Jeanne duval : la venus noire

Par Bernard Vassor

PAR BERNARD VASSOR

Sed non satiata

Bizarre déité, brune comme les nuits,
   Au parfum mélangé de musc et de havane,
   Œuvre de quelque obi, le Faust de la savane,
   Sorcière au flanc d'ébène, enfant des noirs minuits,
  
   Je préfère au constance, à l'opium, au nuits,
   L'élixir de ta bouche où l'amour se pavane ;
   Quand vers toi mes désirs partent en caravane,
   Tes yeux sont la citerne où boivent mes ennuis.
  
   Par ces deux grands yeux noirs, soupiraux de ton âme,
   Ô démon sans pitié ! Verse-moi moins de flamme ;
   Je ne suis pas le Styx pour t'embrasser neuf fois,
  
   Hélas ! Et je ne puis, mégère libertine,
   Pour briser ton courage et te mettre aux abois,
   Dans l'enfer de ton lit devenir Proserpine 

Ce portrait a été réalisé à l'encre et au crayon par Baudelaire.  jeanne Duval, que Charles Baudelaire avait rencontrée pour la première fois en 1843, en revenant de l'île de la Réunion. Elle fut la première et la plus grande inspiratrice du poète, qui, après des hauts et des bas, la soutint materiellementjusqu'en 1864. La maîtresse de Baudelaire, par Manet ..................... A suivre