâner dans la ville, à la recherche des curiosités qu'avaient disséminés, tels des œufs de Pâques, quelques dizaines de créateurs inspirés.
Je pénétrai d'abord le sanctuaire d'une agence de design, installée dans un grand appartement, à quelques encablures du vieux port de Reykjavik. A la frontière de l'art et du design produit, Studiobility créé principalement des objets décoratifs ou ludiques et des meubles. Jeux d'ombres et de lumières, détournements utilitaires, conceptions écologiques... cette jeune équipe de designers aime laisser libre cours à son inspiration et fonctionne comme une "boîte à idées". Rocking-chair modernisé, abris en kit, fauteuils et canapés en laine Islandaise... Gudrun, la co-fondatrice, avait laissé la porte grande ouverte; une invitation à découvrir les curieuses créations réparties dans toutes les pièces.
Dehors, la pluie se révéla l'allié inattendu du festival, et me confirma ce que je savais déjà : on est mieux à l'intérieur. Je repartis donc en bicyclette en quête d'un lieu sec.
Pendant près de 4 heures, je poursuivis ma quête d'objets inédits avec d'autant plus d'assiduité que l'humidité glacée parvînt à m'investir sournoisement.Curieusement, je remarquai qu’à mesure que les lieux d’exposition fermaient leurs portes, le ciel se délestait progressivement de son manteau gris. Ultime témoignage de la capacité des Islandais à s’approprier les faveurs de leur île, la pluie cessa, comme par magie
Le soir du même jour, je profitai de mon statut d'apprenti journaliste pour me faire inviter au défilé du Reykjavik Fashion Festival, qui se tenait en marge de DesignMarsh. La crème des créateurs Islandais y présentèrent leurs ultimes collections...
(à suivre : les photos du défilé)