Afrique – France, 50 ans d’indépendance : noces d’or ou divorce ? 1/5

Publié le 19 avril 2010 par Marine8888

17 pays africains vont fêter en 2010, les cinquante ans de leur indépendance. Le Cameroun a ouvert le bal des festivités en janvier. Le 4 avril dernier, c’était au tour du Sénégal, sur fond de polémique  et de mécontentement quant à la durée et au bilan du mandat présidentiel d’Abdoulaye Wade. Contrairement aux autres pays qui ont commémoré l’événement sans strass ni paillette ou juste ce qu’il en fallait pour en faire ni trop ni trop peu, le Sénégal a voulu se distinguer. Grandeur et décadence…. !

L’inauguration du Monument de la renaissance africaine, un bronze de 53 mètres de haut, 222 000 tonnes de bronze, 34 mois de travail, un géant aux formes athlétiques, tenant sa femme à la taille et son enfant sur le bras surgit des entrailles d’un volcan éteint, le regard tourné vers l’Ouest. Une idée du président sénégalais qui y voit une représentation de l’Afrique sortant des ténèbres de l’obscurantisme pour aller vers le progrès. Le coût en a fait toussé plus d’un, 12 milliards de francs CFA (version basse certains sites affichent 15 milliards…).

La France est complètement  éreintée dans les journaux et les blogs africains… et ce n’est pas Nicolas Sarkosy qui va redresser cette lamentable image…

L’occasion de faire pendant quelques jours un petit tour des blogs et autres sites africains sur le sujet :

Le blog de Théophile Kouamouo (côte d’Ivoire) : http://kouamouo.ivoire-blog.com/

Ce journaliste, éditorialiste et chroniqueur indépendant, après avoir été reporter à L'Autre Afrique, correspondant du Monde à Abidjan, grand reporter à Fraternité-Matin, rédacteur en chef du "Temps" et du "Courrier d'Abidjan". Bloggeur , il apporte aussi sa contribution sur Rue 89. Auteur de deux essais : "La France que je combats" et "La Recolonisation de l'Afrique - le cas de la Côte d'Ivoire", aux Editions Le Courrier d'Abidjan. Il livre le texte de l’'historien camerounais Achille Mbembe sur un  bilan des cinquante années de l'Afrique indépendante :

« Ce cinquantenaire de la décolonisation n’est pas seulement une affaire africaine. On me dit que la France, en particulier, veut faire de 2010 une « Année de l’Afrique ». La France, justement, donne l’impression de n’accepter que du bout des lèvres la démocratisation du Continent. Dans son pré-carré, elle s’y est opposée farouchement depuis 1960, n’hésitant pas, le cas échéant, à recourir à l’assassinat et à la corruption. Aujourd’hui encore, elle est connue, à tort ou à raison, pour son soutien le plus tenace, le plus retors et le plus indéfectible aux satrapies les plus corrompues du continent et aux régimes qui, justement, ont tourné le dos à la cause africaine. »

Togo.com : www.togosite.com/ : quotidien en ligne qui semble indépendant Dans un article titré : 50 ans d’indépendance, 50 ans de gâchis publié le 2 février, l’article signé de la rédaction s’agace du precarré français sur le continent africain :

« Malgré le décès de ces dinosaures, la France a trouvé d’autres hommes de service. (…) Comment peut-on développer un continent selon les humeurs des bailleurs de fonds ? Les dirigeants n’ont aucune vision pour leur pays. Ces bailleurs de fonds font la pluie et le beau temps (...) Ces projets sont toujours à court terme, après, ils ferment boutique et c’est l’éternel recommencement.(...) Et comble de l’ironie et du cynisme, la France ose proclamer 2010, année de l’Afrique (cinquantenaire des indépendances oblige), et on va les voir (les dirigeants du précarré) tous autant qu’ils sont, aller se pavaner à l’Elysée (palais présidentiel français). »

Le Faso .net : www.lefaso.net/ , quotidien en ligne… modéré voire au-delà retranscrit le discours que le président burkinabé Blaise Campaoré a prononcé lors du lancement des festivités du 50e anniversaire des indépendances en mars :

« Il m’est particulièrement agréable en ce jour, de saluer la qualité des liens qui nous unissent à la France, pays qui partage avec le Burkina Faso, un héritage impressionnant aux plans humain, linguistique et culturel. A cet égard, la nouvelle dynamique imprimée à la coopération décentralisée consolide le développement à la base et contribue à accélérer l’essor économique des collectivités territoriales de notre pays.

Il nous importe donc d’œuvrer ensemble au renforcement de ce partenariat mutuellement avantageux pour les peuples français et burkinabè »

Le blog de Quophy, le10sident.blogspirit.com/  probablement un journaliste, a rédigé un article sous le titre «Nous ne fêterons point ces indépendances indignes! » particulièrement virulent 

« (...) Personne, à moins de choisir le suicide moral, ne saurait dédouaner Paris de ces cancers qui étranglent les peuples. Il ne faut plus chercher à comprendre les successions royales du Gabon, ni du Togo. Il ne faut pas attendre de Compaoré, tueur de sang froid improvisé médiateur de toutes sortes de crises organisées, qu’il propose autre chose qu’une élection à un seul tour aux togolais. De qui prendrait-il ses instructions donc ? Mais d’où Sassou Nguesso a-t-il appris, compris et importé le principe du mandat présidentiel de sept ans ? D’où vient cette culture obscurantiste de mandat présidentiel long sinon de l’hexagone des gens de steak-frites et de bon vin de table ? En apprenant tout petit que leurs ancêtres étaient plutôt des gaulois, ces cancres de la mauvaise gouvernance et de la dictature ne sauraient être des élèves parfaits sans assimiler également la règle de la présidence monarchique cher à De gaulle.(...)

à suivre...