L’horoscope de la femme taureau

Publié le 19 avril 2010 par Nicolas Esse @nicolasesse

Tu es née entre le 21 avril et le 21 mai. Tu connais le proverbe : « En avril ne te découvre pas d’un fil, en mai fais ce qu’il te plait. »
Debout devant ta penderie, tu contemples ce dilemme. Un œil tourné vers le passé et les habits d’hiver. Un œil tourné vers le futur et les habits d’été. Et ça, ma grande, ça s’appelle le strabisme, « une disposition vicieuse des yeux, qui ne leur permet pas d’être dirigés en même temps sur le même objet » selon Wikipedia qui voit le vice jusqu’au fond des yeux.

Alors, tu restes plantée devant ta penderie, affligée d’un strabisme consternant. Jupe ou jupon ? Robe ou pantalon ? Guêpière ou porte-balcon ? Pardessus ou vison ? Deauville ou Barbizon ? S’habiller ou se déshabiller. En toi, le taureau se tâte. Il regarde les jolies petites fesses dorées du toréador.  Il regarde cette belle gueule de toy boy hispanique. Il hésite. La tête ou les fesses ? Il ne sait pas où donner de la corne. De guerre lasse, il se rue sans discernement sur un carré de tissu rouge alors qu’il ne voit même pas les couleurs, ce con. Car en plus d’être daltonien, noir et incapable d’élire l’objet de son désir, le taureau est très con. Il fonce dans le drapeau rouge pour exprimer sa frustration, sa rage de ne pouvoir choisir entre la fesse et la tête. Résultat, le taureau se fait planter.

Il en va de même chez la femme taureau. Elle se fait planter devant sa penderie en attendant la fin du mois. Offerts sans défense aux caprices d’avril, ses soupirants se lassent, ils bayent aux corneilles. Ils regardent le ciel changeant et essuient les averses en attendant de la voir paraître à son balcon. Hélas, trois fois hélas. Perdue entre la fin de l’hiver et le printemps qui arrive, la femme taureau ne se montre toujours pas. Avril passe et voici le joli mois de mai. La femme taureau se découvre enfin. Elle écarte les battants de la fenêtre et penche son balcon pour découvrir la longue procession de ses soupirants hâves et mal rasés.

Elle ne voit qu’une cour déserte et balayée par un vent parfumé. La femme taureau frissonne. Elle referme la fenêtre.
Elle remet ses habits d’hiver.