Top14 : L’heure des bilans.

Publié le 26 avril 2010 par Lben

Chronique du lundi 26 avril 2010.

La saison régulière s’est terminée ce samedi et c’est maintenant l’heure des bilans voire, malheureusement, des dépôts de bilan, pour la majorité des clubs en attendant le ou les grands gagnants de la saison avec la désignation du champion de France et pourquoi pas, du champion d’Europe. En tout cas, une chose est sûre, cette saison aura marqué un tournant dans l’ordre établi du rugby français et, après la prise de pouvoir de Perpignan en 2009, il se peut que les anciens champions de France, je pense principalement à Biarritz et au Stade Français, ne revoient pas le Bouclier de Brennus de sitôt…

Les grands vainqueurs de la saison : Toulon et Racing-Métro, le retour du vintage !

Quoi qu’il arrive jusqu’à la finale, Le Racing -Métro et Toulon ont réussi à se qualifier pour la HCup et, dans un souci de pérenniser leur niveau de performance, c’est cela qui compte le plus. En effet, la dimension Européenne doit permettre à ces 2 équipes de progresser en termes de niveau de jeu et d’expérience. Bien sûr, cela oblige à posséder un effectif de qualité et de quantité de manière à ne pas subir le contre-coup du fait d’être engagé dans 2 compétitions de haut niveau en même temps mais on peut être rassuré de ce côté-là vu les finances Parisienne et la détermination Boudjellalienne en terme de recrutement. La HCup est, pour ces 2 clubs, la garantie de recettes supplémentaires et donc la possibilité de recruter plus de manière à se donner un effectif hautement concurrentiel.

En ce qui concerne le déroulé de la saison, tout n’a pas été simple pour Philippe St André et Pierre Berbizier mais les 2 techniciens, à partir, c’est vrai, d’effectifs largement au-dessus de la moyenne, ont réussi à rendre leur équipe compétitive. Pour Toulon, la difficulté a longtemps résulté dans le fait de pouvoir trouver la bonne formule dans une ligne de trois-quarts où les blessures et le jeu au pied de Johnny Wilkinson ne permettaient pas d’avoir de certitudes, le jeu de l’équipe s’appuyant en début de saison uniquement sur le joyau que représente la paire Van Niekerk, Fernandez Lobbe complétée soit par El Abd soit par Missoup. Les retours de Frédérico Contempomi et de Sonny Bill Williams en 2010 ont apporté un indéniable plus avec la montée en puissance de Kefu au centre et de Lovobalavu à l’aile. Toulon est déjà en demi-finale et son adversaire que ce soit un Clermont pas aussi souverain cette saison ou le Racing-Métro devra sacrement se méfier d’une équipe dont le capital confiance est maintenant à bloc.

Le Racing-Métro a réussi son pari. Non seulement se maintenir en Top14 mais, en plus, brûler les étapes en finissant dans les 6 premiers. Est-ce que les joueurs seront motivés pour réussir l’exploit en terre Auvergnate et certains ne se projetteront pas déjà vers leurs équipes nationales ? C’est tout le challenge que se doit de relever Pierre Berbizier qui devra leur expliquer que la dynamique dans laquelle ils sont est suffisamment rare pour ne pas être galvaudée car, qui sait ce que seront les résultats les prochaines saisons ??? En tout cas, la progression cette saison a été remarquable entre les premiers mois où l’équipe n’avait qu’une conquête correcte et une organisation défensive difficile à transpercer et les changements intervenus en cours de route avec, notamment, la valeur ajoutée apportée par la charnière Lorée – Wisnieski et l’arrivée de François Steyn. Sans que tout ne soit parfait en termes d’animations offensive, loin de là, le Racing-Métro s’est alors doté d’une capacité à jouer en contre qui a permis à Bobo d’avoir le minimum de ballons exploitables par sa vitesse. Pendant ce temps, les avants Franciliens ont opéré une surprenante montée en puissance : ils étaient difficile à manoeuvrer en début de saison, ils ont maintenant atteint une densité physique qui les rend presque invincibles. Seuls les packs de Perpignan lorsque Tuilagi joue et de Clermont avec Cudmore et Zirakaschvili peuvent rivaliser en puissance pure, c’est dire…

Autre vainqueur psychologique de la saison, le club de Castres qui, avec l’arrivée du duo Travers – Labit s’est, semble t’il, offert une stabilité qui lui fait défaut depuis une bonne vingtaine d’années. Même si le bon parcours tout au long de la saison ne devrait pas se traduire dans les faits pendant la phase finale, cette équipe a montré du talent et elle se doit de passer un cap la saison prochaine.

Les grands perdants de la saison : La liste est longue !

Ce n’est pas surprenant d’avoir une aussi longue liste d’équipes qui ont raté leurs objectifs quand on replace le Top14 dans un contexte économique d’ensemble. En effet, le contexte extérieur a beaucoup pesé, ne serais-ce que en termes de limitation du recrutement et d’ambiance dans le club. Vu le contexte, les joueurs de Bourgoin et même de Montauban devraient se retrouver dans la catégorie des vainqueurs mais ces 2 clubs, dans leur ensemble, sont, de manière logique, dans la rubrique des grands perdants. Les Berjalliens pour ne pas avoir réussi la fusion Lyonnaise qui s’est plusieurs fois présentée n’ont pas d’avenir au plus haut niveau et c’est dommage pour un groupe de joueurs qui, depuis 15 ans, a toujours révélé de beaux talents. Pour Montauban, c’est difficile d’exister au portes de Toulouse et de trouver des ressources économiques qui le permettent. Il est malheureusement pour ce club, difficile d’imaginer qu’il ne soit pas rétrogradé en ProD2 non seulement par sa situation financière mais surtout pour la manière dont les comptes ont été maquillés.

Les véritables perdants de la saison sont, bien sûr, Biarritz et Le Stade Français. Je vais arrêter de tirer sur les ambulances d’autant plus que, que ce soit moi ou un autre qui le fasse, cela ne changera pas le comportement des présidents respectifs de ces 2 clubs. Biarritz va peut-être sauver sa saison soit en remportant la HCup ( je n’y crois pas ) soit en se qualifiant pour la HCup grâce aux résultats de Toulouse ou Toulon ( j’y crois un peu plus ), ce qui ne fera que conforter Serge Blanco dans ses non choix…

Autre grand perdant de la saison, le deuxième club Basque, l’Aviron Bayonnais. Après avoir raté la HCup la saison précédente pour un refus de taper une pénalité qui aurait rapporté le point de bonus défensif qui aurait permis de dépasser Brive, les Basques finissent 13ième d’une saison complètement ratée qui aura vu le remplacement de Richard Dourthe par personne puis, vu l’état de délabrement de l’équipe, par Christian Gajan qui a réussi à redonner un peu de rugby aux joueurs, mais pas suffisamment de victoires pour assurer le maintien sur le terrain. 6 ans après leur retour dans l’Elite, les Bayonnais sont à la croisée des chemins. Même si Montauban est relégué, quel est l’avenir de ce club qui doit, lui aussi, sacrement se remettre en cause pour se donner un futur ?

Autre perdant de la saison, le club de Montpellier qui, depuis le départ de Didier Nourault, n’arrête pas de régresser. Malgré un stade et une ville au potentiel économique intéressants, le club semble souffrir aussi bien sur le terrain que financièrement. Il serait temps, là aussi, de mettre de l’ordre dans la maison Héraultaise pour tenter de redonner un futur à un club qui de par sa situation géographique doit être un point d’encrage du rugby professionnel français…

Conclusion : Un gagnant et un perdant de plus sont annoncés !

Avec les derniers matchs, les désillusions sont encore possible. Côté Perpignan et Clermont l’attente est bien sûr, importante. Les Catalans doivent renouveler l’exploit et conserver le titre, sinon la déception sera grande côté Catalan. Pour Clermont, c’est toujours la même histoire. Et là, je suis plutôt inquiet. Je ne trouve pas les Auvergnats aussi dominateurs cette saison que les précédentes. Ils peuvent offrir un rugby de très haut niveau mais cela passe par un certain nombre de conditions en même temps : domination physique des avants, charnière au meilleur de son rugby et ligne de trois-quarts qui retrouverait une créativité que j’ai trouvé perdue cette saison. Et si l’on ajoute le fait que les Clermontois, en se retrouvant en barrage contre le Racing-Métro, ont maintenant le parcours le plus difficile,  j’ai, du coup, malheureusement l’impression que c’est, cette fois, avant la finale que la déception pourrait à nouveau marquer la place de Jaude…