Ranx et Jeff. En tenue de soirée. Les deux tondus annoncent la ...

Publié le 15 avril 2010 par Fabrice @poirpom

Ranx et Jeff. En tenue de soirée. Les deux tondus annoncent la couleur. Deux des quatorze membres des Red Warriors, une bande de redskins fondée en 1986.
Dénominateur commun de ces guerriers: antifascisme radical. Activité: rosser les FAF. Outils: battes de baseball, mousquetons, poings américains, couteaux et DocMartens.
Quartoze mectons, sculptés dans le béton, parcourant la banlieue parisienne. Avec le sens de l’humour de taulards en pleine convention des Amis de la Police. Ils traquaient d’autres tondus, tout aussi tendus, mais idéologiquement opposés.
Entre deux chasses aux FAF, ces messieurs assuraient efficacement le service d’ordre lors des concerts des Bérurier Noir.
Lorsque nos amis les FAF se radinaient en masse, les Ducky Boys, Black Dragoons et autres Docker Boys venaient prêter main forte aux Warriors. Autant de noms de peuples exotiques ayant, une fois encore, le même dénominateur commun.
La gueule de ces FAF, objet de leur haine? Pareils. Mais radicalement différents.
Dénominateur commun: fascisme radical. Activités: ratonnades, agressions homophobes. Et chasse aux antiFAF. Outils: battes de baseball, mousquetons, poings américains, couteaux et DocMartens. Et Rangers, parfois.
Tolbiac Toads, Nazi Klan ou encore les JNR (Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires), mouvement fondé par Batskin à l’automne 1987. Autre forme d’exotisme, même rage viscérale.
Choper le crétin d’en face. Le tacler pour qu’il s’étale. Lui péter les côtes à coups de batte. Écraser ses doigts à coups de talon, ratatiner son pif à coups de poing, lui tailler la gueule à coups de lame. Et lorsqu’il est à point, lui pisser dessus.
Rentrer chez soi. Siffler une bière. Tringler sa grosse. Et ronfler.
Pardon, Darwin.
Ces peuplades obscures résistent mal aux années 90. Arrestations, condamnations et vieillissement les désagrègent lentement…
Mais toutes ces gueules d’assassins, loubards patibulaires, tronches de métèques, chiures de prolo, tondus blancs comme des culs… Tous ces antiFAF et leurs contraires vont être immortalisés pendant leurs plus belles années. Avec un soin méticuleux, digne d’un taxidermiste.
Entre 86 et 89, Ralf Marsault, photographe et doctorant en ethnologie, et Heino Muller, son compagnon de route de l’époque, vont rencontrer ces enragés. Un par un. Là où ils sont, là où ils vivent. À Paris, en banlieue. Mais aussi à Londres, à Berlin. Partout où la misère et le bitume ont dégueulé leurs rejetons.
Les rencontrer pour les capturer. En tenue de soirée. Dans leur environnement naturel.
Ranx et Jeff, bien sûr. Mais aussi Batskin et sa bande. Et Riton, Gavroch, Karole, Crass et Delir, Otarie, Marco, Nano, Bozo, Tito, Fred Gargamel, Snuff et Odile, Malibu, Destroy, Chico et Jas, Bara, Zsa-Zsa et Maxwell… Des gueules tartinées de crasse, des regards perçants, des moustaches de matador, des jupettes en vinyl de poupée dézinguée, des mâchoires de tracto-pelle, des crêtes qui emmerdent le Front National et la gravitation, des nazillons qui t’enculent… Un trombinoscope de marginaux de première classe.
En 1990, sous le pseudonyme 25/34 photographes, Marsault & Muller offrent Fin de Siècle au monde.
Près de deux cents portraits.
Froids.
Neutres.
Époustouflants.
Livre à télécharger gratuitement ici (PDF, 145 Mo)