Escapade à Ouessant.

Publié le 18 avril 2010 par Laurencenathan

Nous voilà revenus du Finistère et voici quelques photos d'une escapade au large du continent en mer d'Iroise sur l'île d'Ouessant: c'est une sortie en mer de 3 heures aller... On passe la rade de Brest et c'est une occasion unique d'apercevoir tous les points importants comme la pointe des Espagnols ou bien encore le phare de la pointe Saint-Mathieu avec le sémaphore et les ruines de l'abbaye.


Plus loin, après une escale au Conquet où le bateau se remplit de voyageurs, on arrive à Molène pour un premier arrêt: on entend:" descente à tribord par le triquart!". C'est quoi le triquart??? Ah? C'est le tout petit bateau qui tangue dans tous les sens par ce grand vent de Nord- Est et qui tente de se mettre parallèle au nôtre!!!! Chouette, nous avions justement choisi de descendre à Ouessant... Les acrobaties seront pour une prochaine fois, sans la poussette, le bébé et les deux petits gars...

Ensuite, on bouge dans tous les sens, on s'apprête à traverser le célèbre passage du Fromveur, un courant froid (8 à 10° C maximum et qui file à 9 ou 10 noeuds marins sur un fond de 60 mètres...) Il est particulièrement dangereux et le bateau bouge pas mal...

Nous arrivons au port du Stiff sur Ouessant: des rocs noirs, un phare, une tour d'observation pour le trafic du fameux rail d'Ouessant, une houle importante... Et un vent glacé qui siffle. L'arrivée est détonnante! C'est pas pour les demi-portions mais nous n'en sommes pas!

Et voilà que nous partons dans le vent avec la petite troupe, un peu malades, un peu secoués et... nous découvrons les premières habitations, les premières ruines... Ouessant comptait environ 2400 habitants dans les années 60 et n'en compte plus que 850 à peu près...

Nous bifurquons de cette route où le seul bus de l'île fait des navettes entre le Stiff et  Lampaul à toute allure: à nous d'anticiper son passage en nous jetant presque dans le fossé!

La petite route est plus calme... On pique-nique et...nous partons à la recherche d'une âme charitable qui voudra bien nous rincer les biberons: on en trouve une... La porte s'ouvre; je reste dehors puis je suis invitée à rentrer dans une petite maison bien chaude. L'accueil est tout aussi chaleureux et le propriétaire sort avec moi pour nous montrer les sentiers: c'est un grand homme mince, ancien marin de commerce qui nous parle de l'île, de ses voyages et tout en parlant, il évoque les histoires des ouessantins, de la façon dont les héritages se font... Là-bas, on partage, tout: les maisons en deux, les terrains en cinq, et au bout de plusieurs générations, le morcellement est tel que l'on s'y perd, et que l'on se dispute, à mort, à jamais!

Après la pause biberon, cachés derrière le mur de galets énormes, nous repartons vers un plateau incroyablement beau: c'est comme l'Ecosse ou l'Irlande. L'herbe est rase, le sol souple et nous roulons à merveille pour découvrir un petit port et le phare du Créach.


Enfin, c'est le retour sur Lampaul: quelques maisons, une église avec un enterrement. Le matin, les fleurs étaient arrivées par notre bateau. Dans l'épicerie du village, une vieille ouessantine traîne à la caisse pour voir qui est venu, qui ne l'est pas...

Une pause à la crêperie, une de celle qu'on ne peut qu'aimer: livres, feu réconfortant et bon café bien chaud. La pause salutaire avant de reprendre la mer.

 

On court jusqu'au port, on s'installe sur le pont, on se couvre, on prépare Nicolas pour la traversée dehors: et puis la surprise. Une dame d'une soixantaine d'années arrive, celle que nous avions rencontrée le matin dans le bateau, puis à l'épicerie, qui nous avait invités à venir prendre le café dans la maison qu'elle a hérité de ses parents, coupée en deux, qu'elle partage donc avec sa soeur... Cette dame donc, nous donne des gateaux pour les enfants, nous invite à venir la voir à notre prochain passage à Brest où elle réside le plus souvent. Elle nous fera signe du prés là-bas au loin à côté de sa maison, près de l'autre maison, celle de sa voisine qui n'avait d'ailleurs pas le droit de bâtir là, mais vous savez... elle s'est arrangée...

 

Et c'est le départ: on part, dans le vent d'Est qui lève la proue comme nous l'avait assuré le marin, On s'est mis au milieu comme il nous l'avait demandé... On fait de grands signes à notre ouessantine qui nous attend dans le prés, et on découvre la baie de Lampaul et le mythique phare de la Jument parmi les phares des enfers, seul au milieu du passage du Fromveur.

Pour l'anecdote, on s'est aperçut 20 ans après sa construction que ce phare n'était pas rivé au roc qui le soutient...

La mer est houleuse, le bateau monte et redescent; Nicolas s'est endormi. Des vagues éclaboussent les côtés du pont et certains prennent un petit bain frais... Soudain les gens se lèvent et font OHHHHHHH!!!!!

On coule? On a heurté un récif?  Portant dans ce OHHHHHH je sent de l'admiration ou du contentement: On a perdu un homme à la mer et il était méchant?

Non, ce sont deux dauphins qui nous escortent!!!!! c'est trop beau... Je lâche la poussette, un autre voyageur nauséeux s'y cramponne et je vais voir: des embruns, du vent très froid mais une forme noire une nageoire qui file et puis plus rien.

Le voyage s'achève dans une lumière scintillante de fin d'après-midi et nous goûtons à la douceur de la rade de Brest à nouveau, dans un bateau quasiment vide après l'escale au Conquet...

 

Une belle journée... Il n'y a plus qu'à y revenir pour mieux comprendre.