France 2 gracie Guillaume Seznec. Intéressante soirée pro...

Publié le 23 avril 2010 par Joverges
France 2 gracie Guillaume Seznec.
Intéressante soirée proposée par France 2 ce 20 avril sur une idée originale de Robert Hossein, la reconstitution du procès Seznec.
Intéressante soirée en vérité qui aura eu le mérite d'éclairer un peu plus les téléspectateurs sur cette mystérieuse affaire qui depuis presque un siècle ne cesse de nourrir la chronique.
Intéressante soirée aussi qui nous a offert en vrai direct une véritable pièce de théâtre, adroitement mise en scène et interprétée par des acteurs de talent.
Mais au-delà de ça, quel véritable apport à la vérité, à la justice et à l'histoire ?
Dès le sous-titre de la pièce, "un procès impitoyable" on sent déjà un parti pris en faveur de Guillaume Seznec qui est déjà présenté comme victime de l'extrême rigueur des juges. Puis dans les propos introductifs de Robert Hossein, dans les termes utilisés, on devine encore que la conviction de l'auteur penche en faveur de l'innocence. Enfin, dans le choix et dans le jeu des acteurs les choses vont dans le même sens. D'un côté des personnages, juges ou témoins, antipathiques, arrogants, suffisants et déterminés, de l'autre, un accusé pathétique de sincérité, des témoins touchants et surtout un avocat besogneux, sincère certes mais sans charisme et sans capacité à convaincre.
Que croyez-vous qu'il advint au bout d'une heure et demie de théâtre ? Un public et des téléspectateurs bien sûr quasi unanimes à plus de 90% pour l'innocence de Seznec.
Mais quelle signification donner à cela ? Les millions de téléspectateurs d'aujourd'hui ont-ils une plus grande aptitude à cerner la vérité au bout de 90 minutes de théâtre que les jurés de 1924 au bout de neuf jours de procès ? Certes la police a mal fait son travail à l'époque et l'instruction, c'est vrai, a été menée essentiellement à charge, un deuxième procès en appel aurait, de ce fait, été le bienvenu si la loi l'avait permis alors. Pour autant, je me souviens avoir été frappé, dans des lectures anciennes traitant de l'affaire, par la lourdeur des charges pesant sur Seznec. La défense soutenait alors que Pierre Quémeneur n'était pas mort et qu'il finirait par réapparaître un jour. Force est de constater que l'argument a aujourd'hui beaucoup perdu de sa pertinence.
Quoiqu'il en soit, Seznec a été condamné sur un faisceau de présomptions et le corps de la victime n'a jamais été retrouvé. Que conclurait aujourd'hui une cours d'assise ? Je l'ignore mais j'observe que la justice n'a jamais jugé utile jusqu'à maintenant de rouvrir le dossier malgré les actions opiniâtres et dignes des descendants de l'accusé. Pour ma part, j'admettrai avec modestie que la cour de révision et les jurés de l'époque ont disposé d'un volume d'informations sans commune mesure avec ce qui peut ressortir d'une émission de télé.
Sans douter de la sincérité de quiconque, il restera de cette soirée de France 2 que plus de 90% de français incomplètement informés douteront un peu plus de notre justice et de sa capacité à se remettre en cause, elle, qui après l'affaire d'Outreau n'avait pas besoin de ça,