Aujourd’hui, c’est billet « froid » pour reprendre des termes journalistiques : pas d’actu précise mais j’aimerais vous faire découvrir un auteur de génie, péruvien naturalisé espagnol, Mario Vargas Llosa. Au-delà de nous faire sentir comme « le ver de terre amoureux d’une étoile », ces oeuvres sont érudites, écrites à la perfection, drôles, profondes… Compte-rendu rapide de 4 romans majeurs.
- La tía Julia y el escribidor, 1977 (La tante Julia et le scribouillard, 1980)
On commence par du lourd, du Teflon massif : La Tante Julia et le scribouillard est une pure merveille littéraire.
Le roman alterne entre l’histoire d’amour entre Mario et Julia et des épisodes de novelas. Le lecteur lui-même se prend au jeu de ces simili- »Feux de l’Amour » et se retrouve pendu au livre pour entendre les suite des aventures des héros auxquels il s’attache tout autant qu’aux personnages du livre.
Sous la comédie, une véritable réflexion sur le métier d’écrivain, affres, doutes, victoires, sentiment de toute-puissance, et déchéance.
2. La guerra del fin del mundo, 1981 (La Guerre de la fin du monde, 1983)
Le livre traite de l’époque de la fin de la Monarchie et de l’avènement de la République brésilienne, et plus particulièrement d’un épisode sombre de l’histoire du pays (véridique sur le fond mais embelli par l’auteur). Un prédicateur illuminé, Antonio le Conseiller, sillonne le territoire de Bahia tel Jésus sur la terre promise. Nombreux sont les paysans qui abandonnent le peu qu’ils ont pour grossir les rangs de ceux qui marchent avec le Conseiller. Après un temps, las d’être apatrides, ils finissent par créer une contre-société dans le village de Canudos. Leur ordre moral refuse le mariage civil, la monnaie républicaine, le recensement. Il est entièrement tourné vers le culte « du Bon Jésus » et la lutte contre « le Chien » représenté par l’athéisme, la nouvelle société, l’abandon de Dieu.
L’écriture est toujours aussi précise, les paysages sont vivants mais j’ai moins accroché à cette histoire qui met plus de temps à décoller. L’évolution des personnages est très limitée, ce qui donne parfois l’impression de tourner en rond, un peu à la manière des Cent ans de solitude de Garcia Marquez (si vous ne l’avez pas vu, COUREZ).
3. El paraíso en la otra esquina, 2003 (Le Paradis – un peu plus loin, 2003)
Ce roman alterne l’histoire de 2 personnages hauts en couleur, insoumis, libres :
- Flora Tristan, née en France en 1803 d’un père péruvien, dont l’histoire nous fait pénétrer dans les méandres de la révolution industrielle. Après un voyage au Pérou sur la trace de ses origines, elle retourne en France avec l’ambition d’organiser les ouvriers. Elle rêve de la création d’une union ouvrière et fonde les aspirations d’une révolution féministe et pacifique.
- Paul Gauguin, son petit-fils, abandonne femme et enfants pour se faire impressionniste en Polynésie, où il est surnommé Koké. Il prend le parti des populations locales face au colonialisme, et peint des œuvres d’art qui le rapproche de la Vérité.
Je ne vous dis pas l’expérience de lecture : on apprend des choses passionnantes, on voyage entre la révolution industrielle et l’histoire de l’art, les usines et la Polynésie. Et on s’attache follement à ces personnages, qui chacun à leur façon, cherchent leur paradis dont l’entrée est toujours un peu plus loin.
4. Travesuras de la niña mala, 2006 (Tours et détours de la vilaine fille, 2006)
Et vous, en avez-vous lu d’autres de Vargas Llosa que vous me conseillerez ? Quel est l’auteur qui vous fait complètement voyager aussi ?