Lecture. Ghislain Poirier et le fiasco Flying Lotus à la S.A.T.

Publié le 14 avril 2010 par Maxime Boisvert

Ghislain Poirier n’est pas un homme très loquace. Du moins, sans le connaitre, c’est l’impression qu’il me donne… Et comme je suis le roi du shortcut mental, j’ai probablement associé le fait que sa musique soit instrumentale (bon ok, ya quand même pas mal de vocal sur ces tracks mais ce sont toujours des featurings et jamais sa propre voix) et un peu surement aussi au fait qu’il semble relativement timide.

Timide ou pas,  ça ne l’a pas empêché de prendre sa plume pour faire part à notre charmant (j’ai pleins d’autres qualificatifs qui me viennent en tête, mais comme ma maman pourrait tomber sur ces écrits, je préfère mettre charmant) de ses questionnements quant à la vocation de cette mystérieuse Place des Spectacles et aussi, pour essayer de comprendre, comment avons nous pu en arriver en arriver à un fiasco comme celui du concert de Flying Lotus à la SAT.

Je pense qu’on est pas mal unanime pour dire que ce genre de situation cause des torts irréparables à la scène culturelle montréalaise ainsi qu’à tous ses artisans. Et maintenant qu’on a bien cerné le problème  et qu’on a identifié clairement qu’elle équipe (voir ci haut, juste à coté de charmant) a le pouvoir d’arrêter l’hémorragie, je pense qu’il est temps qu’on passe au next level. Alors, je redemande encore une fois à notre très cher et charmant maire: Agissez tabarnak!

MONTRÉAL : FAIRE FACE À LA MUSIQUE

April 13, 2010

Montréal, 13 avril 2010

MONTRÉAL : FAIRE FACE À LA MUSIQUE

Monsieur Gérald Tremblay, maire de Montréal,

Montréal se targue d’être une ville culturelle, ouverte aux artistes et aux musiciens. Or, je constate que ce n’est que de la poésie, car les faits sont tout autres.

Je ne m’attarderai pas sur le zèle, voire le harcèlement constant, des policiers envers plusieurs bars et salles de spectacles (Zoobizarre, Main Hall) durant la dernière année pour me concentrer sur un cas bien précis qui met en lumière la flagrante contradiction d’une volonté politique boiteuse: le Quartier des spectacles.

Le 25 mars dernier, un résident s’est plaint au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) de la musique forte émanant de la SAT (Société des arts technologiques), située en plein coeur du Quartier des spectacles sur le boulevard Saint-Laurent au coin de la rue Sainte-Catherine. Quelques minutes plus tard, des policiers arrivaient sur les lieux.

Selon le communiqué des organisateurs d’I Love Neon, la police a demandé de baisser «le volume du système de son de la SAT à un niveau qu’elle jugeait convenable et [les] a avertis de ne pas le dépasser».

La SAT a décidé de limiter dorénavant le volume de façon à éviter les visites policières. Par conséquent, les organisateurs d’I Love Neon vont déménager leurs prochains événements car ils considèrent cette baisse de volume comme inadéquate pour pleinement apprécier la musique dans leurs soirées. Par ailleurs, d’autres promoteurs vont s’ajuster à cette nouvelle mesure à la SAT.

Sur le site web du Quartier des spectacles, le premier objectif mentionné dans la vision des membres du Partenariat est d’«utiliser la culture comme levier de développement». Sa « vitalité doit être soutenue et consolidée par des mesures incitatives, telle la mise en place d’espaces de création abordables, qui s’appuient sur les actifs culturels existants ». [I1]

Mesures incitatives?

Les festivals Mutek et Elektra gagnent ex-aequo le 25e Grand Prix du Conseil des Arts de Montréal et qu’apprend-on la même semaine? L’une des principales salles qu’utilise Mutek pour la diffusion de ses spectacles est brimée. Des répercussions négatives qui se feront sentir pour une quantité d’événements futurs, tous styles musicaux confondus.

Monsieur le maire, qu’est-ce que vous êtes en train de faire à Montréal? Quelle est réellement la vision collective actuelle pour une métropole culturelle d’avant-garde? Je suis grandement inquiet.

Il est difficile de comprendre le message derrière ce « quartier coloré qui conservera une marginalité tonifiante, dans un contexte plus sécuritaire et inclusif ». [I1] C’est dans cette optique qu’il est temps d’être plus clair dans vos intentions et de faire face à la musique en ce qui concerne le Quartier des spectacles et la ville dans son ensemble sur le plan de son approche et de sa vision culturelle incluant les petits événements, cette «marginalité tonifiante».

Je suis l’un des artisans de cette scène, je suis musicien, DJ et promoteur. J’ai joué maintes fois au Zoobizarre, à la Casa Del Popolo, au Main Hall, à la SAT, au Club Soda, au Métropolis, et j’en passe. Je voyage fréquemment à l’étranger, du Brésil à l’Australie, des États-Unis à la Suède. Je représente Montréal partout où je vais. Quand on me demande si Montréal est une ville accueillante pour les musiciens et artistes, mon constat est devenu plutôt pessimiste. J’aimerais tant pouvoir dire le contraire.

Ghislain Poirier (Poirier – DJ/producer)

via BAP via Ghislain Poirier