Aniki, mon frère : Un yakuza à L.A. [Rétro Takeshi Kitano, l'iconoclaste]

Publié le 28 avril 2010 par Diana
Takeshi Kitano débarque aux Etats-Unis. Pas pour faire du tourisme cela va de soit mais pour mettre en scène Aniki, mon frère / Brother (2000) où il y interprète un yakuza comme il sait si bien le faire.
Los Angeles, Aniki Yamamoto, un yakuza rescapé d’une guerre de clan débarque de Tokyo. Pour échapper à un contrat qui court sur lui, il retrouve son demi frère, Ken devenu petit dealer. Très vite, Aniki forme son propre clan composés de japonais, d’afro-américain et d’hispanique sur les règles qui régissent les yakuzas…
Aniki, mon frère est une co-production entre les Etats-Unis et le Japon. L’alliance Tokyo-Los Angeles marche-t-elle ? Il en ressort un goût âpre. Une saveur particulière. C’est du Kitano auquel on a droit. Il n’y a pas de doute. On y retrouve une œuvre à la fois drôle et émouvante mais aussi l’aspect posé de la mise en scène. La violence y est présente, une violence tout de même plus rude. Des caractéristiques propres au cinéma de Takeshi Kitano. Une marque de fabrique en somme. Mais qu’est-ce qu’il semble clocher alors que le film ne pose pas de problème en soit ? Le dépaysement ? Son côté trop américain ? Sa mixité des origines dans le clan que le personnage de Kitano forme ?
Le sentiment qui nous parcourt avec Aniki, mon frère c’est qu’il transpire un cinéma qui se reproduit à l’infini. Takeshi Kitano ne semble pas s’embêter à réaliser quelque chose de nouveau. Il pioche parmi sa filmographie antérieure et y dispatche des éléments qui faisaient son cinéma. Ce sentiment c’est de se dire que fort d’une bonne réputation acquise avec les années, Takeshi Kitano s’attaquait au marché états-uniens. L’appel du grand large, des sirènes américaines comme d’autre avant lui. Il y débarque avec son savoir-faire, sa touche. Il livre un film de Kitano sans se fouler, un peu facile, pas toujours original. Pourtant, Takeshi Kitano reste fidèle à lui-même ou presque. Des petites choses énervent qui n’énervaient pas avant. Je pense notamment aux transitions entre les scènes qui donne un aspect bâclé.
L’identité Kitano est dans Aniki, mon frère sans qu’elle y soit (j’avoue cette phrase laisse à désirer). Pas que le film n’ait pas son âme de cinéaste mais il y manque une aura. Ce petit quelque chose. Il n’y a pas la poésie qui régnait dans certains de ses longs, on ne sent pas d’osmose entre les acteurs (des différentes nationalités) bien qu’il est plaisant de revoir Ren Osugi, Susumu Terajima (la scène du basket-ball m’a bien fait rire) ou encore Ryo Ishibashi dont j’adore la tronche. Aniki, mon frère est un film qui divisera les amoureux du cinéma de Takeshi Kitano. En ça, il pourrait décevoir parce qu’inégale mais il reste tout de même un bon film de yakuza qui fera forcément penser à la référence Kinji Fukasaku.
> Rediffusion le samedi 12 juin, 20h30, cinéma 1
I.D.