BUDGET DE SAVERNE : "Il faut se serrer la ceinture"!!

Publié le 19 avril 2010 par Popote67

Ce n'est pas la joie du côté des finances savernoises. Au delà de l'éternel débat entre majorité et opposition sur la responsabilité de la lourde dette, le budget prévisionnel 2010 de la commune, voté mercredi soir en conseil municipal, annonce qu'il va falloir davantage se serrer la ceinture et que « l'époque des grands travaux est révolue ».

L'heure était venue mercredi soir pour les élus savernois de voter le budget primitif 2010, après s'être penchés une dernière fois sur ces prévisions qui annoncent un budget total de la commune s'élevant à un peu plus de 23,7 M€ : 14,3 M€ en fonctionnement et 9,4 M€ en investissement.


 « Nous sommes une commune qui a toujours eu une dette relativement importante, plus que les autres villes de taille comparable, principalement du fait de l'importance de notre patrimoine historique », commence le maire Émile Blessig en évoquant le château des Rohan, l'église Notre-Dame, le presbytère catholique, les Récollets, le Haut-Barr, etc. Des édifices coûteux à entretenir et à rénover.

 La dette de Saverne dépasse 16,9 M€, soit 1 411 € par habitant, le maire précisant que plus de 2,3 M€ d'emprunt (capital + intérêts) seront remboursés cette année (192 € par habitant et par an). La commune compte par ailleurs emprunter cette année 977 000 € pour compléter le financement de ses investissements. « Il faut que nous puissions progressivement réduire cette dette », poursuit Émile Blessig en indiquant clairement que « l'époque des grands travaux est révolue. Avec un tel poids de la dette, il faudra du temps... » Pour établir son budget prévisionnel 2010, la municipalité a donc cherché à faire un maximum d'économies dans ses dépenses de fonctionnement.

« Nous sommes là au début d'une période d'efforts »

 « Il y a eu un effort considérable de la part des collègues et des services », souligne l'adjoint aux finances Pascal Jan, avant d'analyser les différentes parties du budget. Pour les dépenses de fonctionnement, « le gros effort de ce budget » intervient au chapitre des « fêtes et cérémonies », pour lesquelles 200 000 € sont réservés. En 2009, 242 000 € ont été dépensés sur les 263 000 € prévus. C'est le festival « Tous en place ! » qui fait les frais de cette économie (lire ci-dessous).

 On notera une stabilité des charges à caractère général, mais une hausse des frais de personnel, dont les prévisions augmentent de 5,94% (de 6,9 M€ en 2009 à 7,3 M€). Ceci en raison notamment du coût de l'embauche de jeunes pour un an via des contrats Passerelle, 296 000 €, mais qui feront l'objet d'une aide de l'État et de la Région de 184 000 €.

 Les dépenses liées aux études et recherches passent de 3 100 € à 53 500 €. 50 000 €, compensés par une subvention, sont destinés à une étude pour l'amélioration des services de la Ville vis-à-vis des personnes handicapées. Pascal Jan relève que 644 000 €, contre 1,06 M€ en 2009, seront reversés à la section d'investissement, « ce qui montre que nous sommes là au début d'une période d'efforts et qu'il va falloir continuer ».

« Nous vivons peut-être un peu au-dessus de nos moyens »

 Concernant les recettes de fonctionnement, outre le produit des impôts, la commune compte sur des dotations et des participations, comme les 640 000 € (500 000 € l'an dernier) que doit lui verser la communauté de communes dans le cadre de la convention de services partagés.

 Du côté des dépenses d'investissement, les principaux travaux prévus cette année concernent le presbytère catholique (200 000 €), les jardins familiaux (500 000 €) et la rénovation de la voirie (300 000 €). Sont également inscrits au budget les « restes à réaliser » des chantiers terminés : la gare (450 000 €) et le cinéma (1,39 M€). 950 000 € sont aussi prévus pour le nouveau terrain de foot synthétique.

 Dans les recettes d'investissement, la Ville envisage d'engranger 1,74 M€ grâce à différentes cessions, dont la vente à la Mutualité du bâtiment annexe du cinéma. En plus des différentes dotations, 2,13 M€ de subventions sont par ailleurs attendus, notamment pour les travaux précités.

 « Nous vivons peut-être un peu au-dessus de nos moyens », estime Marc Mertz, président de la commission des finances, à l'issue de l'exposé de Pascal Jan. « En 2008, la hausse des impôts (+ 24%) était indispensable, poursuit-il. Aujourd'hui, il faut que les économies dégagées soient suffisantes pour alimenter notre section d'investissement, sinon, nous aurons recours à l'emprunt ; et l'emprunt, c'est l'impôt de demain ».

« Moi aussi j'aimerais prendre des cours de prestidigitation budgétaire ! »

 Le chef de l'opposition Thierry Carbiener commente ensuite ce budget. Il est d'accord sur certaines choses mais s'interroge notamment sur « la pertinence des contrats Passerelle » et insiste « sur le rôle de Saverne en tant que ville moyenne, qui doit continuer à investir pour être moteur du territoire ». Se réjouissant de la vente du bâtiment annexe du cinéma, il estime, provoquant les ricanements d'une partie des élus de la majorité, que cela « montre les très bonnes finances de ce dossier » lancé lors de son mandat.

 Thierry Carbiener se demande aussi pourquoi seulement 300 000 €, et non 500 000 € comme annoncé, sont prévus pour rénover la voirie. Surtout, « dans l'intérêt général et dans l'intérêt des plus faibles de notre ville », il demande de revenir sur la hausse des impôts de 2008 : « Nous devons nous affranchir de ces 24% ».

 L'élu Vincent Clausse lui répond. « Il est toujours extrêmement facile quand on est dans l'opposition de faire des propositions démagogiques. Je ne vois pas comment en augmentant les dépenses (...) on pourrait faire le tour de force technique et budgétaire de baisser les impôts. Moi aussi j'aimerais prendre des cours de prestidigitation budgétaire ! Ça me laisse pantois et sans voix... »

 Vincent Clausse a toutefois retrouvé sa voix au moment du vote, approuvant comme l'ensemble de la majorité le budget présenté. Sans surprise, l'opposition a voté contre.

Julien Eynard

DNA Édition du Ven 16 avril 2010