Anthologie permanente : André Frénaud

Par Florence Trocmé

La vie comme elle tourne
et par exemple

Ça va, ça tourne, c’est débrayé,
depuis toujours ça tourne mal.

Les parties nobles, les parties douces,
la matière grise,
Les nouveau-nés, les chevronnés, les charlatans,
les désolés, les acharnés, les ortolans,
les magiciens, mécaniciens et les fortiches,
tout est égal et fait du vent.
Tout se dépose et sous la langue fait amertume.
Corps rechignés, amour rendu.
À roue qui tourne, éclats, fumées.
Cela donne soif, faut en convenir.
Ça vous complique et vous recuit.
Ça vous alarme, ça vous suffoque.
Tout se morfond et se déglingue ou se raidit.
Se prend, s’enfonce. Vas-y. Va-t’en. La joie, la frime.
La folie calme et les grands cris. Ça prend confiance.
Ça va venir. Parties honteuses, le cœur ballant.
Rêverie pleine et la dent creuse.
Le corps brûlant. Ça reprend vie.
Ça va venir… T’émerveilla…
Tout est pour rien
Tout vaut pour rire.

André Frénaud, Nul ne s’égare, Gallimard, 1986, p. 97 & en Poésie / Gallimard, 2006, p. 265

contribution de Tristan Hordé

André Frénaud dans Poezibao :
Bio-bibliographie d'André Frénaud,
extrait 1, extrait 2, extrait 3, extrait 4, extrait 5, extrait 6, extrait 7
annonce parution Nul ne s'égare en Poésie/Gallimard,

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